La fraternité, une réponse à un surplus de production qui entraîne la servitude

par ddacoudre
vendredi 29 juin 2007

Ce qui se nomme la solidarité égoïste dans laquelle les hommes assurés des vicissitudes de l’existence se garantissent d’elles par des systèmes mutualisant à but non lucratif est devenu de l’assistanat, de l’Etat providence, et il est devenu irresponsable de le soutenir voir même être traiter d’archaïsme.si nos malheurs ne remplissent pas les comptes de quelques assureurs à but lucratif.

De fait l’on se retrouve avec une inversion de la notion de société de responsabilité. Une responsabilité qui se focalise au niveau de l’individualisme mercantile (la capacité individuelle à consommer) et entretient le discours qu’être responsable c’est se plier aux exigences du marché. Sinon l’on est péjorativement un « assisté » dés lors que l’on espère une solidarité et une entraide de la communauté humaine ou de sa communauté nationale, si celle-ci n’est pas fixée par l’organisation du marché dirigé par/où vers l’intérêt de l’Entreprise.
C’est à dire qu’être responsable n’est alors pas se soucier de l’existence de ses semblables, mais de celle de l’Entreprise dont chaque individu, en fonction de ses capacités d’autonomies acquises, sera exercé à se faire une place en son sein.


Une quasi-superposition c’est établi entre l’Entreprise et Société, et beaucoup de citoyens gèrent leur existence comme une entreprise gère ses salariés, après avoir accepté que leurs communautés urbaines, dans une concurrence électoraliste du mieux disant , les gèrent comme une entreprise.
On peut toutefois considérer que la responsabilité citoyenne est aussi de s’entraider (fraternité) ; mais dans ce cas la fraternité républicaine est devenue péjorativement « assistance » quand l’État l’exerce, et elle est acceptée et incitée quand elle est caritative , dés que les bénéficiaires de cette aide ne peuvent s’offrir les prestations de services sociaux dans le marché privé des assurances et garanties en tout genre.


Un phénomène qui n’a rien d’anormal, et qui est même d’une banalité séculaire, consiste à considérer que d’autres sont attardés s’ils ne sont pas dans la mouvance de ceux qui ont la capacité d’affirmer que c’est leur point de vue qui représente l’avenir, la modernité, voire une nouvelle civilisation.
C’est le phénomène de tous les groupes humains dans lesquels se détache un groupe qui, par ses capacités, ses qualités, son savoir est en mesure d’aider, de convaincre ou d’obliger les autres à lui ressembler. Et partant de cela, les réfractaires sont vus comme des archaïques, des sous développés, ou dans le cas indiqué ci-dessus (ceux qui ne s’inscrivent pas dans une société dite et définie par un groupe de « responsabilité »), se voient catalogués d’assistés.


C’est le rapport de l’homme « civilisé » à l’homme « sauvage », et chaque civilisation, chaque organisation ou réorganisation crée ses « hommes sauvages » ; c’est le rapport de l’homme à l’homme dans son évolution, et ce débat est toujours capital, sans qu’il puisse y être apporté une réponse.
Mais il n’est pas interdit d’analyser ce qui constitue une efficace domestication de l’homme qui s’hominise, de ce qui le ramène au seul rapport de domination exercé par l’Un sur l’Autre.


Des statistiques nous indiquent que d’une autre manière, les Français attendent tout d’eux-mêmes (l’Un), mais aussi que les autres (l’Autre) s’occupent de leur intérêt individuellement par la représentation étatique « du groupe communautaire national » , et que l’Entreprise (nominative ou anonyme) personnifiée pense pour eux.
Il semblerait donc qu’être dans une société « responsable », serait de ne pas devoir assumer sa responsabilité de citoyen (d’Un dans le groupe), hormis au moment des votes.

Ensuite ce serait se laisser diriger, tout en y participant, par les vocations de « l’Entreprise » qui se présente comme étant la plus compétente à apprécier et gérer la loi du marché qu’elle suscite. Ce serait accepter les conditions d’autonomies nécessaires qu’elle a définie et fixée aux individus pour en faire partie.
Bref être responsable serait attendre, serait attendre de tous des autres en affirmant que l’on ne compte que sur soi, et attendre de son maître.
Ce serait attendre l’offre et/ou la demande suscitée, car demander autre chose que ce que les groupes dominants autorisent est devenu indécent.
Être responsable ne serait pas pour la majorité (qui n’est pas aux postes de « commandes » ou dans l’élite) être responsable comme acteur décisionnaire, mais comme acteur exécutant, responsable de l’exécution de décisions fixées par d’autres qu’eux. En parlant de l’entreprise, du marché, de l’État objectivé, nous ne parlons que de structure qui servent, éludent, dictent, prétextent nos comportements.


Nous ne pouvons éviter d’analyser comment nous répartissons le pouvoir du peuple, le pouvoir de l’individu sur son destin, ni quand ce pouvoir acquis sur le principe de la liberté et du droit à la propriété devient pour certains l’exercice de la puissance dominatrice.
Cela ne pourrait exister sans l’ambiguïté de l’usage d’un type de vocabulaire qui satisfait aux rêves des individus et transforme la servitude en autonomie. Quand les français disent ne pas compter sur l’État, certes ils renoncent à compter sur eux-mêmes, alors qu’ils ont affirmé à 82% l’inverse. Et quand ils disent attendre tout de l’Entreprise, n’attendent-ils pas tout d’eux-mêmes puisque c’est eux qui la composent.


Or tout en étant présents partout, de quel eux-mêmes parlent-ils ?
Nous n’apercevrons cela qu’en examinant comment chacun rétrocède son pouvoir pour se mettre en état de servitude, et comment nous nous protégeons de cet état de servitude en nous répartissant l’autonomie de la décision. Car d’évidence cette courte analyse d’opinion des français laisse assez clairement entrevoir qu’ils se sentent dépouillés de leur pouvoir, qu’il soit politique ou économique et ils se sentent « seuls ». Et comme tous les individus qui se sentent « seuls » ils se tournent soit vers leurs familles, soit vers leurs amis, soit vers des référents réels ou imaginaires, en clair ils se retournent sur eux-mêmes car se sont eux qui composent la famille, les amis et les groupes référentiels.
Ils tournent en fait dans la structure qu’ils ont contribuée à élaboré par leur participation ou leur démission, et qui a fait d’eux ce qu’ils sont.
On peut se demander alors ce qu’est une société de responsabilité dans laquelle les individus tournent en rond sur eux-mêmes sans s’investir dans les instances décisionnaires confiscatoires de la liberté de décision qu’ils se sont construites. Le surplus de production en leur donnant la civilisation leur a apporté la servitude.
Ils ne leur restent qu’à débattre des formes de cette servitude, alors qu’ils s’épuisent par la sémantique à se définir individualistes et autonomes par souci de valorisation de leur puissance individuelle qu’ils cherchent à exercer sur la moindre des situations qui se présente à eux, tout en abandonnant les lieux où la réalité concentrée de cette puissance n’est exercée que par quelques-uns.
Tout simplement parce que la majorité des singularités des individus a délégué ou s’est démise de son « pourvoir », devant l’impossibilité d’exercer sa « puissance » sur les autres qui en disposent autant qu’eux-mêmes. Et le seul moyen de faire face à cette dichotomie s’appelle encore la fraternité.


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