PS : Il faut que ça pète !

par Jimd
mardi 5 juin 2007

Beaucoup de choses ont été écrites sur la situation post-élection présidentielle au PS. Il y a un débat d’idées qui fait émerger deux courants, entre les tenants d’un virage à gauche et ceux d’un recentrage du parti. Il y a un débat de personnes, avec en toile de fond des règlements de comptes et un semblant d’unité pour les élections à venir. Je pense que tous les éléments sont réunis pour que le PS explose. Ce n’est pas mauvais, c’est peut-être même, paradoxalement, la seule solution viable.

La remise en question après une défaite électorale est naturelle. On essaye de tirer les leçons de la défaite. Idéalement, il faudrait se pencher sur le fond, sur les idées et propositions mises en avant. Se regarder soi pour comprendre ses erreurs, ses forces et ensuite construire une nouvelle plate-forme politique. Idéalement, il faudrait aussi que les conflits de personnes passent après les conflits d’idées. Pour être un peu plus pragmatique (la politique est aussi une affaire de personnes) il faudrait que derrière les combats de chefs se dégagent de vrais combats d’idées. Idéalement, il faudrait arriver à convaincre la base et fédérer l’appareil du parti. Bien sûr il y a toujours des tensions, c’est d’ailleurs sain, c’est signe de débat et de vie, c’est ce qui permet d’évoluer, d’avancer avec la société.

Concrètement ? Tout est en place pour que ça pète

- Le débat d’idées Pour pouvoir gagner, il faut définir clairement ses positions... La cause de la défaite et des défaites à venir si rien ne change est là. En ce sens, les deux côtés ont raison. La candidate PS ne s’est pas vraiment extraite de l’idéologie de son parti. Les dissensions au PS, les trahisons ont fait le jeu de l’adversaire. Le programme n’était pas clair. On ne peut pas se réfugier derrière des arguments tournés vers l’extérieur (Il y avait Sarkozy en face, les gens se laissent abuser) et ne pas regarder la situation et l’image du PS. On ne peut pas construire, innover, avancer en ne faisant que ménager des courants d’idées si opposés.

- La lutte des chefs Il est intéressant de noter que la lutte des personnes ne semble pas coller exactement au débat d’idées, les favoris étant plutôt contre une orientation à gauche. Il est difficile de distinguer ce qui différencie vraiment Ségolène Royal de Dominique Strauss-Kahn. Ils font partie de la même famille politique, du même courant d’idée au sein du PS et leurs différences sont à la marge. Mais cette lutte est âpre. Les ambitions individuelles importantes. Les comptes devront être réglés.

- Une défaite, une autre probable, et une faible perspective de représenter un contre-pouvoir efficace L’accumulation des échecs et la perspective de devoir attendre cinq ans pour reconquérir sinon le pouvoir, au moins un véritable poids d’opposition, vont attiser la discorde. La discorde sur le fond bien sûr, mais aussi stigmatiser les positions personnelles, attiser les rancoeurs et enlever toute retenue.

Situation explosive donc. Tant mieux. Non pas que je souhaite que le PS s’enfonce, non. J’écris tant mieux pour le PS. Quel que soit le virage idéologique qui sera fait, quelle que soit l’issue de la guerre des chefs, il est essentiel de purger cette situation, de clarifier les orientations et de cesser d’essayer des compromis qui ont conduit à la défaite.

Un peu de politique-fiction. Je pense que le courant "moderne" l’emportera, le courant qui se détache, sur le plan économique, de l’idéologie traditionnelle de gauche. Dans les deux camps, les valeurs sont assez similaires, le souci d’entraide, de rejet des inégalités. C’est dans la vision des outils à utiliser qu’est la différence. Je m’avance à ce pronostic car les deux favoris, Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal représentent ce courant. Ils devront alors avoir le courage de leurs idées tout en laissant la porte ouverte à ceux souhaitant les rallier. Dans l’autre camp, les tenant d’un virage à gauche pensent que l’on ne peut gagner que par un retour au discours de gauche. La défaite vient pour eux d’avoir voulu essayer de se rapprocher de la droite, de s’être laissé entraîner au centre ou a droite par Nicolas Sarkozy. Ceux-là ne pourront pas rester dans un parti prenant un virage plus libéral. Il y a probablement de la place pour recréer un parti de gauche sur des idées de gauche en utilisant aussi les forces de Chevènement, Besancenot, du PC... Ce n’est pas beaucoup certes, mais si on ne peut gagner que sur des idées de gauche, il faudra fédérer pour renforcer le poids de ces idées.

Ça pétera donc.

[jimd -> http://jimdi.blogspot.com/]


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