La grippe aviaire et le beau jeu des laboratoires

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mardi 27 septembre 2005

Le malheur des uns fait le bonheur des autres... vérifierait-on cet adage avec la possible pandémie de grippe aviaire qui menacerait le monde. C’est du moins ce que l’on pourrait penser aux vues des contrats impressionnants qui viennent d’être signés entre certains pays développés et les laboratoires pharmaceutiques. Les enchères ne sont certainement pas terminées. Il vaut mieux prévenir que guérir !

Sans doute cette dernière devise est celle qu’a adopté Jacques Chirac qui a reçu le président du laboratoire pharmaceutique Sanofi-Aventis : Jean-François Dehecq.

Jean-François Dehecq n’a pas caché le dessein de l’entrevue  : l’entretien a porté principalement sur la grippe aviaire, même si d’autres sujets ont été abordés.

Les laboratoires pharmaceutiques doivent faire face aujourd’hui à une forte demande de la part des différents gouvernements. Le risque d’une mutation humaine de la grippe aviaire plonge dans le doute les autorités sanitaires qui doivent anticiper la crise mais qui ne peuvent pas prédire quand celle-ci arrivera. D’autant plus que le vaccin qui permettra d’immuniser les individus contre la grippe ne peut pas être fabriqué avant que celle-ci n’apparaisse. En effet, la transmission de la grippe de l’homme à l’homme sera d’abord le fruit d’une mutation du virus qui ne peut être connue à l’avance. Par conséquent, dès que la grippe apparaîtra, les laboratoires pharmaceutiques disposeront d’un délai assez court pour mettre au point le vaccin avant que le simple foyer de départ ne se transforme en véritable pandémie.


Les dernières données sur la progression du virus H5N1 montrent que plusieurs personnes en Indonésie ont été infectées suite à un contact prolongé avec des volailles et sont rapidement décédées. Les experts appellent à une réponse forte des autorités de Jakarta pour cerner les différents foyers.

L’Organisation Mondiale de la Santé craint désormais une "humanisation" du virus. Celui-ci serait alors transmissible d’homme à homme.

L’Europe ne semble pas à l’abri puisque le virus de la grippe aviaire à été détecté en Asie Centrale et au Kazakhstan, de nombreuses volailles ont été touchées par le virus qui a été vraisemblablement amené par les oiseaux migrateurs.

Le risque d’une pandémie effraie les gouvernements des pays développés dont les principaux dirigeants ont appelé lors du dernier congrès de l’ONU à la vigilance la plus stricte afin que l’information circule au mieux.

De nombreuses commandes de vaccin ont été réalisées, c’est ainsi que Sanofi Pasteur, la filiale vaccins de Sanofi-Aventis, a remporté un contrat de 100 millions de dollars (82 millions d’euros) le 15 septembre avec le ministère de la Santé américain. Il s’agirait de la préparation d’un vaccin "prépandémique" contre le virus de la grippe aviaire.

Le gouvernement français de son côté va commander plusieurs millions de doses de vaccins et a lancé des appels d’offres. Jean-François Dehecq peut donc s’attendre à de nouvelles commandes émanant de la France ou d’autres pays européens. La société américaine Chiron qui est un concurrent direct de Sanofi-Pasteur, propose également de répondre aux appels d’offres.

On risque fort bien de voir apparaître une course au vaccin et à une montée aux enchères des prix des contrats.



N.B. Pour aller plus loin, n’hésitez pas à lire également l’analyse approfondie faite par un de nos citoyens reporter dans l’article "Grippe Aviaire : ce que l’on ne vous dit pas" ainsi que le dossier Agoravox.


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