Porte à faux

par olivier cabanel
lundi 15 mai 2023

Le faux est à la mode, mais ce n’est pas une nouveauté, Brassens nous avait déjà gâté avec son « histoire de faussaire », une chanson délicieuse…

Plagiats, copies, tricheries, arnaques, le monde des faux jetons ne s’est jamais porté si bien…généralement, ça relève de la tromperie, et c’est considéré plutôt négativement, mais pas toujours comme on va le voir…

d’ailleurs en Chine, le plagiat n’a pas une connotation négative, et il existe dans ce pays une croyance traditionnelle selon laquelle, il n’y a rien d’original à inventer, car ils pensent que dans les cultures millénaires, tout a déjà été dit, porté par le concept « qu’il vaut mieux reprendre ce que les aînés ont écrit  ».

Du coup, pour eux, c’est honorer ses professeurs que de reproduire intégralement, sans pour autant les citer, ce qu’ils ont trouvé. lien

En musique, les cas de plagiat se multiplient et la liste serait trop longue à publier…

Contentons-nous de relever les plus surprenants, parfois mal connus.

Par exemple qui se serait douté que la « Maritza  » chère à Sylvie Vartan est pompée deux fois, une fois pour le couplet, et une autre fois pour le refrain ?

Elle copie sans complexe les «  feuilles mortes » de Kosma dans le refrain... quant au couplet il a été piqué sur la chanson de Juliette Greco « la femme », comme on peut le découvrir ici.

On peut aussi s’interroger sur la mélodie du grand classique du jazz, st james infirmary en le comparant avec la maison près de la fontaine de Nino Ferrer.

Et quid du « petit papa noël » de Tino Rossi, à mettre en parallèle avec notre marseillaise ?

En tendant un peu l’oreille, les similitudes sont évidentes, et j’en avais fait part à Serge Llado, chroniqueur alors à France Inter, lequel animait une émission sur le sujet des « airs qui se ressemble », dans l’émission de Laurent Ruquier « rien à cirer »... il m’appela pour dire la surprise qu’il avait eu en découvrant les similitudes entre les deux morceaux, et passa le tout à l’antenne.

Finissons par la cocasse aventure de l’étoile des neiges, avec son « coeur amoureux », que Patrice Leconte voulait utiliser dans son film « les bronzés font du ski », et qui, devant les exigences financières des ayant-droit, se lança dans un plagiat habile sur l’air de « quand te reverrais-je ? ». lien

Restons dans le cinéma...

il y a aussi « les remaques », comme « les 7 samouraïs  » du grand Kurosawa de 1954 devenus 6 ans plus tard « les 7 mercenaires » sous la houlette de John Sturges. lien

Ne faisons pas l’impasse sur d’autres plagiats célèbres, quand Gad Elmaleh copie sans complexes George Carlin, ou sur le grand Chaplin qui semble bien s’être inspiré de «  la romance de Paris » de notre fou chantant. lien

Certains pris le doigt dans le pot de confiture ont trouvé la parade : ils affirment : « ce n’est pas un plagiat, c’est juste un hommage »...on ne demande qu’à les croire. lien

N’oublions pas PPDA qui, lors d’un bidonnage d’émission, s’est largement inspiré de la biographie de Peter Griffin pour produire un faux entretien avec Fidel Castro. Ça lui a coûté la prison avec sursis et 30 000 euros d’amende. Lien

Et si on parlait peinture ?

Ce n’est pas sans surprise que des peintres français ont découvert leurs œuvres copiées… et explosées en Bulgarie sous d’autres noms. lien

à ce sujet, je voudrais apporter un témoignage, celui d’un plagiat qui a eu d’étranges conséquences et dont j’ai été témoin.

Le petite ville de Morestel, en Nord Isère, avait décidé de se créer une image, et elle a choisi la peinture, en se faisant « la citée des peintres »... il faut préciser que quelques peintres régionaux l’avaient fréquenté. lien

Or, un original nommé Zato avait ouvert un magasin de fournitures pour peintres dans un village à proximité.

Il vendait entre autres des tableaux réalisés par des artistes chinois, des peintures à l’huile, réalisées dans le « style occidental »… vendus quelques francs…

Il faut savoir qu’en Chine, à Dafen, 8000 artistes produisent à la chaîne jusqu’à 5 millions de tableaux par an, ce qui représente 60 % des peintures à l’huile produites dans le monde. lien

Comme Morestel avait lancé un concours de peinture, animé par un «  jury professionnel  », il eut l’idée de faire un canular : il proposa à ce concours un de ces tableaux chinois, et mis sa signature à la place de celle du peintre…

Le canular dépassa ses prévisions car c’est son tableau qui écopa du Premier Prix…

De quoi douter de tous les jurys du monde, non ?

Et dans la mode ?

On sait depuis longtemps que la Chine est passée maître dans l’art de faire des faux sacs Hermès, et bien d’autres... mais voilà, les chasseurs de fraude s’étant multipliés, les fraudeurs ont si bien amélioré la qualité de leurs produits que la fraude devient quasi indiscernable.

Encore mieux, des anciens salariés d’Hermès, comme ils connaissaient tous les secrets de la fabrication, se sont lancé dans la production des fameux sacs... mal leur en a pris, ils ont été pris « la main dans le sac » et condamnés à la prison.

Faut reconnaître qu’à 45 000 le sac la tentation était forte. Lien

comme dit mon vieil ami africain : «  le mensonge donne des fleurs, mais pas de fruits ».

L’image illustrant l’article vient de voyage onirique

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

Articles anciens

copié collé

le plagiat ou la copie

les belles histoires de l’oncle Jules

Napoléon le menteur

1789, et si tout était à refaire

Le nez de Cléopâtre

Solitude au Panthéon

Henri IV l’envers du galant

Jeanne, une pucelle très convoitée

 


Lire l'article complet, et les commentaires