Le renouvellement de notre civilisation n’est pas dans le capitalisme

par ddacoudre
samedi 10 janvier 2009

L’explosion du ressenti n’est pas sans poser un certain nombre de difficulté d’approche. La dernière en date qui n’est que la reprise de ce qui se pratique dans l’Amérique du nord, donner le ressenti de la température extérieure dans les grilles « météo ». Nous avons tous fait cette distinction depuis notre plus jeune âge particulièrement quand le vent souffle.

Quel est donc ce besoin subit d’indiquer en quelque sorte que la perception sensorielle n’est pas la même que celles indiquées avec et par des appareils de mesures normalisés et universalisés.

Pouvons nous en conclure que nos mesures ne sont qu’indicatrices, donc fausses, puisque ne donnant pas la réalité de nos perceptions.

Nous percevons parfaitement la différence de taille entre deux personnages sans qu’il soit besoin d’en mesurer leur hauteur, la dureté d’un matériau par rapport à un autre et ainsi de suite. En calculer les valeurs ne nous donne que le moyen d’en faire l’assemblage et l’usage suscités par nos sens. Ce n’est pas rien, mais cela ne leur confère pas une véracité absolu en dehors de l’écart constaté (mais non de sa mesure), et laisse donc un espace sans limite à la découverte.

Ainsi l’universalité des mesures donne un langage commun qui tout en permettant des réalisations bloque inévitablement d’autres applications et compréhension.

Cette attitude est la résultante du besoin humain d’assurance dans laquelle il trouve sa réalisation, et au travers de laquelle il instaure des vérités meurtrières qui rejette l’incertitude et l’adaptation. Tous les jours nous avons des exemples de ce comportement humain qui n’est pas condamnable puisque biologique.

Chacun comprend que disposant d’une radio il peut naviguer sur différent fréquence, mais il peut se trouver que ces fréquences diffusent la même information. Avons-nous pour autant découvert une certitude ? Non ! Et heureusement car la traduction que nous donnons du vivant est arbitraire.

J’ai toujours en mémoire les observations éthologiques du siècle dernier qui expliquaient que bon nombres d’animaux formaient des couples fidèles, et il aura fallu l’apport de mesures fines d’observations avec l’aide de la technologie qui suppléait la faiblesse de notre regard et l’assurance de certitudes antropomorphiques pour accepter nos erreurs en l’espèce.

C’est erreurs qui nous font si peur ou qui servent d’instrument d’aliénation suivant la compréhension que l’on en a, ce qui n’ôte rien à la dangerosité de certaines auxquelles bien souvent nous donnons une mauvaise réponse pour satisfaire nos sens distordus par nos diverses cultures « sociétales ».

Si la planète évolue avec nous, il ne faut pas en conclure que nous disposons d’un pouvoir humain exceptionnel sur elle. La « physique » a démontrée que toutes actions se répercutent, (l’effet papillon que chante Benabar), et leur maitrise demanderait d’en suivre toute la chaine. C’est pour cela qu’un jour j’ai écris qu’en offrant une rose à son aimé on ignore modifier l’existence d’un chinois qui mange un bol de ri à l’autre bout du monde et à contrario.



Faire usage de cette relativité des choses ne signifie pas ne pas entreprendre en certitude, c’est seulement distinguer les différentes « tailles », comprendre que vouloir disposer de certitudes nous poussera à structurer des systèmes qui deviendront nos prisons (qui ne seront pas éternellement dorées, ce qui trompe nos perceptions). C’est pour cette raison que je parle souvent de « dominants systémiques », et je dis que nous ne lutterons pas contre le capitalisme en tuant les patrons, mais en modifiant la structure aliénante que nous avons élaboré et auquel chacun rêve d’accéder (bon courage Mr le Président s’il ne s’agit pas d’une esbroufe). Ceux qui me lisent savent que je fais allusion au plan comptable parmi tant d’autres documents ou codes structurant les relations du travail et son produit.

