Travailler plus pour gagner plus

par DD
lundi 4 juin 2007

Un des slogans martelés par Nicolas Sarkozy au cours de sa campagne a été « Travailler plus pour gagner plus ». Au-delà de la formule, est-il possible et souhaitable de mettre en oeuvre cette idée, qui semble relever du simple bon sens ?

Il faut permettre à ceux qui le veulent de travailler davantage pour gagner plus. Nicolas Sarkozy l’a répété sans discontinuer. Pour lui, c’est une des conditions indispensables pour relancer le pouvoir d’achat et la croissance économique.

Concrètement, la mesure qui sera présentée devant le Parlement consistera à exonérer de charges sociales et d’impôt les heures supplémentaires (en revanche, les cotisations retraite resteront bien évidemment en place). Cela est censé encourager les employeurs à délivrer des heures supplémentaires, et les salariés à en demander.

Dans la réalité, elle ne s’appliquera pas à grand monde, puisque, pour les cadres, les artisans, les commerçants, et les professions indépendantes, la rémunération et c’est bien légitime, se fait au résultat, au mérite. Seuls les employés et les ouvriers, si l’entreprise souhaite éventuellement augmenter sa production, pourront bénéficier de cette « mesurette », tant elle est négligeable.

Au fond, cette proposition est une réaction à la mise en place autoritaire de la loi Aubry sur les 35 heures. La question fondamentale qui est posée est de savoir si le partage du temps de travail est juste socialement et efficace économiquement. La conviction de Sarkozy, et plus largement de l’UMP, de l’UDF, du MoDem, et d’une partie raisonnable mais peu audible du PS, est clairement NON. Le partage du temps de travail est inefficace, car derrière cette idée fallacieuse, on considère que le travail est un gâteau, une donnée fixe, que la société doit se partager ; cela est un gâchis considérable d’une partie des forces du pays ! On prive les gens d’organiser librement leur temps de travail sous prétexte qu’il faudrait laisser du travail aux autres.

Un des arguments invoqués par l’opposition est que cette mesure n’incitera pas les employeurs à embaucher. Je vais être provocateur : et alors ? Je ne vois pas au nom de quoi on pourrait empêcher quelqu’un de travailler davantage s’il en a vraiment envie. Il faut arrêter de penser que le fait de travailler se fait nécessairement au détriment de son voisin. Il faut sortir de cette logique de guerre civile où le bonheur des uns ferait le malheur des autres, et préférer le gagnant-gagnant comme disait l’autre. Arrêtons de sanctionner la réussite des autres, après tout ils l’ont méritée, tant mieux pour eux, et aussi tant mieux pour nous car elle nous profitera indirectement. Si l’on continue à distiller l’idée selon laquelle la prise de risque et le succès sont condamnables moralement, il n’y aura plus d’entrepreneurs, plus d’investissements, plus d’initiatives, et... plus d’emploi !

Il y a deux étapes à distinguer dans la machine économique. Il y a d’abord la production des richesses, puis le partage de celles-ci. Autant on peut discuter du partage des richesses, une fois qu’elles ont été produites, autant il est hors de question d’envisager le partage du travail et de la production des richesses. Il ne faut pas mettre d’entrave à la production des richesses, auquel cas on ne pourra plus les distribuer ! Il faut cesser de croire que l’on pourra améliorer notre niveau de vie, maintenir nos niveaux de retraite, assurer le financement de la Sécurité sociale, éviter les délocalisations, etc. en travaillant moins. C’est une aberration totale ! Il n’y a de richesse que le travail. Aucun pays au monde ne croit sérieusement aujourd’hui que la réduction du temps de travail est une solution économique !

Que les 35 heures aient constitué dans certaines professions pénibles un soulagement pour les travailleurs, soit. On peut y voir un réel progrès. Mais pour le reste, c’est un énorme gâchis, et l’augmentation du coût du travail a fait baisser considérablement la compétitivité de la France. Et sur un plan moral, cela a dévalorisé le travail, stigmatisé comme une aliénation nécessaire, alors que le travail est un moyen d’épanouissement, d’émancipation, de dignité et de valorisation sociale.

On entend souvent, à juste titre, que les Français ont une des meilleures productivités horaires au monde. Certes, mais le temps de travail annuel étant un des moins élevés, la production annuelle par salarié français est assez médiocre.

Le slogan de la gauche plurielle était « Pour l’emploi, contre le travail ! ». La gauche croit toujours que l’on peut décréter l’emploi. Elle crée des emplois artificiels, fictifs, inutiles , bidons et coûteux pour faire croire aux désespérés que le problème est réglé ! .Après les catastrophiques emplois-jeunes, on nous a proposé les emplois tremplins ! C’est du délire. L’erreur fondamentale de la gauche, c’est de croire que le travail des uns détruit celui des autres alors que c’est le travail des uns qui crée le travail des autres : en travaillant plus, je produis plus de richesses et je consomme plus, et la croissance ainsi engendrée incitera les employeurs à embaucher à nouveau.

L’irresponsabilité des socialistes français dans la politique de l’emploi a fait ses preuves ! La rénovation du PS devra passer par l’acceptation de travailler plus.

En, fait cette mesure de détaxation et de défiscalisation des heures supplémentaires aura probablement un effet marginal, positif ou nul, sur l’emploi et le pouvoir d’achat. Il n’y a donc aucune raison valable de s’opposer à ce projet !


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