Re Open Le droit au Doute
par barbouse, KECK Mickaël
mardi 29 septembre 2009
Bonjour. Je propose à votre attention quelques clefs pour « re open » l’espace du doute. Dans une époque où la liberté d’expression est si mal en point que le citoyen Français en est réduit à demander un droit au doute, tel Matthieu Kassovitz, dans un contexte où le traitement journalistique de l’information ne se distingue plus de la propagande de guerre, il n’est pas inutile, pour qui aime réfléchir, et donc utiliser son doute, d’approfondir le sujet.
A l’état naturel, l’humain doute. C’est une fonction naturelle de l’esprit humain dont l’animal est dépourvu, liée autant à l’instinct de survie qu’à l’exercice de la pensée. Il existe depuis que l’homme est homme un usage empirique du doute, depuis Pyrrhon une philosophie du « douter de tout », depuis Socrate une mise en perspective des vertus du doute, et enfin, depuis Descartes une méthodologie du Doute, piliers actuels des sciences sans lesquelles aucun d’entre nous ne serait assis devant un ordinateur à lire ces lignes.
Dans sa dimension religieuse chrétienne, Saint Thomas, qui ne croit que ce qu’il voit, est la figure emblématique de la sainteté du doute. Il doute et n’est pas moins saint. Sans son doute, et sans Jésus qui y répond en lui montrant ses stigmates, il n’ y a pas fiabilité de la foi dans le miracle de la Résurrection. Jésus ne demande pas de croire sans voir, ni de croire sans preuves, et par ce geste contribue à expliciter sa parabole sur le jugement de l’arbre à ses fruits. Que ce dernier soit un arbre de connaissance et toute l’amplitude de la pensée critique, de la place du doute et de l’avalisation du vrai, même miraculeux, par le doute, est ainsi semée en germe fertile dans la pensée chrétienne.
Son absence dans un esprit, capable de croire simultanément en une chose et son contraire sans douter, est considérée comme pathologique. Ce n’est donc pas douter qui est anormal pour une psyché humaine, mais bien ne pas être en possibilité de le faire. Aussi, si une nation ou un peuple a une âme, un esprit ou une pensée collective, il est concevable de penser qu’une nation ou un peuple qui s’interdit le doute s’aliène ou s’ampute de sa santé mentale selon le traitement auto infligé. On peut néanmoins considérer que pour une personne ou pour une nation, quand le doute est interdit, la certitude est une pathologie...
Dans le domaine de la loi, le doute, s’il est raisonnable est considéré comme devant systématiquement bénéficier à l’accusé, c’est la preuve d’humanisme lucide d’une société qui exige la démonstration de la vérité pour socle à tout verdict.
On constate que l’opposé de la pensée humaniste est appliquée à Matthieu kassovitz, Bigard, et bien d’autres, puisque leurs doutes sont devenus la raison même de leur mise en accusation par des personnes qui ne font pas la démonstration de la vérité. A travers leurs trajectoires, on peut faire un triste bilan de l’état de santé de la pensée humaniste en 2009, en France, berceau de cette même pensée si féconde en évolution, elle aussi.
Dans les fondamentaux de la pensée qui cherche à se connaître elle même, Le doute cherche la vérité comme la faim de quoi se sustenter. Il est, par nature, en dehors du domaine législatif. On ne peut pas faire de loi pour interdire à l’estomac de ressentir la faim.
Malgré cela, au cours des siècles jusqu’à aujourd’hui, faute de pouvoir nourrir le besoin de vérité du doute, les idéologies prétendant la détenir ont préféré tuer, incarcérer, rejeter, aliéner, infantiliser, manipuler, étouffer, diaboliser, torturer, contraindre à la délation, à la confession publique, etc... Non point le doute, mais la vitalité humaine qui le porte.
C’est la raison même pour laquelle des idéalistes comme Condorcet tenant à la pleine vitalité de la liberté et de la France, ont construit l’idéal républicain et leur foi dans l’émancipation de l’homme par le savoir.
Fort de ces constats, la démocratie écrite par ceux qui ont donné leurs vies pour l’idéal de la liberté, ont inclus dans leurs textes le droit de vote, la liberté de conscience et la culture du débat, pour non point exclure le doute citoyen mais lui offrir et garantir l’espace de contradiction des points de vues nécessaires afin de sustenter son besoin de vérité fiable.