Dans ce monde où le virtuel prend une place grandissante percevoir le réel est une gageure car ce virtuel en fait partie sans que nous puissions aujourd’hui mesurer sa porté voire sa disparition iconographique, quand avec l’aide de notre savoir technologique nous reconstituons un corps humain pour naviguer à l’intérieur.

La rapidité de l’évolution et de l’adaptation aux technologies, hier perçus comme salvatrices, laisse la place à la recherche d’une « radio » bloquée sur la fréquence de la sauvegarde, la sécurité, dont le côté sécuritaire conduit au totalitarisme dictatorial, la croissance dont sa mise œuvre aveugle nous tue, l’hédonisme qui se justifie par les deux précédents et comme nous sommes dans une démocratie, cette perception d’incertitude ressentie par la population introduit ou intronise des « lascars qui revendiquent détenir la solutions ».

Il en découle que le ressenti des discours politiques (la température de la communication qui est celles de nos sens) diverge avec les mesures constatées, qui mêmes indicatives, sont le produit d’une grille de lecture arbitraire de notre activité et traduit en données mesurables et comparables les effets de nos actions émotionnelles confortées et engendrées aussi par les discours.

La nécessité de faire recoller la population à une évolution nouvelle devient un chantier impossible quand l’on nous assène que la nouveauté est se laisser exploiter pour produire toujours plus, alors que des puissants œuvrent depuis des années sur les possibles technologiques futures, mais pas sur de nouvelles « radios » car ils sont les acteurs, les « dominant systémiques » du moment.

Comprendre notre existence n’est pas simple, il faut s’instruire pour structurer notre cerveau puis désapprendre toutes les certitudes sans se perdre. Toutes celles qui nous rendent aveugle par l’universalité d’un langage codifié, aller au delà nous ferait constater que l’Amérique n’est pas ce pays de liberté dont nous ne rapportons qu’une image d’Épinal, car par exemple elle soumet le monde à sa puissance, autorise la voix des nazies et interdits celle du communisme.

En se domaine aussi le ressenti prend toute sa place, y a t-il liberté quand la presse est sous le joug d’oligarchie « militaro-économique », autant nous la percevons libre, alors qu’elle nous diffuse la même structure éditoriale calqué sur le nord américain.

La distinction entre mesures et perceptions ne se saisi que si l’on s’interroge, or cette démarche est chose rare et sa rareté facilite les émissions des « radios bloquées ». Pour qu’il en soit autrement je n’ai pas de solutions, j’ai seulement eu la chance de lire en son temps le Quark et le jaguar (de Gell-Mann), ou le simple et le complexe qui unissait la science et le vivant. Comprendre que rien ne les sépare permet de sortir de l’illusion de penser que notre existence dépend de la science sans que nous ayons à nous interroger sur nos comportements.

Pour en donner une caricature, point n’est utile de compter sur nos scientifiques pour trouver une réponse au remplacement des sources d’énergies épuisables et nuisibles, si par nos comportements nous ne leur laissons pas le temps de cette recherche en dégradant les conditions d’existences. Et en ce domaine notre attachement au pouvoir de l’argent et à notre perception de la monnaie comme agent de domination nous empêche de consacrer les sommes utiles à cette recherche car nous la situons toujours sur un plan normatif, alors qu’il faudrait se fier à notre ressenti de la catastrophe à venir pour lui octroyer, en dehors des normes comptables, les fonds nécessaires à notre survivance.

Je ne pense pas que nous soyons capables de cela car ceci repose sur l’apprentissage de sciences dites humaine en voie de disparition. Il y a peut-être une raison fondamentale à la régression qui est à l’œuvre et dont chez nous le président en est le maitre d’œuvre choisi, la raison se trouve dans le cycle des civilisations dont nous ne possédons que les connaissances élaborées par les traces retrouvées qui nous disent qu’elles meurent de « vieillissement ».

