La vidéo surveillance reste à quai
par C’est Nabum
mercredi 2 octobre 2013
Il y a du mou dans la corde à nœuds ...
De l'autre côté de l'œilleton.
Une fois encore, une fois de plus, une fois de trop pour n'en rien dire, un des bateaux à quai a subi un acte de vandalisme. La chose est si fréquente qu'il n'y a pas lieu de s'en étonner d'autant plus qu'il existe un bien étrange sentiment d'appropriation pour tout ce qui est sur l'eau. Ce qui flotte appartiendrait à tout le monde au nom d'un curieux axiome qui se vérifie bien souvent.
Allez donc demander à des inconnus ayant élus domicile sur un pont de bien vouloir en partir. Naturellement, ils vous diront qu'ils ne font de mal à personne, qu'ils n'abîment rien, qu'ils ne savaient pas que c'était interdit d'y monter ou que vous n'avez pas lieu de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas. Curieusement, ces réponses ne seraient pas de même nature s'il s'agissait d'un véhicule à terre …
Pire encore, allez donc demander à des enfants de sortir du bateau. Si leurs parents sont à leurs côtés, vous pouvez même essuyer une volée d'insultes, des remarques agressives et devoir même subir pire encore. Ces chers petits ne font pas de mal et ne pensent qu'à s'amuser, qu'il puisse y avoir une responsabilité éducative sur ce qui est malgré tout une intrusion sur un espace privé, est pure vue de l'esprit. Les bateaux échappent aux lois communes …
Alors, nous ne comptons plus les canettes vides, les papiers gras qui trainent, les occupations festives et nocturnes. Il n'y a pas de limite pour la gent qui s'accapare les quais et la rive à la nuit tombée. Au petit matin, c'est un dépotoir infâme et bien heureux encore sommes-nous quand les bouteilles ne sont pas brisées en mille morceaux ou jetées à l'eau. Pour s'amuser, il faut salir dans un irrespect qui n'a aucune limite. C'est ainsi, nous qualifierons ce comportement de phénomène de société, ce qui suppose désormais de ne plus rien faire pour y remédier !
Oh, il ne faut pas être mauvaise langue. On dépense quelques sous pour poser ici ou là des caméras de surveillance, des instruments de haute technologie capables de percer la nuit et les noirs desseins. On a même ajouté dans notre bonne ville à grand renfort de communication, quelques arrêtés municipaux anti tout qui ne servent qu'à punir au petit bonheur la chance une fois de temps en temps , avant de baisser les bras devant l'ampleur de la tâche.
Pourtant, celui qui a subi un dommage se retourne légitiment contre l'autorité chargée d'assurer la sécurité. On a voulu lui voler son bateau, on l'a fait couler ou bien fortement endommagé. Il réclame réparation et dépose plainte pour que les coupables soient repérés. Il réclame l'exploitation de ces fameuses caméras et il découvre alors stupéfait et trompé, qu'elles ne marchent pas en permanence, qu'elles ne sont pas toutes en état d'ailleurs et que leur fonctionnement revient bien trop cher.
Oui, il faut s'y faire, ce n'est qu'un miroir aux alouettes, une belle illusion d'optique, un faux-semblant qui rassure les gogos. La caméra de surveillance est un dispositif qui relève plus de l'effet placébo que de la vraie volonté d'obtenir les effets affichés. Les responsables affichent de vraies intentions, se font les défenseurs de la veuve et de l'orphelin, pourfendent le crime et la délinquance pour se contenter au bout du compte, de faire des achats dispendieux qui ne servent à rien.
Comme ils sont aussi les tenants d'une certaine conception de la gestion publique, la caméra remplace les hommes, ces pauvres machines si fragiles, si faillibles, qui reviennent si cher et qui ne sont d'aucune efficacité. Le refrain est bien connu. Les hirondelles ne volent plus dans nos rues, la police de proximité a pris de la distance et les agents de la paix sont désormais des forces de l'ordre pour des résultats de plus en plus médiocres et une dégradation constante du vivre ensemble.
Qu'importe, nos élus font leur cinéma, ajoutent encore et encore des caméras de surveillance qu'ils annonceront sous les projecteurs médiatiques avant d'oublier de financer leur utilisation et leur entretien. C'est une farce qui ferait sourire si dans le même temps, les agents chargés de la sécurité publique continuaient d'arpenter le terrain. Que nenni, ils passent furtivement en voiture sur une piste cyclable ou bien dans un parc quand ils seraient si utiles à pied au contact de la population.
Il faut toujours assurer le paraître sans se soucier de l'être. Par contre, pour l'avoir, ils envoient à plaisir des véhicules par centaines à la fourrière ! Là, il y a du personnel pour cet aspect si lucratif. Je me désole d'une société qui oublie le vivre ensemble, qui fait de ceux qui ont la lourde et délicate tâche de réguler les excès et les dysfonctionnements de simples agents de recouvrement fiscaux. Surtout, quand vous recevez une amende ou que vous constatez l'enlèvement de votre véhicule, pas besoin de sourire, vous n'êtes pas filmés ! La sécurité publique n'est désormais qu'une vaste entreprise de racket légal et de fiction illusoire .
Insupportablement leur.