La mort en couches, une réalité pesante en France

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mardi 12 décembre 2006

Le 44e des cent objectifs du plan de santé publique de juillet 2005, la santé maternelle et périnatale, n’est pas atteint. La comparaison entre la situation en France et celle des autres pays de développement équivalent inquiète : chaque année, en France, 50 à 97 mères décèdent avant, pendant l’accouchement ou au cours des six semaines qui suivent, ce qui donne un taux de 9 à 13 décès pour 100 000 naissances, les voisins européens enregistrant un taux de 2 à 5 pour 100 000 ; la France est également le seul de ces pays où le premier facteur de mortalité maternelle soit les hémorragies (21% des cas). La précédente étude de l’OMS, en 2002, classait la France déjà au 14e rang européen pour son taux de mortalité maternelle, et l’Inserm avait considéré que les statistiques étaient sous-évaluées.

Certes, la situation s’est grandement améliorée au fil des siècles. Quelques données : vers 1600, dans la région parisienne, une primipare (premier enfant) sur huit meurt en couches. Quand la césarienne commence à être pratiquée, vers 1730, la mère mourait dans 80% des cas. Les cas difficiles sont passés de 2% à la fin du XVIIIe siècle à 1‰ aujourd’hui. Au début du XXe siècle, c’est en Suède que le taux de mortalité maternelle était le plus faible : 230 décès pour 100 000 naissances.

Des progrès, certes, mais une chose dérange dans la dernière étude épidémiologique : beaucoup de ces décès « pourraient être évités ». Les observations font état d’une « explosion » du nombre de césariennes, passé de 10,8% en  1981 à 20,2% en 2003. Le risque de mortalité maternelle est multiplié par 3,5 par la pratique d’une césarienne, il serait opportun de ne pas recourir à l’acte par « confort ». Que faire contre l’augmentation linéaire de l’âge de la première maternité ? Le risque est huit fois plus élevé à quarante ans qu’à vingt ans. En revanche, le risque de mortalité est, toujours en France,  « deux fois plus élevé chez les femmes qui ne sont pas originaires de l’Union européenne », ce qui, ajoute le rapport, « nous renvoie à des questions d’égalité d’accès à la prévention et aux soins ». Enfin 73% des décès dus à une hémorragie, 44% des décès dus à une hypertension, 29% des décès de cause indirecte seraient « évitables ».

A Sparte, relate Plutarque, seuls avaient le droit d’inscrire leur nom sur leur tombeau les soldats morts au combat et les femmes mortes en couches. Cette mort n’est plus une gloire aujourd’hui.


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