La cape
par C’est Nabum
samedi 26 avril 2025
Elle me botte.
À l'heure où des esprits éclairés s'échinent à trouver un uniforme bon marché pour niveler les différences dans notre école prétendument républicaine, voilà bien un vêtement qui aurait l'avantage incontestable de gommer toutes distinctions fripières. La cape aurait de plus l'immense mérite de laisser croire aux écoliers que la théorie du ruissellement n'est pas un leurre au sein de l'ascenseur social.
Ne doutons pas que la capuche recevrait l'assentiment de toute une partie de la jeunesse qui aime à dissimuler d'une manière ou d'une autre son visage. Certes, il ne faut pas se voiler la face, cet élément dissimule le cou et le crâne en laissant le visage partiellement visible. Il se peut alors que certaines communautés trouvent à redire à propos de ce léger inconvénient.
La cape se détermine depuis l'antiquité par son absence de manche. Voilà bien un avantage indéniable dans un contexte général où se retrousser les manches à l'instar de notre bon président, va devenir un impératif incontournable pour assurer le redressement tant de fois espéré. En anglais elle se dit « Cloak » ce qui forcerait les esprits les plus lettrés à la distinguer du cloaque dans lequel se trouve notre école.
Ce serait encore l'occasion de faire un peu d'histoire et même de sémantique en précisant que ce cloak vient du vieux françois « cloque » qui évoque la cloche, non pas celle qu'on se tape mais bien plus, pour les besoins de l'enseignement, celle qui résonne. D'autre part, cette cape qui dissimule toutes les formes et cache le corps éviterait de tomber en cloque à celles qu'on prétend aujourd'hui provocantes.
L'idée pourrait faire son chemin et permettre de plus à tous nos écoliers à venir malgré tout à l'école lorsque des précipitations intempestives contraignent les pouvoirs publics à interdire les transports en commun. Une jeunesse qui se remet en marche par tous les temps, voilà une véritable révolution dont nous aurions à nous réjouir.
Poursuivons l'origine du mot puisqu'il puise encore ses racines dans le norrois Hootr qui évoque la capuche, élément de la cape que grecs et romains ont imposée. Ce serait ainsi une belle opportunité pour relancer l'étude de ses langues mortes. Toutes les idées sont bonnes à prendre dans le désastre éducatif actuel.
L'objectivité me contraint à émettre une petite réserve. La cape aime à faire équipe avec l'épée. Dans le climat de violence larvée qui couve dans nos établissements, il serait bon de supprimer des programmations télévisuelles tout ce qui peut renvoyer aux aventures de Zorro. Un petit inconvénient qui serait vite gommé.
La cape n'est pas nécessairement de pluie. Il est permis d'envisager une gamme de capes qui tienne compte de la saison ou de la pluviométrie. De cette diversité, l'adhésion des élèves serait vite obtenue d'autant plus du reste que rapidement, ces chers enfants découvriraient rapidement combien il est aisé de cacher sous la cape un téléphone ou un ordinateur pour continuer à rester en contact avec le monde extérieur.
Notons au passage que la cape fait déjà partie de la panoplie d'un grand corps d'état. L'uniforme d'apparat de nos préfets est constitué d'une cape. On peut songer que ce rapprochement pousserait les jeunes gens à plus de discipline puisque nos Académiciens en portent une également, elle pourrait aussi pousser à une certaine forme d'élitisme qui trancherait avec les résultats actuels au classement PISA.
Voici tous mes arguments, je vous laisse juge de leur pertinence pour peu que vous ayez envie de soutenir ma campagne pour couvrir tous les élèves d'une cape !