France Inter a un nouveau chef : le b(V)al des faux-culs

par Imhotep
vendredi 19 juin 2009

Vous vous souvenez certainement que Philippe Val qui a fait le baiser de Judas à Siné avait, fiérot et modeste à la fois, déclaré qu’il ne savait rien de sa possible nomination à France Inter. Vous vous souvenez également qu’il ne semblait pas d’un enthousiasme à démonter des montagnes. Vous vous souvenez également que le sieur Hees, celui qui passa brillamment les sauts d’obstacle du CSA et de l’Assemblée avec une telle connaissance des dossiers que cela a étonné certains membres de l’ex Haute Autorité qui n’est plus que la chambre d’enregistrement des basses œuvres et des nominations directes depuis les champs élyséens, juste à droite après l’Olympe, vous vous souvenez donc que le sieur Hess déclarait mi chou mi chèvre qu’effectivement Philippe Val aurait une place, sans doute, ou certainement, ou peut-être à France Inter, mais qu’il ne savait pas encore à quoi serviraient les compétences - inconnues à ce jour en tant que directeur d’antenne (mais est-ce bien nécessaire, connaître Carlita se suffit à soi-même et permet au Guide de se cultiver et de citer les Roujon-Macquart dans le texte ?) de l’ex directeur de publication et co-propriétaire de Charlie Hebdo.

Et bien voilà mes petits gars que le rideau se déchire, que la brume s’élève que du flou artistique nous passons directement, comme de la nuit à la lumière, à la brutalité des faits. Et que sont-ils ces petits faits anodins ? Oh rien de grave, juste de la transparence sarkozyaque, la même que le château use pour ses comptes et ses petits fours, ses invités et ses Airbus.
 
Nous découvrons donc ébahis, mais non étonnés, que tout vient de madame Pompadour. Nous avons assisté, intrigués mais confiants à un numéro bien orchestré, à un pas deux avec deux petits rats de l’Opéra, Hees et Val. La presse s’est donc faite l’écho d’un véritable bal des faux culs. Ainsi en est-il (expression dont je parsème mes écrits), - si ce que le Monde écrit est vrai - que (et cela vaut la peine d’être rapporté) :
Philippe Val est formel : il n’a songé à prendre la direction de la radio qu’à partir de janvier. Lorsque, au cours d’un déjeuner au Perron, un bon restaurant italien près de Saint-Germain-des-Prés, son grand ami Jean-Luc Hees lui a expliqué pour la première fois : "J’ai envie de postuler à la présidence de Radio France. Si cela marche, viendras-tu à la tête de France Inter ?" Hees et Val se connaissent depuis qu’en 1992 l’ancien correspondant de la station aux Etats-Unis a invité le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo dans une émission, puis lui a offert une chronique.
 
Philippe Val reconnaît avoir alors évoqué l’affaire avec un proche du président de la République et Carla Bruni. "Carla" est une amie depuis 2005. "Elle était d’abord, à l’époque, la femme de mon pote", le philosophe Raphaël Enthoven. Val, ancien chanteur et bon pianiste, partage avec elle des dizaines de soirées à rejouer le répertoire des grandes chansons françaises. Le mariage de la jeune femme avec Nicolas Sarkozy ouvre à Philippe Val l’oreille de l’Elysée. Au conseiller du président, à son épouse, il assure "n’avoir parlé que de Jean-Luc Hees, puisqu’il était convenu que ma venue ne dépendrait, ensuite, que de lui". L’intervention a eu du poids. "Jusqu’alors, Nicolas Sarkozy n’y avait pas songé", assure un proche du chef de l’Etat. Fin février, Hees est effectivement reçu à l’Elysée. L’affaire est faite.
 
Voilà notre république irréprochable ne se distingue de la cour du roi soleil (ne va-t-on pas faire à Versailles une présentation à la cour le 22 juin avec un nouveau trou dans le budget, une estrade décorée pour que l’Unique y diffuse sa parole divine devant un congrès muet et un Premier Ministre désintégré (pauvre constitution), rassemblement de mascarade que les historiens retiendront comme le second Carnaval au monde après celui de Rio ?) que parce qu’il est écrit sur le fronton des mairies de façon ironique et décadente Liberté, Egalité et Fraternité se voulant le trigramme de la Démocratie, car les faits, les us et coutumes, les habitudes ne s’en éloignent que par le temps écoulé soit environ trois siècles. De République notre Sarkocratie n’aime qu’un adjectif, celui de bananière et là aussi ne s’en éloigne que par le climat et la distance, car il ne pousse sur notre territoire que des yachts, des jets et des Airforce One(s) customisés à coup de biffetons pris dans la cassette royale et non des bananes (Peut-être chez l’ex Bongo où l’on siffle copieusement notre Omniscient qui n’aimant pas les sifflets fuit le cortège officiel où le protocole l’indiquait pourtant présent, comme il ne fut pas présent non plus, car décidément on aime à le siffler celui-là, au raout des apprentis européens).
 
