Stades de sport : futurs centres de loisirs à rentabiliser ?
par Francesco Piccinini
mercredi 20 septembre 2006
Le ministre Jean-François Lamour, plutôt rebelle au projet jusqu’à présent, parle aujourd’hui, jeudi, en Conseil des ministres, de « permettre aux clubs sportifs professionnels français de faire appel à l’épargne publique. » La loi du 16 juillet 1984 (article 13) interdit pour l’instant cette pratique, au motif qu’elle constituerait "une entrave injustifiée à la libre circulation des capitaux". Le Parlement devrait être saisi d’un texte législatif inaugurant la possibilité d’une entrée en Bourse des clubs sportifs avant la fin de l’année. A quoi cela peut-il servir, ou... à qui ?
Qui souhaite cette mesure ? Certains clubs de football français, comme l’Olympique lyonnais ; Jean-Michel Aulas a, en plusieurs occasions, fait savoir qu’il y verrait une optimisation des conditions de développement des infrastructures ; Marseille, Lille et Lens y réfléchissent avec intérêt.
L’Union européenne aussi, qui a, le 14 décembre 2005, « mis en demeure » la France de permettre cette cotation en Bourse, rappelant que l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, (la Turquie aussi), le font déjà. Selon Les Echos, 37 clubs européens sont cotés.
Le système permet la constitution de sociétés anonymes sportives professionnelles (SASP) titulaires, sans intermédiaires, de droits réels sur les stades. Selon le ministre, ainsi seraient renforcées « la stabilité » et la « pérennité » des clubs, qui pourraient « acquérir ou construire un stade, mais pas à l’ancienne, c’est-à-dire incluant des projets associés, par exemple, de restauration, de centre de vie et de profit, ou un centre commercial. »
Qui est contre ? Au Parti socialiste, on parle de « logique ultra-libérale qui va asservir l’ensemble des activités
sociales à des logiques de profits financiers et de marchandisation », qui
oublie « aussi l’apport considérable des collectivités publiques au sport
professionnel ».
Marie-Georges Buffet, initiatrice d’une loi de 1999 qui visait à protéger le
sport l’emprise des milieux financiers, vient de publier un communiqué de
protestation.
On sait que même si, pour les clubs, l’entrée en Bourse n’est pas conditionnée, du moins selon le projet actuel, par une situation de propriétaire du stade, ils devront néanmoins prouver qu’ils sont possesseurs « d’actifs tangibles ».