Ainsi, et seulement ainsi, le pouvoir obtenant l’assentiment d’une majorité d’opinions exprimées par le vote des citoyens jouissant de leurs libertés de conscience est effectivement et non seulement symboliquement, légitime, parce qu’il incarne la concentration des opinions majoritairement solidifiées sur le feu du doute exprimé.
Le peuple citoyen, par l’expression du doute avant de voter, étend l’espace de sa liberté de conscience collective, résout en lui même ses contradictions et adapte ses énergies politiques à ses perspectives d’avenir. Il bâtit ainsi le socle des repères dont il reconnaît la fiabilité et l’utilité dans la temporalité de ses convictions, avant d’appuyer de sa volonté d’avenir, volonté autodéterminée dans sa liberté effective de douter des mauvaises autorités, le pouvoir qu’il se donne.
Sans le doute exprimé librement, point de démocratie véritable, le vote n’est plus l’expression des volontés actives s’appuyant sur des certitudes solides, et le pouvoir ainsi mal élu n’est pas le catalyseur conscient de la vitalité déployée par la liberté d’un peuple.
Libre à chacun de regarder l’état de la qualité de l’expression du doute dans les médias, la profondeur et l’adéquation entre les débats et la réalité telle qu’elle se vit, et de tout ce dont on ne parle pas, pour bien mesurer quelle est l’état de santé de l’énergie déployée par la liberté du peuple Français moderne.
Maintenant que les racines de la pensée Française sur le doute sont ainsi exposées, regardons le présent et notamment le « droit au doute » de M. Kassovitz.
Il existe plusieurs aspects dans l’usage du doute, le plus connu étant son utilité pour contester l’autorité et les idéologies sur lesquelles elle s’appuie. On a nommé la pensée du doute de bien des façons pour le combattre au fil des siècles et des autorités régnantes. Impie, amorale, passéiste, utopiste, démente, déloyale, ingrate, injuste, traitresse, inspirée par le malin, hérétique, fasciste, ennemie du peuple, machiste, et maintenant révisionniste. Dis moi comment on qualifie celui qui doute, et je te dirai quelle idéologie règne en ce moment
On constatera au passage l’inanité de cette accusation en révisionnisme, qui je le rappelle est un crime en l’état de la loi française, sur la problématique du 11/9. Dans le cadre de reopen 11/9, ce que l’on conteste c’est la finalité de l’écriture du dossier pour cause de déni de qualité des arguments donnés, et non le déni du drame en lui même en tant que fait historique.
Aussi, si vous doutez et que l’on vous accuse de révisionnisme, il n’est pas interdit de porter plainte et loin d’être certain que vous perdrez le procès. Ce n’est pas de la responsabilité de celui qui doute de porter la confusion entre le crime de révisionnisme et son doute, mais bel et bien celle de son accusateur.
Il y a une deuxième dimension du doute, nettement moins mise en avant par les médias, de celles que l’on trouve dans les livres, qui est le soin des idéologies régnantes par le doute « choisie ». Cela repose sur le même principe qu’il y a des louanges qui blâment et des blâmes qui louangent, il y a des doutes qui corroborent l’idée du pouvoir, et des certitudes qui le trahissent.
Ainsi, sous cet angle critique, dont on trouve les pierres angulaires dans les classiques Français de la rhétorique et Plutarque, quand on regarde non pas la réalité du drame vécu le 9/11, mais la réalité de la médiatisation de ce drame, on s’aperçoit que la version du complot la plus diffusée, sous bien des aspects, renforce l’idée d’un pouvoir américain surpuissant. Aussi, ce n’est plus un gouvernement qui, malgré ces milliards de dollars dans les services de renseignements, n’a rien anticipé de la catastrophe. Ce n’est plus un gouvernement qui a laissé sans réagir le deuxième avion s’écraser sur la deuxième tour un quart d’heure plus tard, non plus.
On peut décemment établir une grille de doute et regarder les faits dans leur chronologie du 9/11 en doutant de la capacité des Etats-unis et de son gouvernement Bush a avoir su gérer au mieux.
