Laurence Parisot, propagandiste de choc

par Olivier Bonnet
mercredi 6 septembre 2006

Emouvant pas de deux à l’université d’été du Medef, entre sa présidente Laurence Parisot et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso . "Les résultats sont là  : la France participe à la mondialisation depuis longtemps avec un succès indéniable", se félicite le second . "Les Français ont compris que barrer la route à la mondialisation est impossible", lui fait écho la patronne des patrons. Voilà qui est bien typique du discours parisotien  : l’affirmation gratuite. De quelle mondialisation parle-t-on  ? De quelle façon les Français se seraient-ils exprimés sur le sujet  ? Elle n’en dit évidemment rien. Le même procédé avait déjà été utilisé en avril dernier, lorsqu’elle affirmait  : "Grâce à l’initiative de Dominique de Villepin [le CPE], les Français commencent à comprendre qu’il y a un lien démontré et démontrable entre le chômage élevé que nous connaissons dans notre pays et la rigidité du marché du travail". Démontré par qui  ? Quand  ? Démontrable comment  ? Quant au fait que les Français commenceraient à le comprendre, on renvoie la PDG d’Ifop aux... sondages, mettant en lumière le rejet du CPE par une large majorité d’entre eux.On est ici en plein dans le domaine de l’incantation, pour ne pas dire de la propagande. Mais Laurence Parisot ne se contente pas d’affirmations invérifiables, et profère également des contre-vérités . « Nous avons le taux de prélèvements sociaux et fiscaux le plus élevé de la planète », dénonce-t-elle ainsi. Insupportable pour la compétitivité française  ! L’argument interpelle, sauf qu’il est mensonger  : les prélèvements obligatoires atteignent 44,3 % du PIB en France contre près de dix points de plus dans les pays du Nord de l’Europe. Sans que cela ne pèse sur leur croissance ni n’augmente le chômage. Ou l’on tempête une fois encore que les médias ne fassent pas leur travail : il ne s’entrouve pas un,reprenant la phrase de la pasionaria du Medef, pour préciser qu’elle est parfaitement fausse. Et si l’on veut aller plus loin, on peut noter que les pays dans lesquels les prélèvements obligatoires sont le plus faibles sont ceux dans lesquels on trouve la plus forte proportion de pauvres et le taux d’incarcération le plus élevé, les Etats-Unis portant fièrement le bonnet d’âne dans les trois cas. Le montant des recettes publiques est donc bien un choix de société, un problème politique.Et l’économie n’impose nullement de le diminuer, contrairement à ce que tente de faire croire Parisot. Voilà le vrai débat, qu’escamote la patronne des patrons, à coups de présupposés inexacts et d’affirmations mensongères . « C’est donc un choix à faire entre des prélèvements obligatoires plus forts ou taux de pauvreté supérieur, et ce avec un même taux de chômage », déclare ainsi un expert, Eric Heyer, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques. On objectera que le taux de pauvreté n’est pas le problème du Medef.Avec raison  : ce qui lui importe est le profit des entreprises. On ne peut l’en blâmer, c’est le système qui le commande. Mais qu’on fasse alors taire les tartuffes qui prétendent que ce qui est bon pour l’entreprise est profitable à l’intérêt général. Et halte au dogme insupportable de la primauté de l’économie sur le politique  ! Une plaisanterie circule, qui résume bien le débat  : lorsque Dieu a créé les économistes, c’était pour qu’on prenne les astrologues au sérieux...


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