Profs épuisés et désabusés : l’espoir de la reconversion

par Marine CASSIN-MONTANA
samedi 10 septembre 2022

Quand les profs n'en peuvent plus, se pose alors la question de la reconversion.

Vouloir changer de voie est toujours délicat, mais quitter le métier de prof peut l’être davantage car il est exercé par vocation. Chaque année, de plus en plus de professeurs, qu’ils soient dans le primaire ou le secondaire, éprouvent une grande lassitude envers cette profession énergivore et ses injonctions. Déçus et épuisés, nombreux sont ceux qui quittent le navire écoeurés, mais soulagés de voir à nouveau l’horizon qui s’offre à eux.

 

L’Éducation Nationale ou la machine à broyer

L’enseignement, un métier difficile et mal payé, est souvent considéré comme une bonne planque. Tout le monde pense que lorsque l’on devient enseignant, c’est pour la vie. Celles et ceux qui souhaitent partir suscitent l’incompréhension et la stupeur. “Avec toutes ces vacances, tu ne veux quand même pas partir ? Et la sécurité de l’emploi ?” 

Ce que les gens ignorent, c’est que les profs sont soumis à une pression qui ne cesse d’augmenter. Ils sont infantilisés et ressentent une forte absence de confiance. Tout au long de sa vie professionnelle, un enseignant est soumis à des rendez-vous de carrière afin de passer à l’échelon suivant. On lui fait croire qu’en obtenant de bonnes appréciations, il sera éligible au grand choix afin de gravir plus vite les échelons et d’être mieux payé. Malheureusement, beaucoup voient leurs appréciations revues à la baisse dans le but de freiner l’augmentation du salaire. Salaire dont le point d’indice vient d’être dégelé après tant d’années à attendre. Décourageant n’est-ce pas ?

À cela s’ajoute le côté administratif de l’enseignement. L’ensemble des normes que les enseignants doivent respecter sont de plus en plus strictes et rigides. Accablés par la paperasse, ils doivent remplir toutes sortes de documents. Sans parler des innombrables protocoles des deux dernières années. Le temps passé face aux élèves est la partie émergée de l’iceberg. Derrière les heures de classe, il y a des heures de préparation, de correction, de rendez-vous avec les familles…

Les conditions de travail se dégradent, les possibilités de mutations sont extrêmement faibles et compliquées, le respect disparaît et la reconnaissance n’est qu’un lointain souvenir. Alors pourquoi y rester quand on peut s’épanouir ailleurs ?

La reconversion : la lumière au bout du tunnel 

Comme dit précédemment, le souhait de vouloir partir suscite des réactions et un certain jugement de l’entourage car non conscient de ce qu’est vraiment l’enseignement. Que ce soit avec ou sans le soutien de leurs proches, rapidement ou après de longs mois de réflexion, le nombre de professeurs qui décident de partir ne cesse d’augmenter. Se reconvertir pour reprendre sa vie en main n’est pas chose facile. Il est très fréquent que les enseignants ne connaissent pas leur “valeur” et qu’ils aient l’impression de ne savoir faire “que ça”. C’est une erreur ! Leurs compétences sont multiples : 

Avant de se lancer, certains font un bilan de compétences. D’autres prennent un temps partiel ou encore une disponibilité. Il est également possible de reprendre des études ou de faire une formation. 

Plutôt que d’attendre un possible burn-out, mieux vaut prendre les devants quand on sent que ce métier ne convient plus. Le champ des possibles est vaste et rien n’est fixé. Salariat privé, freelancing ou entreprenariat, beaucoup d’ex enseignants témoignent de leur réussite et de leur épanouissement depuis qu’ils sont partis.

 

Une chose est sûre, l’amélioration des conditions de travail des enseignants paraît bien incertaine voire utopique et l’Éducation Nationale regrettera probablement tous ces départs quand elle se rendra compte que son personnel qualifié et passionné s’est épanoui loin des bancs de l’école.


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