Les enluminures des hiéroglyphes...
par rosemar
mercredi 6 mars 2019
"Lorsque la porte de pierre s’écarta, livrant, pour la première fois depuis trente-cinq siècles, passage aux rayons du jour, une bouffée d’air brûlant s’échappa de l’ouverture sombre, comme de la gueule d’une fournaise. Les poumons embrasés de la montagne parurent pousser un soupir de satisfaction par cette bouche si longtemps fermée. La lumière, se hasardant à l’entrée du couloir funèbre, fit briller, du plus vif éclat, les enluminures des hiéroglyphes entaillés le long des murailles par lignes perpendiculaires et reposant sur une plinthe bleue. Une figure de couleur rougeâtre, à tête d’épervier et coiffée du pschent, soutenait un disque renfermant le globe ailé et semblait veiller au seuil du tombeau, comme un portier de l’éternité."
C'est ainsi que Théophile Gautier dépeint la découverte et l'ouverture d'une tombe égyptienne, dans son oeuvre, intitulée Le roman de la momie... Aussitôt, les enluminures des hiéroglyphes apparaissent et subjuguent les héros de l'histoire...
Le mot "hiéroglyphe" surprend par sa graphie complexe, son "i" grec, ses sonorités contrastées de gutturales "r" et "g", assez rudes et de fricative "ph", très douce...
Avec les hiéroglyphes, on entre dans le domaine du secret et du sacré : le mot lui-même n'est-il pas énigmatique et mystérieux ?
Le mot lui-même nous intrigue, nous fascine, et semble mimer les caractères qu'il désigne.
Le mot dessine des arrondis, des entrelacs, des boucles étonnantes.
Il nous entraîne vers d'autres univers, des époques lointaines, des mondes souterrains et obscurs, on pénètre dans des pyramides, on découvre des fresques d'un autre temps, ornées de signes étranges, formant des motifs pleins de charme.
Les couleurs éclatantes, les entrelacs de l'écriture attirent tous les regards.
Les hiéroglyphes nous parlent, et nous disent une forme de sérénité et de beauté...
Les signes décrivent des volutes, des enroulements qui nous envoûtent, les caractères nous subjuguent de leurs envolées mystérieuses...
Le mot lui-même montre et suggère toute l'étrangeté de ces motifs imprimés dans la pierre, ou peints sur des fresques.
On est, aussi, fasciné par l'aspect colossal des monuments de l'Egypte ancienne : les pyramides de Giseh, Chéops, Khéphren, Mykérinos, des temples aux colonnes imposantes, des statues de dieux aux dimensions surhumaines.
Et les hiéroglyphes, eux-mêmes, nous font découvrir une dimension sacrée, et comme supérieure...
Le mot, on ne s'en étonnera pas, vient de deux radicaux grecs, un adjectif "hiéros, sacré", et un nom "glyphé, la gravure"...
Ainsi, ce mot s'inscrit dans une sphère religieuse et mystique. Il nous fait remonter aux origines mêmes de l'écriture, essentiellement figurative, composée de plantes, d'humains, de dieux, d'animaux et de quelques signes phonétiques.
Cette écriture, attestée des le quatrième millénaire, nous fait percevoir tout le sens artistique des anciens Egyptiens, leur goût de la beauté, des lignes tracées avec élégance...
Ce nom évoque des temples, des dieux, aux sonorités exotiques et lointaines, Isis, Osiris, Bastet, Anubis, Sobek, Khépri, Bastet, des êtres magnifiés, des pharaons aux noms étranges.
Abou Simbel, Karnak, Denderah, Philae, ces noms de lieux célèbres nous font voyager dans l'espace et le temps !
Toutankhamon ! Ce nom nous transporte dans des paysages de dunes de sable, des étendues dorées, enluminées de soleils éblouissants. Ce seul nom nous fait entendre l'ancienne Egypte, ce seul nom résonne comme un chant venu d'un lointain passé.
Toutankhamon, déifié, devenu un symbole de la magnificence égyptienne ! Toutankhamon, souverain universel, connu de tous !
Mykérinos, Chéops font rayonner, aussi, leurs éclats de sifflantes !
Les hiéroglyphes racontent leur histoire, magnifient leur vie, font revivre un passé brillant...
Quel mot ! Quelle graphie !
Les consonnes de ce nom se hissent vers des hauteurs ou retombent dans des profondeurs et des abimes de mystères !
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http://rosemar.over-blog.com/2015/06/les-enluminures-des-hieroglyphes.html
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