L’ordre règne à Minsk
par Alain Hertoghe
jeudi 20 octobre 2005
A l’est de l’Europe, à un peu plus de 2.000 km de Paris, le KGB existe toujours, et son quartier général domine l’artère principale de Minsk, capitale de la Biélorussie. A quelques centaines de mètres, une statue géante de Lénine accueille les visiteurs du siège du gouvernement, et la mémoire de Staline est glorifiée au musée de la Grande guerre patriotique (la seconde guerre mondiale).
Mardi, un journaliste qui déplaisait au pouvoir a été retrouvé mort, le crâne fracassé, à son domicile, près de Minsk. Vassili Grodnikov, 66 ans, faisait partie de la rédaction du quotidien indépendant Narordnaïa Volia (La Volonté du peuple) et il avait écrit de nombreux articles critiquant le régime néo-communiste d’Alexandre Loukachenko.
Il y a un an, Veronika Cherkasova, journaliste d’un autre média indépendant, Solidarnost (Solidarité), a été poignardée à son domicile de Minsk.
Je tenais à évoquer la disparition de Vassili Grodnikov, de peur qu’elle ne passe un peu inaperçue, le jour de l’annonce, par le Quai d’Orsay, du décès du journaliste français Frédéric Nerac, en Irak, en 2003, et au lendemain du mandat d’arrêt international lancé contre trois militaires américains par un juge espagnol, dans le cadre de son enquête sur la mort du caméraman espagnol José Couso, à Bagdad, en 2003, ainsi qu’au moment de l’enlèvement, ce mercredi, dans la même ville, du journaliste irlandais Rory Carroll, correspondant du Guardian de Londres...