PS, le trop-plein de candidatures !
par KOUINO
vendredi 22 septembre 2006
Lionel Jospin indique qu’il n’envisage de faire acte de candidature à la candidature au sein du PS que si le nombre de prétendants diminue.
Le journal Sud-Ouest du 20 septembre fait paraître une interview de Lionel Jospin, dans laquelle il indique qu’il n’envisage de faire acte de candidature à la candidature au sein du PS que si le nombre de prétendants diminue. C’est en effet une bonne manière de poser le problème. Les électeurs de gauche sont inquiets de ce qui n’apparaît être, par certains aspects, qu’une course à l’échalote. Ils auraient sans doute préféré que cette lutte légitime entre les hommes et les projets ne prenne pas de telles proportions. Mais on peut aussi appliquer une autre grille de lecture pour expliquer la situation actuelle. La réalité politique est qu’il y a aujourd’hui des lignes de fractures qui ne peuvent plus être résorbées sans qu’ait lieu une confrontation publique entre un certain nombre de ces prétendants. Cette confrontation doit être sanctionnée par un vote des militants. Cela permettra de clarifier les enjeux. Pour autant, un trop-plein de candidats de 1er tour ne mettrait pas un terme à la confusion des électeurs, car cela masquerait des clivages qui empêchent aujourd’hui la gauche d’exister face à la droite.
- Il y a d’abord, la candidature de Laurent Fabius, un homme fossilisé dans la posture qui l’aura conduit à s’associer, lors du référendum sur la Constitution européenne, à tout ce que la société politique produit de plus conservateur à droite et à gauche. Il aura ainsi contribué à ce que l’idéologie mortifère du repli sur soi marque des points, alors qu’il s’agit d’un des risques majeurs du monde contemporain à l’heure de la globalisation économique. Quel manque de clairvoyance ! Il n’est pas inutile à ce propos de souligner la contradiction existant entre le vote massif pour le non en 2005 et le si faible soutien aujourd’hui à celui qui en a été le principal artisan, Laurent Fabius. Cette contradiction est un révélateur, à la fois du trouble des électeurs du non un an après, mais aussi, de l’immense misère du débat public dans la démocratie contemporaine. Les médias en associant systématiquement le mot " Turc " à chaque fois qu’ils prononçaient le mot " Constitution " auront illustré jusqu’à la caricature les risques de la société d’information et le prix à payer pour le mensonge des démagogues.
- Il y a, ensuite, la candidate des médias (...encore eux ! ), Ségolène Royal, dont la soudaine mise en orbite politico-médiatique, avait pour seul objet de servir de faire-valoir au sarkozysme triomphant, piège dans lequel elle s’est empressée de tomber. Elle constitue, à l’image de celle de Laurent Fabius, une candidature de division, puisqu’elle n’existe, au premier chef, qu’à l’extérieur de son propre camp. Elle n’est la garantie d’aucune victoire. Madame Royal n’intéresse les médias que lorsqu’elle se situe sur le terrain de ses adversaires de droite, elle redeviendra l’image... " forcément négative ", de la gauche institutionnelle (aux yeux des médias), dès l’instant où elle sera choisie comme la représentante du Parti socialiste. Nous vivons depuis plus de vingt ans un temps où la droite est idéologiquement dominante dans toutes les grandes démocraties du monde, et les médias de masse prospèrent, dans son sillage. L’église " catho...dique ", à l’image de toutes les églises, aime les pouvoirs forts à l’ombre desquels elle peut croître en toute impunité. Mais laissons là ce débat. L’ascension fulgurante de l’inconnue Ségolène Royal est, en tout cas, une occasion de porter un regard sans concession sur ces outils de manipulation de masse que sont devenus les sondages, outils qui vident petit à petit la scène politique de toute forme de contenu. Si Ségolène Royal parvenait à se faire élire à la présidence de la République, elle y serait l’otage des puissances de communication qui l’auraient faite reine.
- Et puis, à l’opposé de ces deux candidatures... extrémistes, l’une sur le versant gauche du PS, l’autre sur son versant droit, il devrait y avoir dès le premier tour un troisième " unique " candidat, celui d’une gauche de rassemblement qui aurait tiré les leçons du 21 avril 2002. Ils sont malheureusement quatre à prétendre être cet unique-là (Jospin, Hollande, DSK et Lang), auxquels il faut ajouter la myriade de candidats putatifs de la "gauche de la gauche". Autrement dit, il n’y a pour l’heure, à gauche, rien ni personne pour faire mentir le 21 avril. Pour l’heure, le PS, par ses divisions internes, ne peut apparaître aux yeux des électeurs comme une quelconque force de rassemblement.
Le choix, pour les militants du PS et pour les Français de gauche qui les regardent, se situe donc entre populisme... version ENA, en la personne de Laurent Fabius, néant médiatique, avec Ségolène Royal et vide politique global de la gauche, du fait de son émiettement. Lionel, François, Dominique et Jack, votre légitimité à représenter la gauche ne réussira à convaincre les électeurs déprimés que nous sommes que si vous nous apportez la preuve que vous êtes dignes d’en représenter les valeurs communes. Ce qui dissocie la gauche de la droite, ce qui fait la différence entre un mouvement populaire et le populisme, c’est que la gauche, à l’opposé de la droite, n’existe que parce qu’elle est une force collective. Un seul parmi vous doit se présenter au vote des militants dès le premier tour. Les électeurs de gauche espèrent ce geste de votre part pour pouvoir à nouveau croire que la gauche a des valeurs qui la distinguent de la droite. Lorsque la confusion règne, tous les signaux positifs, fussent-ils infimes, deviennent essentiels.