En deux jours deux claques pour Sarkozy et sa clique (Hadopi et le CSA)
par Imhotep
vendredi 10 avril 2009
L’on dit que l’on est puni par là où l’on a péché. serait-ce le cas pour notre Kondukator, ce Golem à l’argile fabriqué de communication, de communication et encore de communication (et un peu, beaucoup, passionnément de mensonges). Notre monopolisateur de la parole officielle a toujours profité d’une couverture médiatique honteuse et disproportionnée, flatteuse et aux ordres (par soumission volontaire, contrainte ou autocensure).


Il faut se souvenir de deux éléments assez anti-démocratiques de la campagne électorale de 2007. Le premier se situe à la télévision, ma’âme Chabot offre la veille du décompte de temps de parole une émission de trois heures au futur Guide des Lumières alors que ce show politique habituellement ne réserve que 2 heures à tous les autres. Et la veille même de ce fameux décompte interdisant à tout autre candidat un droit de réponse. Le second est que notre couteau suisse de la politique est resté ministre jusqu’à mi-mars 2007 s’offrant ainsi des tribunes non décomptées. Il était partout par exemple sur un navire de la royale où il va à la messe alors qu’il n’est pas ministre (à l’époque car depuis tout a changé) des porte-avions et qu’il n’a rien à y faire et que le président de notre pauvre République se doit d’être laïc. Evidemment aux USA on jure sur la Bible, ce n’est pas le cas de par chez nous.
Avec ses amis (Bouygues, Bolloré, lagardère Arnault...) partout dans la presse, la radio et la télévision privés (privé ici voulant dire privé d’esprit critique) il sentait que cela ne suffisait pas et il fallait mettre au pas ce qui appartient à tous les Français : sa télévision et sa radio. Comme il le disait lui même avant le CSA n’était qu’aux ordres mais de façon hypocrite, maintenant il est aux ordres mais sous le feu des projecteurs. Comme dirait Lefebvre, le lance flamme de mauvais mots, le saigneur des anus, l’aboyeur du château, c’est la transparence, l’arrogance en bon français : chez Sarko il y a tout ce qu’il faut et on met le right guy à the right place.
Comme le dit si bien Marianne2, nous avons assisté à une mascarade digne des grands théâtres italiens. Non seulement ce fut une pitrerie mais ce monsieur Hees ignore ce qu’est la radio et s’en moque : Sa légèreté sur les sujets liés aux nouvelles technologies a laissé pantois, de même que son refus de s’exprimer sur le bilan de son prédécesseur, […], son souci d’éluder la quasi-totalité des questions techniques, la succession de généralités assénées comme des vérités révélées : « la radio n’est pas un média en péril, elle résistera parce que c’est ainsi », […] ses aveux contrits de ne pas maîtriser tous les dossiers au point que Christine Kelly crût bon de lui demander s’il se préparait bien à être président de Radio-France..
Pour the right guy on repassera. on pense à un Pérol de la radio, ce Pérol (convoqué par la police) qui n’ayant jamais dirigé de banque de sa vie, ayant fait le judicieux conseil de fusionner deux filiales en une merveille de la machine à pertes, la Natixis qui réalise le prodige de perdre 2,8 milliards d’euros. Pérol, comme Minc, conseilleur, mais jamais payeur et toujours bien payé (Pérol pour cette extraordinaire aventure pour les petits porteurs a empoché 2 millions d’euros - du reste le n° 2 de GDF Suez en plein marasme (2008) de l’économie a vu son salaire prendre 180 % (la crise ce n’est pas pour tout le monde : on voit comment les entreprises où l’Etat a son mot à dire respectent bien le principe de modération édicté par notre Tour de contrôle qui refonde le capitalisme, fusille les paradis fiscaux et .. prend des vacances chez la Banamex au Mexique), ce Pérol récompensé de ses mauvais conseil et aux ordre du capitaine du Titanic, remercié pour sa future servilité et ses mauvais conseils.
L’apparatchik qui comme son directeur de conscience, Geminy Sarkozy, aime par mimétisme de lèche-bottes les américains ( ses références permanentes à ses expériences américaines,[…] évoquant France-Info, il estime qu’il « est temps d’améliorer les choses, en s’appuyant sur des exemples américains, dans le traitement du direct et la réorganisation de l’antenne ».) réussit haut la main cet examen de passage. Il faut dire que l’obstacle n’était pas très haut ni difficile à franchir. Il aurait fallu qu’il ait bu un litre de vodka Wiborova pour ne pas réussir et encore cul sec. Quoique raide saoul, ou presque mort on aurait dit que son silence était de la méditation, la preuve de sa sagesse et de sa grande capacité à se concentrer et qu’il habitait la fonction. Pas encore en place, mais déjà nommé, car ce passage devant le CSA n’est que de la poudre de perlimpin pour respecter la loi (bon la nomination de Val par l’Elysée ne fat pas, elle partie de cette loi ce qui prouve comme notre Calife est respectueux de la France, de ses principes et de ses administrés) et on le voit bien qu’un incompétent qui avoue son ignorance des dossiers passe sans encombre un parcours du combattant qui ressemble plus à un thé mondain : Et quel est votre plat préféré ? Et vous l’achetez où votre baguette ? Madame votre épouse aime donc l’opéra ?
