Le MoDem serait-il passé avec armes et bagages à gauche ?

par Imhotep
mardi 25 août 2009

Il aura suffit que Marielle de Sarnez et Jean-Luc Bennahmias assiste à une réunion à l’initiative de Peillon pour que les grands politologues de la planètes s’interrogent à savoir si le MoDem se serait enfin découvert. Il serait de gauche ! Si on en croit l’inénarrable Lefebvre l’affaire est pliée : « Le discours très anti-Sarkozy que Marielle de Sarnez a prononcé sous les vivas d’un certain nombre de militants socialistes montre à quel point aujourd’hui le MoDem n’a plus de boussole » 

« Il y a certain nombre d’électeurs de ce pays qui doivent se poser des questions ça s’appelle une trahison »

A Marseille le pays de la Bouillabaisse - cela tombe bien, non ? - voilà que sont réunis autour d’une table (image) Peillon, Cohn Bendit, Sarnez et Hue entre autres. Au passage j’aimerais insister un petit peu sur les déclarations antérieures de DCB (et non PCB). Lors de l’assemblée plénière des journées d’été des verts du 20 août à Nîmes il y a eu une autre corrida dans la salle entre Cecile Duflot et ce dernier : Merde ! Il faut changer la gauche et défier la droite. Et s’il faut ajouter le Modem, on ajoutera le Modem, tempête Daniel Cohn-Bendit à la tribune de l’amphi A5 de la cité Vauban plein comme un œuf, ce jeudi 20 août, de sympathisants Europe écologie. Vous voulez une majorité ou vous voulez avoir raison ? » Cette déclaration de DCB est pour moi savoureuse car elle apporte un peu , non de sel, mais de baume sur la plaie ouverte lors du débat télévisé où il y a eu un affrontement violent dans le fond entre Bayrou et Cohn Bendit (quant à moi j’avais donné raison - tant pis pour les hauts cris ici - à Bayrou car DCB avait préparé son coup à tel point qu’il avait prévenu la presse avant le débat en disant que Bayrou allait l’attaquer sur ce point précis et qu’il allait péter les plombs. Il était au courant par personne interposée que Bayrou avait lu récemment ses déclarations autobiographiques et philosophiques. Aussi l’a-t-il poussé à bout. N’oubliez pas qu’il a insisté par 3 fois (cela ne vous rappelle rien ?) alors que Bayrou répondait par deux fois que l’affaire était close). Ainsi en est-il que DCB est ouvert à une alliance avec le MoDem. Cette déclaration de facto va minimiser la portée de ce fameux incident et peu à peu. Il en restera, certes une cicatrice, mais aussi fine qu’une lame de rasoir de celle qui a servi à ouvrir cette plaie infectée.
 
Peillon, ce qui n’est pas nouveau, - sauf pour les politologues et les journalistes qui semblent avoir une mémoire de poisson rouge - propose une alliance. N’est-ce pas ce qu’il avait déjà dit avant le fameux congrès de Reims il y a un an ? Une alliance entre socialiste et MoDem ne s’est-elle pas déjà réalisée, tiens par exemple à Lille chez la Martine qui refuse ensuite cette alliance ? Donc a priori rien de nouveau sous le soleil. Rien de nouveau non plus du côté du MoDem puisque le discours d’une grande alliance avec les républicain de gauche est récurrent depuis la campagne de 2007. On sait déjà comme l’a dit Lefebvre que pour certains c’est une trahison. Remarquez celui-là en attendant d’entrer dans le gouvernement avec le radical de gauche (lui ne trahit pas) qui est ainsi remercier comme promis des voix qu’il a apportées pour le vote de la constitution sarkozyaque (du reste c’est à mourir de rire (euh c’est une expression je n’en ris pas et n’ai pas envie de mourir) lorsque les journalistes ont fait tout un tabac avec la voix de Djack Lang alors que la réalité est toute autre puisque sans les voix des radicaux de gauche, d’une partie des centristes et par exemple des gaullistes comme Debré, cette constitution n’aurait jamais eu les 3/5 des voix nécessaires et de très loin. Lang n’a été qu’un tout petit épi-phénomène qui a bien rendu service à la presse (de quoi bavasser et faire de gros titres), l’UMP pour camoufler ses lâchetés et bien sûr les centristes et les radicaux de gauche qui sont passés sous l’averse sans se mouiller et passés ainsi à la trappe de l’histoire en dégageant leur lourde responsabilité et leur réelle trahison. Giaccobi va en être remercié).
 
