L’examen de certification d’Allemand en 3ème se passe en mars. Pourquoi pas en juin ?

par Paul Villach
vendredi 9 janvier 2009

Incompréhensible ! Du moins si l’on se place du point de vue du professeur et de l’élève ! Comment expliquer que l’examen de certification d’Allemand dans l’académie de Montpellier soit fixé au 26 mars 2009, soit trois mois avant la fin de l’année scolaire ? Pourquoi prive-t-on professeurs et élèves de ce temps de travail précieux sur une année scolaire de 10 mois dont doivent être déduits fort normalement les vacances scolaires ?

Un brevet avec seulement trois disciplines en fin d’année 

Le Diplôme national du Brevet, on le sait, se limite à trois examens à la fin juin dans trois disciplines, le Français, les Mathématiques et l’Histoire et Géographie. Des autres matières n’est retenue qu’une note globale de contrôle continu qui permet bien des « ajustements ». Tel collège peut par exemple avoir une majorité d’élèves au-dessus de la moyenne en contrôle continu et une minorité à avoir la moyenne aux trois examens officiels.

Les chefs d’établissement ont l’œil sur ces résultats dont dépend le classement de leur collège dans le département ou l’académie et pour une part leur réputation. Dans le cas inverse d’une minorité d’élèves au-dessus de la moyenne en contrôle continu et d’une majorité au contraire avec la moyenne aux examens, il arrive que les chefs d’établissement demandent à mots couverts aux professeurs de hausser les notes en contrôle continu avec leurs propres élèves, puisque d’autres établissements en font autant et qu’ils « gonflent » leurs résultats de contrôle continu pour améliorer leurs résultats à l’examen…

Un plan de relance de l’Allemand



Dans ce type de contrôle des connaissances, l’Allemand partage avec les autres disciplines le sort de celles qu’on n’évalue que par contrôle continu. Or, dans le cadre d’un plan de relance de l’Allemand, depuis 2006 en partenariat avec les autorités académiques allemandes, il a été décidé d’organiser pour les élèves de 3ème un examen dit de certification. Il fixe des seuils d’apprentissage communs à tous les élèves. Une homogénéisation des niveaux entre établissements peut devenir possible ; le partenariat avec les autorités académiques allemandes donne, en outre, à cette certification une dimension européenne.

Dans la perspective de cet examen original, homologué par l’Allemagne, l’élève peut puiser de son côté une nouvelle motivation. C’est ce qui semble se produire, du moins dans les établissements qui y préparent, parce que tous, déjà, ne sont pas encore sollicités, créant une discrimination, et que surtout tous les élèves ne sont pas présentés à l’examen, un niveau minimal étant requis pour s’y inscrire.

Trois mois de perdus

On verrait bien cet examen se dérouler au moment du Diplôme national du Brevet dans les derniers jours de juin. Pourquoi faut-il qu’il soit fixé trois mois avant avec les graves inconvénients qu’on imagine ?

- Pour le professeur, c’est la course ! Il ne peut compter que sur 7 mois de préparation dont-il faut soustraire près de deux mois de vacances. Le nombre de travaux en est réduit d’autant. Comment, d’autre part, entraîner ses élèves avec sérénité aux divers exercices très calibrés demandés, et en particulier aux épreuves orales qui nécessitent qu’une attention particulière soit accordée à chacun ?

- Quant aux élèves, on ne paraît pas se soucier de ceux qui ont besoin de temps pour assimiler à leur rythme : deux mois et demi qui manquent, ce n’est pas rien ! Sont manifestement avantagés comme toujours ceux que la culture familiale favorise. On ne se préoccupe pas davantage du rythme scolaire de l’élève qui, qu’on le veuille ou non, lève le pied une fois la course terminée. Comment convaincre l’élève, une fois passée la certification, que la course continue encore pendant deux mois et demi, sans enjeu immédiat. Qui poursuit un marathon après la ligne d’arrivée ? Les disciplines inscrites aux trois examens officiels retiennent davantage leur attention et on le comprend !

Cette précocité est d’autant plus absurde qu’on ne voit pas le moindre argument pour justifier que soit avancé si tôt au deuxième trimestre un examen qui devrait se passer en fin d’année. Quelles difficultés d’organisation particulières y a-t-il à l’introduire dans les trois jours du Diplôme national du Brevet ? Les professeurs d’Allemand ne peuvent-ils assumer à la fin juin la correction qu’ils effectuent en avril ou mai ? Ou alors est-ce toujours une astuce discrète bien dans l’esprit du rapport de l’OCDE de 1996 qui conseille de ruiner la qualité du service public pour rendre désirable la privatisation de l’Éducation ?

Paul Villach


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