« C’est du vent ! Il fait sa com ! »

par rosemar
vendredi 24 mars 2023

Quel est le ressenti sur le terrain face au discours d'Emmanuel Macron, à 13 heures, ce mercredi 22 mars ?

 

Dans le Var, à l'hôpital de Fréjus, un journaliste a suivi l'intervention d'Emmanuel Macron avec le personnel de l'hôpital...

Dans un local syndical de l'hôpital, on écoute attentivement le chef de l'état... une demi-heure d'interview, de tension : les visages fermés, les poings serrés.

 

"Bof, c'est du vent ! Voilà, il fait sa com..." dit une aide-soignante.

 

Et au bout du compte de la colère chez une femme agent de service hospitalier : "Un président qui n'écoute pas les Français et qui nous dit : de toutes façons, sa réforme passe et on discutera après."

 

C'est aussi ce que pense Nathalie Denis, aide-soignante depuis 30 ans :

"Pour moi, il méprise son peuple, j'ai encore réussi à être déçue, même si je pensais ne plus pouvoir être déçue par ce gouvernement. Il n'y a plus aucune confiance, même s'il y en avait très peu. On pensait encore avoir une démocratie et on sent qu'il n'y a plus de démocratie dans notre pays, voilà."

 

Dans cet hôpital, la mobilisation se poursuit. Même si le Président assure que la réforme sera appliquée, le secrétaire général de FO le dit :

"Elle va passer mais c'est pas grave, on reste motivé et tous les agents nous disent : "Bravo, c'est bien ce que vous faites, on vous soutient, il est hors de question qu'on baisse les bras, c'est une réforme qui va toucher toutes les générations, qui va toucher tous les Français à moyen et court terme. Donc, il est important plus que jamais de se mobiliser là maintenant."

De fait, l'hôpital est en souffrance dans notre pays : les urgences sont saturées, manque de personnel, épuisement, patients en danger...

Et cela fait des années que la situation se dégrade...

Et depuis des années, rien n'a été fait pour améliorer le quotidien des soignants.

 

Et qu'en pensent les égoutiers ?

Dans l'obscurité, ces employés municipaux entretiennent les égouts. L'un d'entre eux, 50 ans, a 25 ans de métier et connaît une pénibilité quotidienne.

"On travaille accroupi, on sent déjà que ça commence à tirer sur les reins, on commence à être essoufflé déjà, alors que ça fait 10 minutes qu'on est là. Faire ça encore 12 ans, non, je ne crois pas, non."

Le milieu est humide, odorant et surtout très dangereux...

"Toutes les matières qu'on a ici, elles se décomposent, et cela forme des gaz qui sont très nocifs pour nous..."

Impossible d'améliorer les conditions de travail des égoutiers.

Reste la reconversion, l'autre option avancée par le chef de l'état... mais à 55 ans, un autre égoutier, Philippe Goujon ne s'en sent plus capable.

"J'ai commencé à travailler à 16 ans, j'ai peut-être pas la ressource de me former à des métiers nouveaux, parce que cela fait des années que j'ai pas été à l'école."

 

Autre exemple : la pénibilité est aussi omniprésente dans une marbrerie de l'Essonne : de la poussière, du bruit, mais aussi des plaques de 70 kg à porter.

"On est souvent accroupi chez le client, on a mal aux genoux, on a mal aux chevilles..."

A 28 ans, un de ces marbriers sait qu'il ne tiendra pas jusqu'à la retraite. Aucune machine ne peut le remplacer. Il a choisi de ne pas écouter le Président.

"Ces gens ne sont pas sur le terrain, ils ne savent pas de quoi ils parlent concrètement. Ils peuvent parler pénibilité, pour eux, ce sont des statistiques..."

 

Non, décidément, chez les Français aux métiers physiques, les mots d'Emmanuel Macron ne passent pas...

 

Pour ce qui est des enseignants, là encore les propos d'Emmanuel Macron sont hors sol : 

."Je veux qu’à la rentrée prochaine, on puisse remplacer du jour au lendemain les profs absents dans les classes. Ce n’est pas le cas aujourd’hui dans beaucoup de collèges et de lycées", a déclaré Emmanuel Macron.

Vaines promesses ! 

"C’est un effet d’annonce qui est en déconnexion totale avec la réalité pédagogique, dénonce Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, syndicat majoritaire du second degré. Concrètement, ça revient à demander au pied levé à un autre enseignant de l’établissement, qui ne connaît pas la classe ni l’avancée du programme, de remplacer son collègue. C’est mettre un adulte devant une classe, sans aucune considération pédagogique. C’est de l’affichage."

De plus, un projet prévoit d’augmenter les salaires des enseignants, à condition qu’ils remplissent de nouvelles missions, et bien sûr dans ces nouvelles missions, interviennent les remplacements de profs absents.

C'est une vision ultra libérale de l'éducation...

Tout cela n'est pas sérieux : les enseignants attendent une vraie revalorisation de leur métier, un métier qui connaît une désaffection inquiétante : le ministère peine à recruter de nouveaux professeurs.

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2023/03/c-est-du-vent-il-fait-sa-com.html

 

Sources : à 8 minutes 38

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-18h/journal-de-18h-emission-du-mercredi-22-mars-2023-3566677

 

https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/reforme-des-retraites-chez-les-francais-aux-metiers-physiques-les-mots-d-emmanuel-macron-ne-passent-pas_5726624.html

 

https://www.huffingtonpost.fr/life/article/remplacement-des-profs-reforme-du-lycee-pro-les-propos-de-macron-consternent-les-syndicats-d-enseignants_215592.html

 


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