Taxe carbone : aucune prospective
par Philippe
mercredi 29 juillet 2009
Le projet de taxe carbone qu’a remis Michel Rocard à Christine Lagarde et Jean-Louis Borloo le 27 juillet n’a aucune vision prospective, uniquement une vision de taxe. Pourquoi et que faut-il faire ?
Donc la hausse des prix a un effet pervers qui alourdit le système et va jusque bloquer le système.
Voici un autre exemple qui montre que chaque logique est bonne. En Angleterre, certaines entreprises taxent les obèses car il coûtent plus cher en frais de santé et sont moins efficaces. En Allemagne, des entreprises donnent des primes aux obèses qui perdent du poids car alors ils font des efforts volontaires et deviennent plus performants. Deux logiques différentes et qui s’expliquent logiquement.
Pourquoi une taxe carbone en France ? Pour baisser les gaz à effet de serre. Sans entrer dans le détail, la majorité des gaz à effet de serre sont dus à l’Homme et dans cette part, c’est le transport et les bâtiments qui sont majoritaires. Or on a constaté en 2008 que la hausse des prix de l’énergie avait changé les comportements vers moins de consommation. Donc logiquement, la commission Rocard veut modifier les comportements en relevant les prix des matières premières énergétiques, là aussi, sans entrer dans le détail ici de la source d’énergie qui est encore en discussion (électricité incluse ou pas ?).
Taxe, taxe, taxe … et encore taxe !
Peu en importe le montant de cette taxe, 30€ la tonne de carbone ou 10 €. 100 € dans 10 ans ou dans 20 ans ! Peu importe ! La question n’est pas là !
Regardons à nouveau les origines des GES : la route et les bâtiments. La question est de baisser la consommation d’énergie de la route et des bâtiments. La commission Rocard aurait dû répondre à cette question or cette question, tout au moins en France, c’est 50 ans d’urbanisme et de politique sociale à remettre en cause. Et dès lors que l’on regarde le sujet sous cet angle, les solutions deviennent plus logiques sans créer de taxe, au contraire !
Je propose donc de baisser la consommation de carbone sans créer de taxe.
Exemple 1 : l’urbanisme.
Pour lutter contre l’étalement urbain, il faut densifier la ville. Pour densifier la ville, il faut augmenter les coefficients d’occupation des sols et favoriser un habitat plus dense. Ce n’est pas une question de taxe. Si la ville est plus dense, les transports collectifs sont plus logiques et plus gagnants.
Pour lutter contre l’étalement urbain, il ne faut pas favoriser le pavillonnaire (non à la maison Borloo à 100 000€ et la maison Boutin à 15€ par jour !). Ce n’est pas une question de taxe. Il faut favoriser l’appartement avec jardin et non le pavillon avec jardin.
Exemple 2 : l’isolation des bâtiments.
Pour lutter contre la consommation d’énergie des bâtiments, il faut encore plus accentuer l’aide fiscale. Ce n’est pas une question de taxe, c’est payer moins d’impôts. Et cela développe l’emploi local qui en a besoin dans le bâtiment
Exemple 3 : la politique sociale.
Pour lutter contre la ségrégation spatiale (en France et dans le monde), il faut créer des emplois non ou peu taxés et donc favoriser l’emploi local et non délocalisé. Ce n’est pas une taxe locale, c’est une taxe à l’importation. Est-il en effet nécessaire que nos armoires soient pleines de produits textiles ou chaussant de moins en moins chers et venant de plus en plus loin et fabriqués essentiellement à base de dérivés du pétrole, du charbon ou du gaz ?
Exemple 4 : les transports.
Pour diminuer les km parcourus et la consommation d’énergie, il faut limiter la vitesse et rechercher comment diminuer les km parcourus en luttant contre l’étalement urbain, en favorisant les transports moins consommateurs d’énergie. Ce n’est pas une question de taxe. Il faut densifier les villes, relocaliser l’emploi, favoriser les transports en commun. C’est aussi un calcul de temps de transport, donc de favoriser les transports collectifs afin qu’ils soient plus rapides et parfois plus précis et adaptés (par exemple des taxis à 10 places !).
Les exemples ne manquent pas. Et ces scénarios dynamiques coûtent pas ou peu, ne sont pas des usines à gaz (ou à carbone !!!). C’est juste l’imagination qui a manqué à la commission Rocard. On peut vivre sans taxe, et tellement mieux ! Mais à y regarder de près, une fois de plus, comme pour la future loi Charié (LME) sur le commerce qui doit être discutée à l’automne, une fois de plus donc, il suffit de lire le Grenelle de l’Environnement pour savoir que faire et à peu de coût …
Philippe Cahen