Le nerf de la paix au Proche-Orient
par Alain Hertoghe
samedi 28 janvier 2006
Le Hamas ne s’attendait pas du tout à se retrouver en position de gouverner seul l’Autorité palestinienne. Et le parti islamiste ne peut dissimuler son embarras. Ses dirigeants courtisent le président Mahmoud Abbas, par ailleurs chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et de sa principale organisation, le Fatah, dans le but de former un gouvernement d’unité nationale ou, au moins, de conclure un partenariat politique.
Les violences des dernières heures entre militants du Hamas et du Fatah, ainsi que les craintes que ce dernier ne se déchire dans le sang après sa déroute électorale, ne plaident pas pour un accord de ce type.
Le Hamas rechigne à accepter le pouvoir que les urnes lui ont donné. Curieuse réaction pour une formation politique en position de diriger seule son "pays". Mais le mouvement islamiste et terroriste se retrouve dans une situation délicate. S’il forme le prochain gouvernement sans renoncer à la lutte armée et à la destruction d’Israël, les principaux bailleurs de fonds de l’Autorité palestinienne devraient lui couper les vivres. S’isoler ou se renier, tel est le choix qui s’offre au groupe djihadiste.
Le gouvernement israélien a lancé un appel très ferme en ce sens à la communauté internationale. George W. Bush a répondu sans équivoque. Sans surprise, l’Union européenne (UE) n’a pas encore adopté une position claire et définitive. Si la Commission de Bruxelles a prévenu qu’elle ne collaborerait qu’avec un exécutif pacifique, elle hésite à brandir l’arme financière. Alors que l’UE représente le principal soutien financier de l’entité palestinienne, à hauteur de 500 millions d’euros par an.
Le "Quartet", auquel participent les Européens, mais aussi les Etats-Unis, la Russie et l’ONU, paraît toutefois déterminé à exercer une pression maximum sur le Hamas pour qu’il renonce à la violence, se désarme, reconnaisse Israël et respecte les accords internationaux concernant le processus de paix israélo-palestinien.
En raison de son poids sonnant et trébuchant, l’Union européenne se retrouve donc face à une occasion historique de jouer enfin un rôle central dans l’avenir du Proche-Orient. Mais, pour cela, elle doit annoncer sans ambiguïté qu’elle ne versera plus un euro à l’Autorité ni aux institutions palestiniennes si le Hamas ne fait pas un virage à 180 degrés en faveur de la paix avant de former un gouvernement ou d’y participer.