Trois questions posées par Science vie à Mirostav Radman directeur de l’unité Génétique moléculaire à l’INSERM résume mes propos.

De quoi êtes vous sur sans qu’il soit possible de le démontrer ?

-je suis persuadé qu’on parviendra à s’opposer au vieillissement et aux maladies dégénératives que ce processus engendre. C’est ce que laissent espérer les travaux sur la résistance de certains organismes à des conditions de vie extrêmes. Je cherche à découvrir les moyens par lesquels ils se protègent, les molécules qui leur permettent de limiter les dégâts. Il s’agit probablement de petites molécules protectrices contre les radicaux de l’oxygène. Cela devrait déboucher sur des parades efficaces contres le vieillissement normal et pathologique. On fera des médicaments qui nous permettront de rester en bonne santé plus longtemps. Alors on ne luttera plus contre les conséquences du vieillissement, mais on s’attaquera directement à ses causes.

Qu’est-ce qui vous semble important et dont on ne parle jamais ?

On ne parle pas assez de l’évolution. Moi même je n’ai saisi que très tard à quel point cette science est aussi une logique indispensable pour comprendre tout système d’adaptation. Un processus central du monde du vivant dont nous faisons partie, nos organismes, tout comme nos pensées. Tout cela peut-être envisagé comme un processus évolutifs faisant jouer à la fois les variations et la sélection. De ce point de vue, on voit bien que pour une réussite il y aune quarantaine d’essais infructueux. Ces erreurs sont toujours tout aussi importantes que les réussites, elles en sont même la condition. Si le système immunitaire n’avait pas la possibilité de produire des millions d’anticorps apparemment inutiles, il ne pourrait pas nous défendre quand survient une infection qu’ils n’ont jamais vue auparavant. Ce très large éventail de possibilités, de combinaisons, lui permet de trouver des solutions à des problèmes jamais posés. L’évolution nous montre aussi que pour être efficace, l’exactitude n’est pas indispensable. C’est parce que le vivant n’est pas précis, mais flexible, qu’il fonctionne si bien et fait preuve de cette extraordinaire faculté d’adaptation. Quand ça va très mal, il y a même des systèmes biologique qui augmentent les erreurs, ce qui augmente leurs chances de s’adapter.

En science, c’est pareil. D’ailleurs on voit bien que figer les choses ne donne rien de bon. Aujourd’hui, alors qu’on n’a jamais autant investi dans les sciences, on assiste à une baisse de la créativité inquiétante. Ce n’est pas que les scientifiques sont moins intelligent, mais c’est parce que les financements ne vont que dans la recherche « mainstreeam », dans ce qui est convenu, bien balisé, immédiatement applicable.

Qu’est ce qui vous a déjà fait changer d’avis ?

Changer d’avis ? Mais cela arrive tellement souvent ! A chaque fois que l’expérience ne vérifie pas l’hypothèse qu’on avait avancée, il faut changer d’avis. Et plus l’on est intelligent plus on élabore de multiples hypothèses. Le feedback de l’expérimentation est indispensable pour savoir quand on a tord. Je travaille sur la réparation de l’ADN dans les cellules irradiées et je pensais que la mort cellulaire était la conséquence de la destruction de l’ADN. Et bien l’expérience a montré qu’en fait, la survie des cellules dépend de la survie de protéines protectrices. Le comprendre et les identifier, c’est tout le travail qui m’attend aujourd’hui. En partant d’un paradigme faux, on peut se rapprocher de la vérité si on fait les bonnes expériences. Alors on change de paradigme. C’est ainsi que la connaissance avance.

Aux lecteurs de cet article de faire librement la transposition des réponses de ce scientifique à la vie politique et économique, et il lui sera aisément compréhensible que la pensée unique est régressive voire mortelle, et que ce n’est pas qu’un terme à la mode. Et si nous ne savons rien faire de mieux que le capitalisme, il n’est pas l’avenir d’une nouvelle civilisation.


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