Arrivées Eva-naissantes, en direct de la gare Saint-Charles à Marseille...
par rosemar
samedi 24 août 2019
Un spectacle poético-chorégraphique, un spectacle loufoque, où sont évoqués de nombreux personnages qui se croisent dans une gare, un spectacle pour rire de notre société et de ses travers, un spectacle pour rêver, voilà de quoi séduire et enchanter tous les publics.
L'action se situe à Marseille, à la gare Saint-Charles....
Deux comédiens, une comédienne font vivre une galerie de personnages hauts en couleurs...Les dialogues sont ponctués par un percussionniste de talent qui nous berce d'une douce musique...
D'abord, est campé le personnage de la jeune fille qui angoisse de partir, de rater son train, d'être à la mauvaise place, la jeune fille qui rêve d'amour... la poésie est convoquée pour suggérer cette envie d'amour qui la submerge... "elle veut tomber amoureuse de l'amour, elle rêve d'un wagon d'amour..."
Puis, c'est un personnage avec des écouteurs sur les oreilles : il scrute la jeune fille en train de manger, image du désir amoureux...
Au rythme des percussions, la jeune femme se met à danser une chorégraphie emplie de charme et de sensualité, elle fait danser ses bras, s'enroule sur elle-même...
Cette danse se double d'une chorégraphie filmée en arrière plan...
Puis, un acteur joue le rôle d'une "professeuse violentée par le ministre", elle hurle, éructe contre le sort qu'elle subit, elle crie : "Je gueulante, j'en peux plus, c'en est fait, je me casse, je demande ma mut" (mutation)."
Ensuite, c'est la comédienne qui évoque une scène de révolte des femmes armées de leurs gilets roses... Elles veulent transformer la gare Saint-Charles en gare Sainte-Charlotte, féminiser tous les mots : "la traine pour le train, la wagone pour le wagon..."
Des personnages fugitifs sont esquissés : une vieille dame anglaise qui s'écrie à plusieurs reprises : "Et vive la France !", une jeune fille toujours en retard... et bien sûr elle a raté son train.
Avec l'accent, on entend aussi un retraité de la SNCF : "Ce mistral, putain, con, dis, qué mistral, fan de chiche, le mistral est toujours gagnant !"
Il raconte des blagues et termine son discours en disant : "Je prendrai bien un pastaga..."
L'occasion de savourer le bel accent de Marseille...
Un des acteurs imite alors le bruit d'un train, et il énumère toutes les stations autour de Marseille : "Aubagne, La Pomme, La Blancarde, Miramas etc."
Il déclare au passage : "Nous subissons un retard de 195 jours... veuillez nous excuser..."
On croise aussi le stéréotype sudiste, celui qui dit : "Putaing, fan de chichourle..."
Et, bien sûr, on écoute aussi la voix si douce, imperturbable de la SNCF... et tout d'un coup, la voix se transforme, elle éructe : "J'en peux plus, je voudrais inventer des phrases."
Enfin, le veilleur de nuit de la gare s'exprime : "Allez, on ferme, il faut partir maintenant, et vous aussi, Monsieur le Maire de Marseille, il faut partir..."
Ainsi, l'actualité apparaît constamment en arrière-plan du spectacle...
Les acteurs arrivent à restituer à merveille l'ambiance fébrile d'une gare, ses bruits, ses personnages...
Poésie, rire, tendresse, douleur, dérision, douceur, tous ces éléments se conjuguent dans ce spectacle original où se mêlent musique, danse, théâtre.
"Arrivées Eva-naissantes, sur un texte de Bruno Paternot. Les scènes se passent à la Gare St-Charles, arrivées et départs en tous genres. Les espoirs et les défaites, les fuites et les retrouvailles sont au centre de la mise en scène : une galerie de personnages dresse le tableau de la société en marche ou plutôt en mouvement du XXIe siècle. Parce qu'une gare est bien plus qu'un lieu où l’on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien, des gens qui vivent, y vivent et qui éructent. Dans une langue truculente et variée, la parole se libère pour révéler dans la joie et ʺl'allezgraisse ʺ le ʺrire-diculeʺ de notre vie."
Concert-spectacle interprété par Bruno PATERNOT, comédien, Aude COURTIEL, danseuse, comédienne et Tom GAREIL, percussionniste.
Ce Concert-spectacle EN CRÉATION a été présenté au Carré d'Art dans le cadre des Jeudis de Nîmes 2019.
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