Suites de l’affaire « Mérimée »
par PAF 2.0 (Politique arabe de la France)
samedi 15 octobre 2005
- La presse française parle abondamment de l’affaire Mérimée, et, du fait, la diplomatie française est éclaboussée. Dans le Figaro :
« On ne pourra pas dire qu’il s’agit de lampistes. À travers eux, c’est la maison qui est éclaboussée », souligne un diplomate, en esquissant une comparaison : « Un peu comme lorsque survient un cas de pédophilie dans l’Église, l’opprobre rejaillit sur toute l’institution. »Mais bizarrement, pour le Figaro, comme pour RFI, Libé et le Monde, la carrière de Mérimée semble s’arrêter en 1998, à la fin de sa mission d’ambassadeur de France à Rome. Il a pourtant été par la suite conseiller spécial (avec rang de secrétaire général adjoint), pour les affaires européennes, de Kofi Annan, jusqu’en 2002, ce que mentionnent bien les dépêches des agences de presse (par exemple Reuters) ! LCI
va même jusqu’à mentionner le rôle de conseiller qu’il occupait (en 1999 ou 2000) à la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE) ! Dans la presse française, on peut donc critiquer le Quai d’Orsay, mais l’ONU serait un sujet tabou ?
Merci justement à Sylvain Attal (qui a abordé le sujet au cours de On refait le monde sur RTL) de me signaler les recherches de la journaliste américaine Claudia Rosett (qui vient de recevoir un prix
pour sa couverture du scandale "Pétrole contre nourriture") sur
Jean-Bernard Mérimée et l’influence qu’il a pu avoir sur Kofi Annan.
Now comes the French investigation into Merimee, who was hired by Annan in 1999 to work “as needed” as “Special Adviser of the Secretary-General for European issues.” Merimee served from 1991-1995 as French ambassador to the United Nations, and then as French ambassador to Italy.Until this week, Merimee figured on the U.N. Web site’s list of “Special and Personal Representatives and Envoys of the Secretary-General,” with the rank of Under Secretary-General. Following a query this past Tuesday into Merimee’s whereabouts, the United Nations quietly removed his name from the list. Asked about the revision, U.N. spokesman Stephane Dujarric explained that Merimee has not worked for the United Nations since Feb. 14, 2002, and that his name had remained on the list for more than three years due to an “oversight.”
According to Dujarric, Merimee’s job as special adviser to Annan was to help the United Nations negotiate a framework for “the disbursement of funds” from the European Commission to the world body, leading to a deal that was signed in 2003. Presumably, that entailed no direct link to Iraq. But it did place Merimee in the sensitive spot of negotiating for the Secretary-General over arrangements for European funding for the United Nations.
Merimee was still doing that job in the months following the Sept. 11, 2001, terrorist attacks on the United States, as the debate began turning hot over Iraq - a debate that ultimately polarized with Annan lining up with European heavyweights Germany and France to protest the U.S.-led coalition’s overthrow of Saddam.
In his position as Annan’s special adviser on Europe - whether Merimee knew it or not - he would have made a logical target for Saddam’s attempts to lobby both the European Union and by extension the United Nations, especially with European funding at issue. Certainly Merimee would have been a familiar figure to some of Saddam’s veteran senior diplomats.
Rosett en a remis une couche hier ici (merci, JC Durbant) :
Even the French have finally discovered the United Nations Oil-for-Food scandal. With the arrest in Paris this week of a former French ambassador to the U.N., Jean-Bernard Merimee, alleged to have received illicit and lucrative contracts to buy oil from Saddam Hussein’s U.N.-sanctioned regime, the French newspapers are now aflutter over "petrole contre nourriture."The funny thing is, while France had plenty to do with Oil-for-Food, Merimee’s main trail leads not to the Quai d’Orsay, but to the doorstep of the U.N. secretary general. Authorities at the French foreign ministry have said the allegations against Merimee concern his activities after he retired as French ambassador to the U.N., and they’re probably right. During the period most in question - late 2001
- Merimee was working primarily not for La France, but with the rank of U.N. undersecretary general, as a handpicked high-level "special adviser" for Kofi Annan.
