Bonne nouvelle, Dieu existe mais saurez-vous le comprendre ?
par Bernard Dugué
mardi 8 juillet 2008
La religion, loin de rapprocher les hommes de Dieu, les en a plutôt éloignés. C’est du moins ce qu’on peut penser en scrutant l’histoire des religions et de ce qu’en ont fait les hommes. La religion a rassemblé les hommes autour de textes, édifices, pratiques, observances, mais en favorisant les liens intercommunautaires, elle a éloigné les hommes de confessions différentes à un point tel que des massacres ont eu lieu.
La religion est-elle un moyen pour accéder à Dieu ? Voilà une question qu’on pourrait poser aussi dans d’autres champs. André Rieu est-il un moyen pour accéder à la musique ? Va-t-on vers la littérature en lisant Marc Lévy ? Ou vers la sagesse en étudiant les homélies de Michel Onfray ? Le hamburger permet-il de goûter les plaisirs suprêmes de la gastronomie ?
La religion, hélas, a dû s’abaisser à hauteur d’homme, en proposant un discours relevant plus de l’apprentissage que de la compréhension. Du coup, la messe est devenue une école de Dieu et les responsables religieux une institution comme l’Education nationale, mais séparée de l’Etat. Le ministère de l’Education religieuse catholique siège au Vatican. Quant aux gens d’islam, ils ont un Recteur, mais aussi un représentant élu suite à une proposition politique d’un ex-ministre de l’Intérieur, un certain N. S. Les gens de confession juive ont un Grand Rabbin, en France. Ailleurs, d’autres rabbins, ou bien imams, assurent l’administration des cultes. Les catholiques sont les seuls de par le monde à s’en remettre à l’autorité d’un pape. Quoique les bouddhistes se reconnaissent dans le Dalaï-Lama, mais s’agit-il d’une religion ? Quant aux organisateurs de grands prix automobiles, ils reconnaissent tous l’autorité du président de la Fifa. Là, on est sûr que ce n’est pas une religion, bien qu’il y ait des spectateurs pratiquant une véritable dévotion à l’égard de ce sport, qui a ses saints, comme du reste l’Eglise, saint Ayrton notamment. Mais avec tout ce bruit sur un circuit il est difficile de se recueillir.
La question de la religion et de Dieu se pose sur deux plans essentiels. Celui de la morale et celui de la vérité. Avec deux questions pratiques, comment bien agir et qui est Dieu en vérité ? A ces deux questions, les écrits religieux ont fourni des réponses simples, pour ce qui concerne la morale, et compliquées, pour ce qui relève de la vérité de Dieu, consigné dans des textes de théologies aussi abscons que peuvent l’être la Phénoménologie de Hegel ou Etre et temps de Heidegger. Ce n’est pas un hasard si ceux qui ont le mieux compris Heidegger sont des gens d’Eglise, ou alors des individus ayant quelques penchants mystiques. D’ailleurs, le mystique a aussi quelques dispositions morales et sait comment agir ; il sait aussi que Dieu libère bien plus qu’il n’aliène.
Pour finir cet exposé trop rapide, nous pourrions dire que la religion constitue un apprentissage de Dieu à travers quelques écrits commentés et quelques préceptes à appliquer pour mettre en pratique une éventuelle existence conforme à ce qu’aurait voulu Dieu. Dans le pire des cas, la religion forme des gens ignorants, sectaires et dangereux, mais, sur ce point, ce n’est pas pire que la politique. D’ailleurs, le terrorisme islamiste et les intégrismes catholiques, juifs, bouddhiques sont plus du registre politique que de la religion. Dans le meilleur des cas, l’enseignement religieux peut engendrer une sagesse, susciter un éveil, surtout chez les sujets jeunes capables de s’émerveiller et pas encore blasés par l’existence urbaine et prosaïque. Cela dit, il n’est pas nécessaire de passer par un enseignement religieux pour s’éveiller au divin, surtout quand on est un sujet dans la force de l’âge, chargé d’existence et pénétré de profondeur spirituelle.
Religion égale apprentissage ? En admettant que ce postulat soit exact, alors on comprend que la contestation des athées n’a aucun sens et se situe au niveau infantile. C’est un peu comme si, dans une classe, un collégien se met soudain à contester son prof de math et lui affirmer que 2 et 2 font 5. Dieu merci, l’homme a inventé les mathématiques offrant un point de consensus sur les vérités rationnelles. Mais, pour la question de Dieu, les choses sont plus complexes et se décident sur le plan intellectuel, soit dans l’irrationnel, soit dans le suprarationnel. Avec des textes ardus. Et pour le côté moral, c’est une question de rencontre, d’existence, de compréhension immédiate, d’éveil spirituel. Certains passent une vie sans avoir pu entendre la musique de Debussy. Ils l’ont simplement écoutée, captant des sons. Pour Dieu, c’est pareil et il n’y a pas de reproche. D’ailleurs la plupart n’accèdent pas à la mécanique quantique. Mais Dieu est universel, infini, inépuisable, ses énergies sont en libre accès pour tous. Les religieux ont cherché le mode d’emploi. Ils ont fait les missels et les prières pour le plus grand nombre. C’est un peu comme le catalogue Ikéa qui, faut-il le préciser, est l’ouvrage le plus diffusé de par le monde, devant la Bible. Que dire de Michel Onfray et de tous ces exégètes de pacotille qui ne font rien que d’embêter les cathos en disant des méchancetés sur les curés et en niant que Jésus ait existé. D’ailleurs, un authentique homme de Dieu ne se pose plus cette question, reconnaissant en Jésus un frère parmi tant d’autres. Quelque part, les athées militants sont aussi sectaires que l’intégriste religieux. Ça les emmerde de voir que des gens croient en quelque chose et ça peut même les rendre tristes que ces gens soient de surcroît heureux. L’athée virulent est pétri de ressentiment. Si Nietzsche était vivant, on peut être certain qu’il aurait foutu un pain pâtissier dans la gueule d’Onfray.
Dieu est une bonne nouvelle éternelle. Et chaque homme qui rencontre Dieu est une bonne nouvelle temporelle. On n’est plus dans le même registre. Il s’agit de foi et non d’adhésion, de compréhension et non d’apprentissage. Pour un homme du divin, perdu dans une meute de mécréant, c’est toujours une joie que de rencontrer un coreligionnaire, un vrai, ou bien de lire des témoignages écrits. Il se sent moins seul et ce serait dommage que de perdre la pratique de ces textes, y compris la sagesse védique des Upanishads. Comprendre Dieu, voilà l’essentiel et pour ainsi dire, presque une feuille de route pour chacun en ce XXIe siècle. Une feuille de route sans destination assignée, pas comme en politique, car c’est bien cela la liberté accordée à une divine existence, qui conduit quelque part sans aucune route ni destination prédéterminée. Dieu a inventé le GPS avant l’homme. Il a chargé saint Pierre de tourner les clés. Pour les chercheurs de vérité, il est possible de comprendre comment fonctionne la « mécanique divine ». C’est un jeu de réflexion interne, de processus supraphysiques, un subtil jeu de miroirs invisibles conférant aux trajectoires des êtres de subtiles résonances au cours du temps. La Trinité comme processus théophysique, je l’ai comprise après un travail de conceptualisation de la substance, une lecture des mystiques suprarationnels du soufisme et le Etre et temps de Heidegger. Ce travail est en libre accès, officiellement publié comme doctorat de philosophie soutenu à l’université de Poitiers.