Des larmes d’argent
par C’est Nabum
mardi 24 juin 2025
« The Cold-Business ».
Une cérémonie mortuaire comme il en existe des milliers de par notre pays résonne encore dans ma mémoire. Des mots émouvants, des récits de vie qui touchent au cœur, célèbrent le défunt. L'émotion est à son comble, l'assistance attentive à tout ce qui se dit. De ci de là, les larmes coulent sur les joues des proches. Des fleurs par brassées accompagnent ce moment particulièrement émouvant pour lequel chacun met son cœur au diapason des sentiments.
La famille, les proches, les amis, les voisins, les collègues ; ils sont tous là pour entrer en communion avec celle qui est partie, sans la moindre envie derrière la tête que de rendre hommage, simplement et de partager une peine commune. Ce sont des moments rares de communion et de retrouvailles, de simplicité et d'authenticité.
Avec maladresse parfois tant l'émotion enroue les voix, avec dignité toujours, les uns et les autres disent quelques mots, offrent des gestes simples et bienveillants. Tous sont à l'unisson de ce moment empreint de solennité et de recueillement. Les plus proches trouvent refuge dans les bras de leurs amis, d'autres sont touchés par ce moment où le chagrin de tous devient tangible.
Il n'est plus de calcul et de ces mesquineries qui font hélas notre quotidien. Chacun se livre en sincérité en faisant tomber le masque des convenances et des rôles sociaux. Tous sont venus pour donner, partager sans rien réclamer, sans profiter de quoique ce soit. Tous ? Non ! Il y a de pitoyables exceptions, des individus absents, célèbres, riches à millions qui viennent réclamer leur part d'un chagrin qui pour eux ne sera que butin…
Quelques chansons qui avaient accompagné la défunte retentissent dans un silence pesant d'une cérémonie qui s'achève. Elles sont porteuses de tranches de vie, de moments qui ont marqué son existence. Elle reçoit ici une dernière offrande des siens alors que les larmes d'argent coulent à foison. Pendant ce temps, loin de là, la Sacem sans la moindre compassion va réclamer son dû pour des artistes qui même après leur mort, indignité suprême, continueront de tendre la main.
Immonde racket en ces instants pieux, il faut alimenter toujours et encore la vacuité de ces vedettes incapables de faire cadeau de cette créance en cet émouvant instant. Ils devraient être honorés du choix de leur chanson, ils devraient être flattés de cet attachement en cet ultime voyage au lieu de quoi, ils font tourner la sibylle, réclament cette contribution immonde.
J'ai honte pour eux et plus encore pour ces charognards qui ont songé qu’en ces instants, il pouvait encore être question de profit sur le dos d'un malheur qui ne se monnaie pas de la sorte. Faut-il alors donner le nom des auteurs et surtout des ayants droits qui viennent ponctionner les gens en deuil ? Faut-il montrer du doigt ceux qui ont estimé qu'il y avait là occasion à continuer de faire ponction chez de pauvres gens.
Je voue aux gémonies ces êtres sans cœur qui ont métier de la création artistique et qui entendent lors des obsèques, recevoir leur part du gâteau. Vous avez certes un petit talent mais de quoi sert ce don du ciel pour insulter celui-ci en ces instants pathétiques. Par la suite, vous n'hésiterez pas, pour dorer votre image, à participer à des opérations caritatives, à des émissions spéciales pour que d'autres, moins argentés que vous, versent leur obole pour une bonne cause.
N'est-il pas plus belle cause que de saluer le départ d'un être humain avec votre œuvre ? Plus beau cadeau qui soit qui vous est consenti par des anonymes qui vous ont nourri de leur passion ? Non, avec la complicité de l'immonde Sacem, entreprise de collectage honteuse, vous attendez votre petit chèque. N'avez-vous donc pas d'âme, de conscience, de dignité ? Quand je pense qu'on puisse qualifier d'étoiles des gens qui insultent à ce point le ciel….