Environnement : le débat est déjà impossible
par Martin Masse
mercredi 11 janvier 2006
C’est drôle, mais lorsque j’étais plus jeune, mon professeur de physique ne cessait de me répéter que l’histoire des progrès de la science est si abondamment chargée d’interprétations autrefois tenues pour vérités que les intellectuels ont le devoir de se remettre constamment en question, en explorant l’autre côté de la médaille. Encore faut-il laisser la place à ceux qui appliquent ce doute méthodique. Est-ce le cas, lorsque nous parlons d’environnement au Québec ? Pas du tout, car nous sommes à l’heure de la prédestination, sorte de doctrine fataliste qui pose que certains événements se produiront inévitablement.
Lors de la grande conférence de Montréal sur l’environnement, le discours dominant était celui du protocole de Kyoto, de la nécessité pour les pays de s’entendre sur un programme de sauvetage de la planète. Certains vont me dire que ce genre d’événement est très sain, puisqu’il donne l’opportunité à différents acteurs d’échanger des idées afin de trouver des pistes de solution. En fait, cette rencontre était plutôt réservée à ceux qui adhèrent sans broncher à l’idée qu’il existe bel et bien un réchauffement climatique. Mais que faites-vous de ceux qui véhiculent une idée contraire à cette thèse ? N’ont-ils pas le droit de parole au même titre que les autres ? La réponse est non. Il existe même une véritable censure mise en place par l’État, qui distribue ses subventions aux hommes de science en fonction de ses propres intérêts. Faut-il être surpris si tous ceux qui profitent de cette manne en viennent à faire preuve de discrimination envers leurs collègues récalcitrants ?
Parlez-en à Claude Genest, géographe à l’Université du Québec à Trois-Rivières, et à son équipe de climatologues qui, en utilisant les données de l’Organisation mondiale de la météorologie, en sont arrivés à la conclusion que notre planète se dirige tout droit vers une nouvelle ère glaciaire, mais que l’effet de serre ralentirait ce phénomène. Depuis plusieurs années, leurs travaux sont entièrement payés par leurs propres moyens, puisqu’ils n’ont accès à aucune autre source de financement (comparativement à leurs collègues qui parlent de grippe aviaire, ou encore de Sida, des sujets à la mode). Lors d’une conférence à Ottawa, en 1999, on leur a littéralement fermé la porte au nez, sous prétexte que les ateliers devaient traiter uniquement de réchauffement climatique. Pour contrer ce problème, M. Genest va même jusqu’à faire traduire sa recherche en anglais, afin de la faire publier en Allemagne. La copie sera refusée trois fois, et on va même jusqu’à demander une modification des données afin qu’elles reflètent davantage la tendance populaire... Même son de cloche en provenance de l’Association canadienne française pour l’avancement des sciences. Si ce genre de réponse est frustrant pour un chercheur, certains vont s’y complaire, et changer de position comme ils changent de chaussettes et cela, en fonction des politiques de l’heure. Tenez, au début des années 1990, un article annonçait que le nord du Québec se refroidissait. Deux ans plus tard, l’auteur de l’article affirmait totalement le contraire. Apparemment, il s’agit de science, non d’honnêteté intellectuelle.
L’équipe de M. Genest souhaite présenter les résultats de ses recherches et donner l’opportunité à d’autres de reprendre ses calculs afin d’appliquer une règle fondamentale en science, la reproductibilité. En ce moment, on ne cherche même pas à les contredire, on les bâillonne ! Vous n’en n’avez pas marre de toute cette rectitude ? Moi si, et je refuse de participer à ce cirque médiatique dont nous sommes témoins en ce moment.