A quoi donc sert ce CSA ? Sa légitimité était déjà entachée par son président dont on savait qu’il n’avait aucune neutralité. Un gars comme lui n’offre aucune garantie d’indépendance et d’honnêteté intellectuelle. Et la preuve ? La preuve la voici : le conseil d’Etat vient de lui donner une petite claque à ce monsieur Boyon, ce président de l’UMP CSA et cette claque par effet de progression géométrique vient souffleter notre Omniscient, notre Unique. En effet le CSA refusait tout simplement d’étudier la demande de François Hollande de comptabiliser le temps de parole de notre Communicant Universel. Et voilà que le conseil d’Etat est fort sévère (Libération) : C’est aussi une grosse claque pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et son président, Michel Boyon, qui se voient renvoyés dans les cordes pour « erreur de droit », le Conseil d’Etat estimant que le CSA ne peut « exclure par principe toute forme de prise en compte des interventions du président de la République et de ses collaborateurs dans les médias ». […] Le Conseil d’Etat se fait plus précis, concluant que « le chef de l’Etat est donc en pratique "l’homme d’une politique" ». Résultat : « Il paraît difficile de considérer que la parole présidentielle est, par nature et toujours, neutre. »
Le fait est grave car Boyon a fait une erreur de droit. Il a participé à une destruction de la démocratie par abus de parole qu’il a pendant deux ans permis de se développer, de s’épanouir. Mais le droit intéresse-t-il vraiment ces gens-là (comme dirait Brel) ? Evidemment Hollande crie à la victoire et il a raison. Cependant cela ne s’arrête pas là, car Boyon fait de la résistance(A la suite de la décision du Conseil d’Etat, le CSA fixera, après les élections européennes au mois de juin 2009, en relation avec les chaînes de télévision et de radio, les règles applicables en dehors des périodes électorales aux temps de parole du Président de la République et de ses collaborateurs.). Il ne veut revoir ce décompte qu’après les élections européenes. Evidement, gagner du temps, offrir encore pour ces élections une tribune à notre Gouverneur de l’univers. Cette attitude, s’il en était besoin, démontre sans fard (en toute transparence) qu’il est aux ordres du locataire de la Lanterne. Après cette décision je pense que cela doit chauffer sous les volutes du salon Murat. Mais de son côté Hollande ne va pas se laisser faire. Effectivement cette décision du Conseil d’Etat est majeure. Elle va permettre de rééquilibrer un peu les temps de parole. Elle désavoue monsieur Boyon, le CSA qui l’a soutenu et Sarkozy dont il est l’homme-lige.
Ainsi cette décision du conseil d’Etat finit-elle de décrédibiliser complètement ce CSA-là et son président. On a dit le droit. Et ça c’est du lourd. Et par ricochet cela ridiculise cette étape de validation du nominé Hees.
Voilà la première claque, celle qui punit l’Illuminant par là où il a péché : il veut monopoliser la parole, le droit lui dit qu’il ne peut pas ! et pan sur le bec !
Mais notre Eternel a son côté pile (si le premier est le côté face) et le côté pile est qu’il n’y connaît rien à Internet et qu’il n’aime pas Internet qui le lui rend bien. Et voilà que madame Albanel doit griller à gros feux : sa loi Hadopi a été rejetée à l’Assemblée Nationale. Car cette fois-ci l’Insulteur majoritaire aura sous la main un coupable et quand il en tient un il ne se prive pas de le fouetter au sang, notre bon Kondukator. Mais il y en a un autre celui qui est maire, avocat, député et président du groupe UMP - et oui il y en a qui ont des journées extensibles, qui peuvent administrer une vile, s’occuper de leur circonscription, conseiller des clients et diriger un groupe. Il faut de la santé. Et encore plus, quand il s’agit de Copé qui est un mort vivant, un ressuscité car lui vivant la redevance n’augmenterait pas-. Alors lui on va lui tailler les oreilles en pointes (le on logeant faubourg Saint Honoré).Cependant cette victoire pour les opposants qui crient très forts assez honteuse en fait : alors que l’Assemblée Nationale compte 577 députés la loi a été rejetée par 22 d’entre-eux ayant voté contre et 15 pour. Soit moins de 40 qui ont voté : 6,5 % ! Dire très fort que c’est une victoire de la démocratie c’est fort de café. C’est plutôt une double honte : celle de la majorité et celle de l’opposition, l’une et l’autre ne réunissant que si peu de députés pour une loi qui a une importance majeure, une importance même au niveau de la société elle-même. Mais c’est une défaite encore pire pour l’UMP et pour Albanel et pour Copé et pour leur Kaiser.
Mais pour la petite histoire, il est intéressant de voir comment les députés PS ont piégé les suffisants UMP. Réunis derrière un rideau qui les séparait de l’hémicycle, ils ont attendu sagement que le vote arrive pour entrer en masse (façon de parler à 20 on ne fait pas une grosse masse) et donc de ne pas laisser le temps à l’United Money Profit de rameuter des égarés. Voilà une petite anecdote qui fait sourire, sourire sauf si on regarde le fond et que si peu de députés grassement payés pour faire fonctionner la démocratie, qui font de belles harangues publiques, jouent aux tribuns valeureux mais qui sont absents au moment du vote.
Mais c’est quand même bon de savoir que par deux fois en deux jours l’Illustre ait reçu deux claques et des claques médiatiques par leur origine et médiatiques par leurs conséquences.