Le cinéma thaïlandais se porte bien : « Comment devenir riche grâce à sa grand-mère »
par Alain Roumestand
mardi 22 avril 2025
Le cinéma thaïlandais est peu connu en France. A découvrir en ce moment un film qui a fait un tabac en Asie, en Australie.
"Rire et pleurer", rares sont les films qui réussissent à toucher le public dans ces 2 registres si différents.
Une grand-mère atteinte d'un cancer. Un petit-fils qui au départ est prêt à tout pour toucher sa part d'héritage. Il est prévenant, attentif à cette grand-mère qui peut se révéler financièrement intéressante.
Il va très vite apprendre à connaitre cette vieille femme, si attachante, si rassurante, si exemplaire. Une scène vous bouleversera : le petit-fils et sa grand-mère qui cheminent main dans la main, en accord parfait.
Le réalisateur s'intéresse tout particulièrement aux relations entre les générations. Pat Boonnitipat a largement utilisé son expérience familiale pour ce premier long métrage totalement abouti, sur un très réussi scénario de Tosa Pong.
La viralité de Tik-Tok a permis de créer un "bouche à oreille" phénoménal qui a propulsé le film au box-office. Des milliers de followers qui ont vu le film, se sont reconnus et ont partagé leurs souvenirs, leurs émotions avec leurs grands-parents. Touchés par le talent confondant des deux comédiens principaux, si vrais.
Putthipong Assaratanakul, le petit-fils, est déjà une star dans son pays. Usha SeamKhum, Amah la grand-mère, est, quant à elle, débutante au cinéma, mais elle crève l'écran pour cette première apparition. Spontanéité totale qui frappe au plus profond le spectateur, entre autre scène le traitement médical contre son cancer.
En Thaïlande les grands-mères ont un rôle essentiel, car elles s'occupent des petits-enfants quand les parents travaillent. Et naturellement ces petits-enfants sont impactés dans leur développement par cette assistance des plus âgés.
Cependant pas de vision idyllique du lien entre les générations, ni dans la réalité, ni dans le film. Le réalisateur montre avec talent les tensions liées à l'héritage à venir quand la grand-mère sera décédée. Même si cela ne se fait pas de parler ouvertement d'argent. La solitude des personnes âgées est palpable sur l'écran de Boonnitipat. Alors que dans le pays, beaucoup de familles vivent sous le même toit, enfants, parents, grands-parents, voire arrière grands-parents. Avec une cohabitation pas évidente et hasardeuse.
Le spectateur vit tous les moments de la vie en famille, les réunions familiales, les repas traditionnels, les déjeuners de fin de semaine. La famille thaïlandaise que nous visitons, d'origine chinoise, nous invite presque à sa table. On se prendrait presque au jeu de poser des questions à table sur la vie personnelle et professionnelle des différents participants. Les vieux critiquant les jeunes, et les jeunes ne les comprenant pas.
Certes les relations familiales ne sont pas identiques en France et en Thaïlande, en Europe et en Asie, mais le public français va se retrouver totalement dans la famille XXL qui lui est présentée. Bonheur quotidien recherché, réussite de chacun dans sa vie, bienveillance envers les plus âgés, mais aussi appât du gain, rivalités familiales, disputes, peuvent se partager de l'est à l'ouest.
Nous faisons tous partie d'un monde, du monde. Et la scène finale du film nous va droit au coeur, avec la grand-mère morte, dans son cercueil que l'on conduit au cimetière, avec son petit-fils qui tape à chaque intersection sur le beau cercueil en bois ouvragé et crie à voix haute l'itinéraire suivi pour ce dernier voyage.