Anniversaire XXL ?

par L’enfoiré
jeudi 14 mai 2009

Le week-end du 9-10 mai était la fête chez nous à plus d’un titre. Fête de l’Iris de Bruxelles, fête de l’Europe. Mais, en définitive, fête en demi teinte. La crise a ses raisons, que la raison n’oublie jamais vraiment.

Oui, c’était la fête de l’Iris. Bruxelles fêtait les 20 ans de sa fête dans la région Bruxelles Capitale. Pris par le temps, on avait même oublié que c’était aussi ses 1030 ans d’existence. 
 
En 1979, Ella Fitzgerald, celle qui d’après la pub, cassait les verres de cristal avec sa voix, nous avait visité pour l’occasion. Du côté de l’Europe, rien de très particulier à part ses élections prochaines.
 
De la fête de l’Iris, j’en ai déjà parlé par deux fois. Les deux dernières années à la même époque avaient eu leurs moments de gloires. En 2007, par l"Europe irisée", c’était les 50 ans du Traité de Rome. En 2008, "Europe entre rêve et réalité", les caisses à savon. Allait-on vivre une fête XXL, une fête extraordinaire ?
La crise a probablement sapé beaucoup d’enthousiasme.
Les élections du 7 juin pour l’Europe, il fallait chercher très loin pour en avoir un écho. La campagne électorale est résolument en mode mineur. On tire à bout portant, donc rester dans l’ombre du chômage en hausse. On s’affiche mais en douceur. Certains numéros n’ont pas encore pris place sur les panneaux électoraux en local. Alors, pour l’Europe, c’est bien loin, même si on est compris dans le lot. 
 
Ici, en Belgique, les élections européennes, on fait d’une pierre deux coups. On y associe les élections régionales. Economie d’énergie prévue depuis longtemps.
Rentabilité ou maquillage de ce qui gène ou de ce qui ennuie ? Qui trop embrasse mal étreint, dit-on. Quand on double-mandate des élus pour des raisons de rationalité, pourquoi pas ? Des promesses en mode "alto ma non troppo". Les uns utilisent les méthodes de l’autres, seuls les slogans du 1er mai avaient des relents d’un passé énergique. Mélange de couleurs en macédoine de fruits.
C’est donc pour vivre heureux, vivons caché, comme pour les virus. Gesticulations, mais déficits sur toute la ligne de crédits. L’actif de son parti perd la prépondérance pour ne s’intéresser qu’au négatif de l’autre. Vite les idées neuves avec du contenu réel. A chacun son bout de tunnel, question de batterie et de santé de la demande d’énergie.
 
Cette fête de l’iris allait être différente ? Elle avait aussi son site. Tout était en place pour attirer. Tout devait passer ou casser.
 
Je me suis, comme d’habitude, mis en patrouille à vélo pour un reportage avec les yeux un peu partout, sans complaisances.
En chasse, donc. Aux photos et aux textes interprétants les espaces temps pour immortaliser ce qui peut l’être.
 
 
 
 
Samedi.
 
 
Départ le matin et inscriptions à la Promenade verte dans le parc de Wolluwe qui s’offre une belle journée de printemps. Les arbres arborent les plus belles couleurs tendres charmées par les fleurs aux couleurs vives.
Les 63 kms autour de Bruxelles à vélo. Je n’y participerai pas. Elle est prévue pour l’après-midi.
 
Mais, ce matin, on offre des croissants, des brunchs, même, aux participants et cela naturellement attire les regards et les convoitises. N’ai-je pas dit que c’était la crise ?
 
Une récolte de documentation du style "opération dring dring". Et, oui, je ne vous ai pas dit : la semaine suivante, on espère avoir de nouveaux adeptes de la petite reine pour aller au bureau.
Les pistes cyclables vont offrir ces kilomètres de fromage de gruyère par ses trous béants.
 
Après cette mise en jambe, un crochet vers le Musée du Tram où l’on s’affaire pour faire sortir les vieux trams bruxellois. Rien n’y manque. Les pièces de monnaies dans la besace datent même du début des années 1900. Mais pas un euro, en vue.
 
Remontée de l’Avenue de Tervuren, passage du Cinquantenaire et arrivée dans le vif du sujet : le Berlaimont et la fête de l’Europe.
 
