La paix peut-elle être envisagée sérieusement au Soudan ?

par Antoine Christian LABEL NGONGO
vendredi 20 juillet 2007

Cette question peut prêter à confusion. Les événements sur le terrain ne donnent pas raison au premier quidam venu. Néanmoins, vu les réunions qui se succèdent entre diplomates internationaux, il faut espérer qu’une bonne nouvelle (une bonne décision) naisse de ces discussions.

Le colonel Khaddafi, dirigeant de la Lybie, veut embellir son image et il s’en donne les moyens. Son pays a accueilli durant deux jours les diplomates internationaux de tous les continents (Afrique, ONU, Amérique, Union européenne, Ligue arabe..). Dix-huit pays étaient représentés, naturellement la réunion s’est tenue en présence des représentants du gouvernement d’Omar El Béchir, ainsi que de l’opposition rebelle soudanaise. Il s’agissait de trouver une solution permettant l’avancée des négociations entre les parties s’affrontant au Darfour. Le Darfour est une région de l’ouest du Soudan déchirée par la guerre civile.

 
Base de la réunion de Tripoli

Cette grande réunion qui rassemble toutes les personnes de bonne volonté, ayant des intérêts ou non dans ce pays qu’est le Soudan, est la seconde du genre. Vu le déroulement, les personnes qui sont des adeptes de la paix dans le monde, peuvent espérer la reprise des négociations entre le gouvernement d’Omar El Béchir et les rebelles soudanais. Il est à noter que la « grande messe » de Tripoli peut relancer les bases d’une discussion saine entre les protagonistes qui se battent au Soudan. La communauté internationale peut peser, avec l’appui de la Chine dans le processus de paix au Darfour. Lors de la clôture de la réunion, M. Jan Eliasson : l’envoyé spécial de l’ONU au Soudan, enchanté, explique “Nous sommes très contents. Cette réunion de Tripoli s’est achevée par un message fort de paix et de début de négociations”. Les participants à la réunion de Tripoli ont, en effet, annoncé à la clôture de leurs travaux, l’organisation d’une rencontre entre les envoyés spéciaux de la communauté internationale au Soudan et les chefs des mouvements rebelles non signataires de l’Accord d’Abuja en 2006. Cette rencontre aura lieu dans la ville d’Arusha en Tanzanie du 3 au 5 août 2007. Elle devrait permettre de fixer le lieu ainsi que la date des négociations entre le gouvernement du président Omar El Béchir et les « rebelles ». Par ailleurs des invitations devraient être adressées par la suite, et ce avant la fin du mois d’août par le secrétaire général des Nations unies et le président de la Commission de l’Union africaine au gouvernement soudanais ainsi qu’aux mouvements rebelles, afin qu’ils puissent se rencontrer au mois de septembre 2007. M. Saïd Djinnit : le commissaire de l’Union africaine pour la paix et la sécurité laisser entendre que “le mois de septembre sera crucial pour le Darfour”. Il ajoute : “Depuis quelques semaines, nous sommes dans une phase constructive. Nous avons fait des progrès sur le processus de paix et les mouvements rebelles marquent de plus en plus leur volonté pour reprendre le dialogue”, explique-t-il.

 
Reprise des négociations

Cette réunion qui s’est déroulé dans la capitale lybienne : Tripoli souligne la reprise en mains par les Nations unies et l’Union africaine, du processus de paix au Soudan, en particulier au Darfour. Il est bien connu de tous que les négociations avaient échoué à cause de la multiplication des initiatives régionales. Les échanges étaient difficiles entre les parties. Au vu de ce qui s’est passé lors de cette réunion, les prises de décision et initiatives diplomatiques dans ce dossier brûlant du Soudan, devraient se faire sous le contrôle des deux organismes internationaux qui ont appris à travailler ensemble sur le Darfour. Dès le lancement des initiatives de paix, il y a quelque mois 5 mois, l’Union africaine et les Nations unies mettaient en place les bases d’une résolution de paix. L’émissaire spécial de l’Onu, Jan Eliasson et son homologue africain, Salim Ahmed, effectueront plusieurs missions au Soudan. Ils multiplieront les contacts avec les pays de la région et les groupes rebelles pour préparer la reprise des négociations.

 
M. El Bechir qui semblait fermer à tout dialogue, a donné son accord, voire son approbation afin que la reprise des négociations se fasse dans de bonnes conditions. Il s’est joint aux efforts des protagonistes onusiens et africains. Quelle bonne surprise lorsque le gouvernement soudanais a donné son aval pour une présence de troupes sur son territoire. Ledit gouvernement a marqué son hésitation pendant des mois avant de tolérer et d’accepter la présence des troupes de l’ONU au Darfour. Omar El Béchir et ses collaborateurs ne voyaient pas d’un bon œil la présence, voire l’intervention des puissances occidentales dans les affaires de son pays. On pourrait penser que la menace de sanctions des Etats-Unis et la pression de l’UE, en y incluant le travail de sape et la médiation de la Chine qui entretient de bonnes relations avec le gouvernement de Khartoum, ont amené le Soudan à assouplir sa position. Le gouvernement soudanais accepte le déploiement d’une force hybride africaine et onusienne. Les mouvements rebelles devraient accepter cette solution car ils se font presser par les Etats-Unis.

 
Il ne faut pas oublier dans cet accord futur, le destin des déplacés tchadiens qui ont besoin également de l’aide internationale. Espérons que leur espoir ne sera pas déçu.


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