Shérif, fais-moi peur !

par Yoann Derriennic
mardi 5 juin 2007

"Climat : Bush essaie de rompre son isolement" titre Le Monde du 2 juin.

C’est le gouvernement G. W. Bush qui n’a pas signé le protocole de Kyoto, c’est lui aussi qui a autorisé des forages pétroliers dans des zones protégées en Alaska. Il est également revenu une fois élu à la Maison-Blanche sur sa promesse de réduire les gaz à effet de serre, en qualifiant lui même son engagement d’erreur et en annonçant qu’il n’imposerait pas de limitations aux émissions de CO2 des centrales électriques. (cf article de Courrier international du 11 septembre 2003)

Aujourd’hui il propose d’ouvrir la table des négociations pour discuter au-delà de 2012 et avec des partenaires encore non impliqués sur des objectifs mondiaux à long terme (Article du Monde le 2 juin).

Or nous savons aujourd’hui, et les différents rapports d’experts confirment la concordance des points de vue, que le niveau acceptable de notre empreinte écologique pour la planète est aujourd’hui dépassé. En bref, nous épuisons les ressources de notre planète et un effet d’accélération de la tendance s’est enclenchée. Aujourd’hui les Etats-Unis sont les plus gros pollueurs par habitant. Et en dehors de tout objectif, toute mesure leur permettant de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre est donc par nature urgente et nécessaire.

Et cependant, les déclarations sont accueillies par Angela Merkel comme une "prise de position importante" dans la perspective du prochain G8. Discuter des objectifs quant nous attendons des résultats risque de constituer purement et simplement une perte de temps supplémentaire.

Et l’on voit la barrière de +2 °C comme limite fixée par le GIERC à ne pas dépasser à l’horizon 2050 se rapprocher à toute allure.

J’espère que des voix vont se lever, et celle de la France en premier pour s’ériger contre la reculade et la stratégie d’évitement des Etats-Unis. Celle de l’Allemagne également, Angela Merkel c’est la politique de la patience, la politique des petits pas, c’est la culture de l’abnégation au service de la volonté. Faut-il encore espérer une évolution possible de Angela Merkel sur la question...

L’avenir de la planète est aujourd’hui à la merci d’une administration américaine déréglementée, et les incartades du président W laissent présager qu’il existe des agents manipulateurs au plus au niveau de cette administration, faisant au gré de leurs conseils la pluie et le beau temps pour défendre une mission prétendument morale. Cet univers, c’est celui que l’on peut découvrir dans "La malédition d’Edgar" de Marc Dugain. Récit des présidents des Etats-Unis au travers de la carrière de J. Edgar Hoover, directeur du FBI de 1924 à 1972, et par Clyde Tolson son plus fidèle serviteur.

Avec la lecture de ce livre, les mythes de la grandeur américaine s’effondrent les uns derrière les autres : celle de John F. Kennedy, dont le portrait laisse apparaitre un homme aux prises avec les démons de la mafia et obsédé de la question féminine. On y découvre une autre Amérique peut-être telle qu’elle est réellement. Et la lucidité de J.E. Hoover :

Et une conception de l’Amérique peut-être pas si éloignée de celle de G. W. BUSH

Alors cher Nicolas Sarkozy, si nous ne voulons pas finir comme ces Indiens d’Amérique, il faut répondre présent : c’est la "hora de la verdad" comme pour désigner le moment de vérité où le matador s’apprête, après les frasques des préparatifs de la corrida, à la mise à mort du taureau.

Je vous invite également sur ce sujet à lire la note du 30 mai de Jacques Atali ici !

C’est donc l’heure de vérité, le moment où la France peut défendre et définir son identité et l’Europe retrouver une légimité et une raison d’être bien chahutée ces derniers temps.


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