Un orchestre entraînant de la belle époque pour attirer les passants, des gymnastes, des équilibristes et une journée porte ouverte dans l’hémicycle, dans le saint du saint, le Berlaimont et ce qui constitue cette Communauté Européenne.
 
Continuons. La rue de la Loi et voilà, déjà la Grand Place, qui va nous montrer la plus grande planche de BD du monde. Hergé aurait-il approuvé ? Nul n’ose l’imaginer. La lune n’est plus ce qu’elle était. La publicité non plus.
 
Le soir, dans la Galerie de la Reine, le Vaudeville invite les gens de biens.
 
A 21 heures, Salvatore Adamo avec le Bal des Gens Biens. Non peut-être. Il y en a beaucoup à Bruxelles de ces Gens Biens, non ? Sa chanson sur Bruxelles m’était même inconnue. Pour toi, le zinneke, c’était impardonnable, mais je l’ai enregistrée. 
 
Le feu d’artifice terminait la journée.
 
 
 
 
Dimanche
 
 
Retour dans le centre, dès le matin. La ville avait décidé de boucler ses entrées le dimanche pour faire obstacle aux voitures.
Tout le monde à vélo, cette fois. Sur la place royale, un homme orchestre d’un âge certain s’occupe de donner l’ambiance avec une musique d’antan. Polyglotte, le monsieur. Pas beaucoup de monde qui s’y arrête et apprécier les chansons à sa juste valeur. Mais il continue, imperturbable, en se foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes.
 
Plus bas, on jouit du bon temps. Air du temps, ce ne sont plus des bancs publics. Les transats ont été installés au milieu de la rue, pour donner l’impression de vacances.
 
Mais, on se prépare à la musique. Les enfants ne sont pas en reste les pieds dans l’eau de la fontaine. Eux, au moins, participent. Une table géante (1,2 km) a été dressée. La convivialité, le maître mot. La cuisine, le maître ventre. La fête de l’Iris a battu tous les records de participation.
 
Mais je m’en voudrais de ne prendre qu’un seul avis. Celui-ci, je l’ai puisé chez un autre Bruxellois que je ne connais pas :
 
"20 ans, ça se fête dans la bonne humeur et avec l’assurance d’un avenir radieux. Chouette concert d’Adamo samedi soir juste avant le feu d’artifice et aussi de Arid ce dimanche soir, après une prestation pleine de glamour de Starving. Et hier, fête de l’Europe avec journée porte ouverte du parlement et de la Commission. A 18hr, la leçon de cinéma de Philippe Reynaert avec comme invité d’honneur Costa Gavras. Etaient aussi présents Jaco Vandermaele et un des frères Dardenne. Quel week-end avec un temps agréable. La région de Bruxelles, c’est sympa et il y fait bon vivre. On espère sincèrement que les Wallons, présents eux à la cérémonie officielle pour les 20 ans de la région de Bruxelles, comprendront l’intérêt qu’ils ont à collaborer avec notre région. Les flamands ne nous ont même pas fait l’honneur de leur présence. Dommage pour eux."
 
 
 
Anniversaire plutôt du type "XL", donc. Pas de taille "XXL", mais "XL" simplement. N’est-ce pas, d’ailleurs, les dernières lettres du diminutif "Bxl" ?
 
Madeleine n’est, donc, toujours pas venue. Les frites de chez Eugène sont chez ses enfants d’Eugène. Les lilas sont toujours là.
 
Alors, était-ce toujours trop tard pour le tram 33 ?
Etait-il seulement prévu qu’elle vienne, cette putain de Madeleine ?
 
Mais, civilisation de l’image, vous êtes pressés de voir tout cela en images.
 
Alors, c’est par ici. Suivez le guide. 
 
 
L’Enfoiré,
 
 
 
Citations :
 
 
  • « Fêtes nationales ?... Fêtes religieuses ?... Le peuple n’est pas toujours tellement regardant, quant à l’origine de ses joies. Pourvu qu’il s’amuse, il n’en demande pas davantage. », Francis Blanche
  • « La Fête de la musique, c’est la fête des gens qui ne foutent rien le lendemain ! », Laurent Ruquier
  • « La vie n’est ni un spectacle ni une fête ; c’est une situation difficile. », George Santayana

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