Le grand barnum de l’évolution avec les prêtres de l’Eglise darwiniste

par Bernard Dugué
jeudi 13 novembre 2008

Une brochette de conférenciers a été invitée par quelques universités, à l’occasion de l’année de la Terre, pour disserter et débattre sur l’évolution et surtout la question de l’évolution. Six prestations censées intéresser le grand public instruit aux faits et théories que les savants ont mis 150 ans à construire depuis la parution du fameux livre de Darwin.

Oui mais voilà que la science semble être mise de côté au profit de débats idéologiques et politiques. Se réclamant de la scientificité, elle déroule ses poncifs laïques pour combattre d’autres poncifs, eux religieux ; en réalité, une menace qui n’a aucune substance ici en France. Seuls les USA sont pris dans cet engrenage idéologique et religieux. On ne comprend pas alors pourquoi ce qui aurait dû être une fête de la science, anticipant le bicentenaire de la naissance de Darwin en 2009, est devenu un règlement de comptes contre des créationnistes discrédités ; ainsi que les théoriciens de l’Intelligent Design, dont les textes, et notamment le livre de Michaël Behe, n’ont pas été traduits pour des Français à qui il ne faut pas présenter des réflexions alternatives. Il faut protéger l’opinion des mauvaises pensées. L’Eglise darwiniste y veille, avec les relais médiatiques. L’absence de version française de cet ouvrage est une honte et Voltaire en ressortirait de sa tombe. Les maisons d’édition préfèrent célébrer Darwin en offrant leur papier à des redites sans originalité, comme par exemple l’opus de Patrick Tort.

Pourtant, à l’aurore de la Modernité, la science s’est construite contre l’ignorance de théologiens instruits qui ne voulaient pas regarder dans la lunette et rêvaient d’en finir avec Galilée. Aujourd’hui, nous avons la même configuration mais déclinée sur un schème plus subtil qu’il sera difficile de faire entendre à l’opinion, y compris celle des gens instruits. Car la controverse se déroule sur le plan métaphysique. Quoique, je m’avance trop, car de controverse, il n’y a que mes anticipations visionnaires sur les futures théories de l’évolution et sans doute quelques critiques et pistes assez fulgurantes dont je n’ai pas connaissance. Bref, revenons à cette tournée des darwiniens conçue comme un barnum où quelques scientifiques ne viennent pas présenter la beauté et l’élégance des idées de Darwin et ce qui pourrait être ajouté pour un sacre du vivant, mais combattre des réflexions menées outre-Atlantique, notamment celle de l’Intelligent Design, mélangeant au passage les questions scientifiques, idéologiques, politiques, théologiques. Bref, un vrai fatras servi pour offrir une tribune de politique scientifique à quelques tribuns de laboratoire prêts à en découdre avec les créationnistes, à l’instar des croisés du Moyen Age allant conquérir le tombeau du Christ.

Bien évidemment, les recherches sur l’évolution dépassent les limites de ce barnum du darwinisme. Mais on ne peut que s’interroger sur l’état de cette discipline qui, semblant en bout de course, ayant épuisé toutes les ressources dont elle dispose dans son paradigme, ne veut pas entendre les critiques et les alternatives, préférant alors attaquer un adversaire bien peu crédible mais qui, s’agissant de l’ID, offre un peu de matière à penser. Mais ces scientifiques ne veulent pas penser dirait-on. Leur vision de la vie est celle d’un médiévalisme mécaniste. Leur mode de réflexion est inféodé à une idéologie darwiniste qui conditionne et définit les normes de leurs raisonnements. Tout comme au Moyen Age, toute réflexion devait prouver au final la vérité d’un ordre terrestre voulu par Dieu. Nos évolutionnistes veulent faire entrer tout élément théorique ou empirique dans la logique d’un ordre sans transcendance qui n’a pas été ni voulu, ni pensé, ni intentionné, mais le fruit d’un aveugle destin de mutations aléatoires dont les effets ont été sélectionnés par une Nature dont le ressort et la fin est le jeu de la sélection des plus aptes et robustes du point de vue de l’espèce.

Que retenir de ces conférences ? Une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c’est que l’Eglise darwiniste est puissante et ne laissera pas l’opportunité d’un débat équilibré entre darwiniens et post-darwiniens. Toute Eglise se doit de contrôler les hérésies. Elle peut le faire d’autant plus aisément que les maîtres catéchistes de la science forment les consciences à l’intransigeance doctrinale. Que d’étudiants formés à la pensée unique pour servir la doctrine mécaniste ! Le niveau de l’épistémologie française et de la philosophie du vivant n’est pas élevé. Signe emblématique s’il en est de la crise de la civilisation. La bonne nouvelle, c’est que l’Eglise darwiniste s’est dévoilée comme telle, renforçant la légitimité à tous ceux qui par le décret de leur conscience, sauront en finir avec cette fausse conception du vivant. Drôle de situation, après l’ère du monde clos médiéval, puis l’époque des aventures intellectuelles de Voltaire, la science biologique œuvre pour refermer le livre des questions en se clôturant sur une quête infinie de mécanismes du vivant, sûre de ne pas accéder à l’essence de la vie et de son évolution.


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