La solitude du warrior
par
mardi 3 octobre 2006
Depuis le jour où il a appris qu’il n’était pas sélectionné pour la Coupe du monde, Grégory Coupet garde une boule à l’estomac. Chronologiquement, juste après, il décrit la souffrance physique et nerveuse : « C’était comme si je recevais un coup de poing dans la figure. Ca a été une terrible déception [...] Nerveusement, j’ai craqué. C’est comme si je ne pouvais plus respirer ». Puis, avec un peu de recul, il dit dans l’été à L’Equipe magazine : « On m’a vraiment fait beaucoup de mal ». Aujourd’hui, il explique dans Le Parisien : « Je suis toujours partant même si je serai sans doute moins heureux qu’avant. », et précise en parlant de Domenech et de Martini : « Ne me demandez pas de passer une soirée avec eux. ». Que d’efforts sensibles pour prendre du recul, des distances avec les événements, avec les personnes. « On est là pour travailler, pas pour s’aimer... ». Oui, mais ce n’est pas gai.
Que d’amertume aussi : « Quoi que je dise ou quoi qu’on fasse, la Coupe du monde m’est passée sous le nez et cela ne s’oublie pas », dit-il en marge du rassemblement de Clairefontaine, préparatoires aux matches qualificatifs contre l’Ecosse et les Iles Féroé. Sentiment d’une occasion ratée, gâchée sans qu’il se sente responsable : « Pourtant dans l’année précédente, j’avais le sentiment d’avoir fait tout ce qu’il fallait pour être au meilleur niveau. » Un vide dans le passé, une incertitude pour l’avenir : « En 2010 (pour le Mondial) j’aurai trente-sept ans et je ne l’envisage pas parce que je ne sais pas comment je serai et parce qu’il y a une excellente génération qui arrive derrière. » Il précise : « En fait, j’ai le sentiment que je fais le tampon entre une génération qui a de l’expérience et une génération qui arrive et qui a un très gros talent ». Le tampon en question semble coincé dans un étau.
A l’Université Laval, au Canada, le professeur Jean-Pierre Brun et son équipe se sont penchés sur le lien entre les conditions de travail et la souffrance psychique. Ils ont dégagé quatre facteurs pathogènes : la surcharge quantitative, le déficit de reconnaissance de l’entourage, des relations très pauvres avec le supérieur, une faible participation aux décisions associée au manque de circulation des informations. Etonnant recoupement.
S’il repensait au surnom que Bats lui a donné : le warrior ?