Que nous apprend donc Le Monde : 
1 que monsieur Hees connaît Val
2 que Hees se voyait bien Mamamouchi de la radio
3 que le futur Mamamouchi a proposé à Iznogoud à l’avance la place de directeur de France Inter
4 qu’il suffit que Val en parlât à Carlita pour que Carlito décide et impose (un cadeau d’amoureux, un cadeau de chouchou ?)
5 que cette République des compétences extrêmes est en réalité celle des copains (à noter qu’après les Caisses d’Epargne et le Banque Populaires (Pérol), cela a été récemment au tour de France Télécom (Richard vous savez celui qui a fraudé le fisc pour 660 000 euros), puis de la Poste (Bernard Delpit) d’accueillir chacun un conseiller et proche du Kaiser Sarkoko dans leur direction).
 
Vous voyez donc cette mascarade des déclarations de Hees et de Val. Mais nous n’en sommes plus à un mensonge près. Plus rien ne nous étonne. Notre religion est faite. Aucun meuble n’est à sauver. L’incendie (madame la marquise) emporte tout sur son passage : la dignité, la sincérité, l’honnêteté, la compétence, la démocratie en somme brûle et le pouvoir l’alimente avec le kérozène de ses Airforce one(s).
 
Mais à France Inter on est les derniers au courant, ce qui inspire à Daniel Mermet cette philippique (Bakchich.info) :
 

Chers auditrices, chers auditeurs,

Depuis des semaines, vous êtes très nombreux à nous poser de questions sur l’arrivée de Philippe Val à la direction de France Inter. Comment cela est-il possible !? Dites nous qu’il s’agit d’un cauchemar ! Si c’est une blague, elle n’est pas drôle.…

Soyez sans inquiétude, Philippe est un vieil ami de « Là-bas si j’y suis » et c’est dans la joie que toute l’équipe accueille celui que l’historien Alexandre Adler compare à Emile Zola. Et pourquoi pas à Voltaire, Spinoza, Albert Londres ou Albert Einstein ? Car Philippe c’est tout ça à la fois ; une conscience, un visionnaire, et un penseur engagé face aux grands défis de notre temps. Et ceci à la différence de ses anciens camarades qui persistent à végéter dans un gauchisme moisi, souvent entaché d’antisémitisme et d’islamo fascisme.

En dénonçant avec courage des figures nauséabondes comme celle du dessinateur Siné ou du journaliste Denis Robert, du dessinateur Lefred-Thouron ou du négationniste américain Noam Chomsky, Val a montré qu’il avait pleinement réussi à évoluer avec pragmatisme du côté du manche sans rien perdre de cette impertinence libertaire qui est la marque de fabrique de cet homme de gauche.

Mais Philippe est aussi un chef d’entreprise avisé. C’est d’une main ferme qu’il a conduit son journal Charlie Hebdo, là où il se trouve aujourd’hui.

Et certains pensent bien qu’il pourrait faire la même chose avec France inter.

Aujourd’hui, familier des plateaux de télévision, penseur reconnu de l’élite médiatique, il tutoie nos plus brillantes personnalités, de BHL à Carla Bruni. Il a d’ailleurs élégamment révélé que c’est par l’intermédiaire de cette dernière qu’il a pu suggérer au président de la république, Nicolas Sarkozy de faire appel à son vieux copain Jean-luc Hees pour présider Radio France. Et c’est donc ainsi, par un loyal retour d’ascenseur, que notre habile Philippe, se trouve aujourd’hui à la tête de la prestigieuse radio française.

Humides de reconnaissance, les collaborateurs de France inter n’ont pas encore trouvé les mots pour remercier le Président Sarkozy pour leur avoir choisi un tel chef, et c’est plein d’entrain et de confiance qu’ils s’apprêtent à lui faire la fête.

Tout comme l’équipe de « Là-bas si j’y suis » qui, un petit bouquet de fleurs à la main, trépigne d’impatience.

 

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