Mais à ce moment là, on constate que d’une manière général, la théorie du complot la plus favorisée remplace la faillibilité, l’erreur humaine ( même et surtout militaire), l’incapacité à gérer une situation de crise et l’imprévu que représente cette première attaque historique sur le sol américain, par l’idée construite à velléité cohérente d’un complot machiavélique, structuré et appliqué de façon volontaire.
Ainsi, non pas le pouvoir réel du gouvernement américain, mais l’idée qu’on se fait de sa surpuissance, est au travers de la théorie du complot, restaurée dans son infaillibilité, son omniscience et puissance. Cette théorie condamnée par nos médias se voit offrir ainsi et le charme de l’interdit et l’absence de contredit. Le plus sociologiquement étonnant étant que ceux-là même qui participent de l’idée du complot, en lui prêtant le pouvoir d’être capable d’avoir commis un complot, finalement le légitiment à nouveau.
On ne sort pas de l’impression sur médiatisée que le moindre policier new yorkais sauve le monde en deux heures, et s’il ne le fait pas, c’est qu’il est sans doute lié à un Rothschild, mais pas parce qu’il ne le peut pas ou qu’il était malade ce jour-là. Il est en de même pour l’idée qu’on se fait des gouvernements.
Une troisième dimension du doute consiste à ne pas lier les évènements sous la contrainte des apparences. Est-il raisonnable de considérer qu’une tour s’écroule totalement, en chute libre et à la verticale, en conséquence du crash d’un avion en sa partie supérieur ?
Par exemple, imaginons que les tours, à partir d’une certaine hauteur, sont des risques, en cas d’écroulement, de secousses sismiques, etc... Et que prendre le risque de les laisser tomber sur les tours voisines, d’engendrer des effets dominos et des dégâts collatéraux, est plus grand que celui de construire dans les tours de quoi garantir leur effondrement vertical.
Il est possible d’imaginer que les tours, toutes, et pas seulement le World Trade Center, ont un dispositif d’écroulement par la verticale. Bien évidemment, on préfère ne pas dire aux habitants, salariés et autres usagers des tours que ce dispositif existe, pas de psychose inutile. Ainsi, si ce dispositif existe, et on comprend que l’on ne veuille pas expliquer aux américains qu’ils vivent pour parti sur des tours avec dispositif d’autodestruction, encore moins avec le traumatisme du 9/11.
Alors il y a décision américaine, 5 heures après le crash, d’activer le processus d’autodestruction des tours. Décision qui n’a rien à voir avec un complot, et rentre seulement dans la logique des procédures de sécurités mises en place quand une tour risque de s’effondrer sur les bâtiments adjacents. Décision qui n’avait aucune raison d’être prise sans le crash. Décision qu’il est juste et fondé, si elle existe, que le peuple américain puisse la constater.
La quatrième dimension du doute, la twilight zone, la récupération identitaire et communautaire du doute. Il est ainsi utilisé et décontextualisé pour fonder l’opinion la plus arrangeante à sa situation de vie, sans se soucier un instant de la vérité.
Ainsi, la quête du « à qui profite le crime » s’arrête systématiquement sur l’identité adversaire et ne cherche qu’à innocenter la sienne, même quand on n’est pas accusé.
Ainsi, l’omerta sur le 11/9 en France, c’est aussi une manière d’imaginer ne pas choquer les sensibilités américaines, et certains pensent que le doute ne doit pas dépasser la soumission aux intérêts de la France, parce que la vérité sur le 11 septembre passe après.
Bien entendu, à l’échelon communautaire, chacune exploite chaque pouce de faillibilité de l’adversaire pour affirmer un peu plus sa conviction comme vraie, et utilise la théorie du complot pour se situer, et faire du prosélytisme et de la propagande sur l’ensemble du corpus de ses convictions communautaires qui vont avec.
L’intérêt pour chaque communauté est de maintenir l’entretien de la théorie du complot et des questions sur le 11/9 dans le flou, afin de mieux permettre aux bergers de l’utiliser comme une sorte d’encre idéologique pour marquer leurs moutons.
Et bien entendu, chaque communauté n’ayant pas vocation à apprécier que l’on doute des convictions qui la composent, le doute en interne est toujours condamné, mais toujours appelé à l’aide pour se défendre des convictions des autres...
Et aujourd’hui, c’est surtout la peur régnante de choquer et de payer son dû aux indignés professionnels qui ne fait pas l’ombre d’un doute...
Amicalement, barbouse.