En fait est-ce bien pareil ? Le navire du Mouvement Démocrate ne serait-il pas en train de virer de bord sous les coups du vent électoral et d’aller jeter l’ancre dans la rade de la gauche et par là ne plus voguer vers les eaux de cet humanisme trans-courant que, théoriquement il défend avec bec et ongles ? Pour nous éclairer il y a deux déclarations. Une publique celle de Sarnez. Voici un extrait de son discours qui est bien plus vaste, comme vous le verrez par vous-même que ce qu’en retiennent les politologues et les journalistes. Par exemple seule une partie de sa phrase est retenue : ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous oppose. Vous le verrez ici dans cet article de rue89. Il manque non seulement le « alors » qui précède qui implique qu’il y a une cause à effet. Alors je vous mets la phrase en entier, ce que devrait faire tout journaliste qui se respecte et qui veut parler des faits mais non les faire coïncider avec ce qu’ils veulent démontrer : Nous venons d’horizons divers, comme je le disais il y a quelques minutes. Mais si nous croyons qu’il y a de l’insupportable dans ce qui se fait aujourd’hui, si nous croyons qu’il y a un nouveau monde à dessiner alors ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous oppose. Comme vous le voyez le sens n’est pas tout à fait le même. Dans une reconstruction il est sage de trouver ce qui rassemble plus que ce qui oppose parce que la nécessité est là. De plus il faut ajouter le contexte : une réunion organisée par Peillon et que cela n’exclut nullement d’avoir des points de rencontres qui feront qu’avec une partie de la droite républicaine ce qui nous rassemblera là aussi sera plus fort que ce qui nous opposera.
 


 
Libération a fait à la suite de cette réunion un sondage. Selon notre sondage Viavoice (1), ils ne sont que 42% (contre 52%), à souhaiter une alliance PS-Modem. Les sympathisants de gauche (échantillon de 531 personnes) la rejettent à 53 %. Seuls les électeurs du PS (échantillon de 222 personnes) sont pour, à 53 %. Leurs homologues du Modem la plébiscitent, eux, à 77 %. Ce sont les « 35-49 ans » qui y sont le plus favorables (49 %) ainsi que les artisans, commerçant et chef d’entreprise (56 %).
 
En revanche, les Français dans leur ensemble privilégient d’abord une entente PS-Europe Ecologie à 64 %. Ils sont 76 % chez les sympathisants de gauche et 78 % chez les fidèles socialistes à la souhaiter. Avant même le Modem, les personnes interrogées préfèrent une alliance PS-gauche antilibérale (NPA, PCF, etc.), comme les sympathisants de gauche (62 %) et ceux du PS (60 %). De quoi sans doute conforter l’aile gauche du PS, qui par la voix de son leader, Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste, a contesté hier à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire) le flirt Peillon-Sarnez.
 
Deux remarques à propos de ce sondage. La première est qu’il est décalé par rapport à cette réunion. Cette réunion n’est pas le choix entre une alliance PS/Modem ou PS/Europe Ecologie mais une vaste alliance d’un MoDem au PC en passant par les le PS et les verts et Europe Ecologie. Donc il passe au travers. la seconde remarque est que cela n’a que peu d’importance d’interroger l’ensemble des Français. A quoi cela sert-il de prendre en compte l’avis de quelqu’un qui de toute façon ne votera ni pour le MoDem, ni pour le PS ni pour une alliance MoDem/PS ? Cela ne sert à rien.
 
La seconde déclaration est off. Celle de Bayrou (Le Figaro) : Officiellement, depuis l’échec de ses listes aux européennes de juin, le leader du MoDem s’est as treint à « une cure de silence ». Traduction : il n’a accordé depuis aucune interview. Mais, dans les faits, il reste parfois joignable, « même s’il se réserve pour La Grande-Motte », où son parti ef fectuera sa rentrée les 4, 5, et 6 septembre. Lundi, pour Le Figaro, le président du MoDem est sorti de son silence. « Marielle de Sarnez a bien raison de faire bouger les lignes. La situation actuelle d’oppositions éclatées et incapables de parler entre elles est profondément nuisible pour le pays. Le jour viendra nécessairement où on considérera en France que le dialogue est le premier pas pour construire quelque chose », a-t-il confié.
 
Donc rien de bien nouveau. Faire bouger les lignes : c’était déjà un slogan de 2007. Le dialogue avec les autres ? Du Nouveau ? C’est ce que ne cesse de prôner Bayrou. Et lisez bien ce terme d’opposition éclatée. Cela veut dire qu’il y en a partout. Villepin ne ferait-il pas partie de cette opposition éclatée ? Et François Goulard ?
 
Ensuite il y a un autre point qu’il ne faut pas ignorer. Celui-ci est statutaire au Mouvement démocrate. Il y a un conseil stratégique qui existe. De plus à la suite du résultat des élections européennes le rôle de ce conseil stratégique a été renforcé ainsi que sa légitimité. Il y a bien une réaction du fameux groupe de deux cents lancé à l’initiative du communicant modemique Ginisty. Encore heureux qu’il y en ait quelques-uns qui ruent dans les brancards. Si tout le monde était content et marchait du même pas on entendrait alors un bruit de botte.
 
Donc à ce jour découvrir le fil à couper le beurre et faire des déclarations tonitruantes tant que le conseil stratégique qui se réunira à l’automne n’a rien dit de l’avenir politique proche n’est que du brassage d’air, même si cela fait bouger les lignes car de toutes façons en politique tout est autant immuable que mouvant. Pas mal non ?
 

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