Comme je le dis plus haut, la France ne semble pas s’intéresser aux liens Mérimée-Annan. Ça va venir.
Je comprends d’autre part que Rosett s’intéresse avant tout à l’ONU mais les aveux (sans regrets ni remords) de Boidevaix (voir l’article de dessous), et l’implication de la diplomatie française qu’ils révèlent, me laissent penser qu’il est trop simple de penser que l’affaire Mérimée ne concerne que l’ONU.
Selon le Monde, Mérimée a pris sa retraite du Quai en 1998. Selon le Washington Post, "It remains unclear whether Merimee was serving with the French government at the time he allegedly received rights to buy Iraqi oil." Moi, je ne crois pas (et vais vérifier) que Mérimée ait pris sa retraite avant l’âge de 65 ans,, en décembre 2001. Quelqu’un a-t-il des informations à ce sujet, ou pourrait m’indiquer comment vérifier ?
- Séance des questions à l’Assemblée nationale, mercredi 12 ocrobre 2005 : question de Bernard Derosier, député socialiste du Nord (depuis 1978) et président du Conseil général du Nord. Notez comme Derosier suggère une manipulation politique des Américains qui "font la loi" en Irak, d’où la révélation de malversations. Bizarre quand même pour un membre du groupe d’amitié avec les États-Unis...
M. Bernard Derosier -
Monsieur le Premier ministre, lorsque fut institué le programme « Pétrole contre nourriture », la France a soutenu l’ONU dans cette démarche. Puis les initiatives de l’ONU en Irak ont été contestées, critiquées par l’administration Bush. Aujourd’hui, la presse de notre pays nous informe de la mise en examen de plusieurs personnes ayant exercé des responsabilités politiques et diplomatiques, au motif de malversations liées à ce programme. Les représentants de la nation et les Français ont besoin d’en savoir plus que ce qu’ils apprennent par les médias. Vous avez été ministre des Affaires étrangères, puis ministre de l’Intérieur, avant de diriger le gouvernement. Avez-vous eu connaissance, à un moment ou à un autre, de ces malversations, et si oui, qu’avez-vous fait ? On ne peut mettre en avant le secret de l’instruction, car il s’agit d’abord d’un problème politique, et de la mise en cause de hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères. C’est la presse irakienne qui a révélé ces malversations il y a quelques semaines ; or, dans ce pays, les États-Unis font la loi. Aujourd’hui, la presse mondiale en fait état et apporte chaque jour de nouvelles révélations. Monsieur le Premier ministre, nous attendons de vous des explications claires. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et sur certains bancs du groupe des députés communistes et républicains)
M. Pascal Clément, garde des sceaux, ministre de la justice - Cette question d’une dérive possible du programme « pétrole contre nourriture » nous trouble tous. Vous avez évoqué deux hauts diplomates, mais ils ont été mis en cause après leur départ en retraite. De ce fait, aujourd’hui, rien n’est connu de personne, sauf sans doute du juge d’instruction. Vous comprendrez donc que, dans ces conditions, ni moi-même, Garde des sceaux, ni personne, ne puisse vous dire ce qui relève de l’instruction en cours. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste). Comme vous, je souhaite que dans cette affaire toute la lumière soit faite, et que l’aide internationale conserve toute sa crédibilité, dans le monde entier. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP)
- Le gérant d’Aredio Petroleum (Jean-Loup Michel, un ancien d’Elf-Aquitaine et de Technip), une société agréée par l’ONU pour commercer avec Bagdad, auquel Jean-Bernard Mérimée (ainsi que Gilles Munier des Amitiés franco-irakiennes) aurait eu recours, s’est donné la mort fin juillet 2005.
- Selon Wikipedia, Mérimée est un vieux copain de Jospin. C’est d’ailleurs sous le gouvernement Jospin que Mérimée a été élevé au rang d’ambassadeur de France.