Vers une guerre israélo-française comme gage de l’alliance euro-arabe ?
par Lucien-Samir Arezki Oulahbib
mardi 14 novembre 2006
Il semble que le gouvernement chiraquien soit si aveuglé par sa politique arabe qu’il refuse de voir sur le terrain la façon dont le Hezbollah, au mépris de la Résolution 1701, qui reprend les Résolutions 1559 et 1680, continue à s’armer et cherche par ses provocations à préparer le terrain pour une attaque majeure de... la Finul... Comment, pourquoi ? Juste en montrant du doigt le fait que la Finul n’empêche pas Israël de contrecarrer ses plans ! Voilà l’absurde (et très orientale) situation dans laquelle glisse peu à peu la France (d’où les réticences de Chirac à y aller en août)...
Et pour éviter de faire la guerre au Hezbollah, et donc à la coalition irano-syrienne, Chirac s’en prend à Israël via la manipulation d’une Michèle Alliot-Marie complètement dépassée par les événements, au moins autant que dans les affaires du Clémenceau et de Clairstream... (C’est dommage, parce qu’elle ne méritait pas cela, et aurait pu représenter l’alternative à Ségolène Royal...).
Pour le moment, elle sert de caution à une politique dangereuse, celle des nationaux-arabo-islamistes, avides de rayer Israël de la carte puisqu’il est évident que le Hezbollah et le Hamas marchent de conserve, poussés au feu par les khomeynistes qui n’ont pas d’autre solution, pour surmonter leur origine shiite, que de prouver aux sunnites qu’ils peuvent défaire Israël et ses alliés, et que la solution c’est le panislamisme (et non plus le retour du Mahdi) ce qui permettra de rallier tout le camp national-arabo-islamiste, des Frères musulmans à Al Keida...
Face à la complexité de cette machine, et à l’essoufflement du contre-feu américain à la suite respectivement du lâchage de l’Europe fomenté par le chiraquisme, et de la pression idéologique et culturelle formidable de l’alliance alter-islamiste (allant des anarchistes à la Chomsky aux néo-gaullistes chiraquiens en passant par le centre mou des démocrates américains, des sociaux-démocrates européens et des écolo-gauchistes à la Cohn-Bendit), il est clair que l’avant-garde de cette mouvance, à savoir précisément les nationaux-islamistes dominés désormais par les panislamistes khomenystes (ceux d’Al Kheida étant à la peine en Irak et en Afghanistan), et en passe d’avoir l’arme suprême, pensent avoir désormais le champ libre, d’où la pression actuelle au Liban et à Gaza.
On espère se tromper, et que tout cela se résoudra dans une belle embrassade fraternelle avec reconnaissance d’Israël par les puissances nationalistes arabes et iraniennes, échange de territoires, union douanière et économique ensuite, l’harmonie et la paix perpétuelle en cerise sur le gâteau ; sauf qu’un certain camp n’en veut pas, et exige qu’Israël rende des territoires (qui lui appartiennent pourtant) alors que lui par contre n’en cède jamais, surtout quand sa conquête remonte à plusieurs siècles (Afrique du Nord, Syrie, Egypte...) ou... à quelques années : ainsi la Turquie refuse de rendre une partie de Chypre et même interdit ses ports aux bateaux de la partie chypriote qui a échappé à ses serres...
Nous en sommes là, mais Chirac, et avec lui la majeure partie de la classe politico-médiatique mondiale, mâtinée de relativisme et de suffisance systémique et technocratique, refuse de voir qu’une confrontation majeure est voulue, et que certains la veulent inéluctable, même avant l’intervention anglo-saxonne en Irak ; puisque toutes les puissances arabo et pan-islamiques sont au pied du mur, ou la réforme ou la guerre, de larges franges en leur sein préfèrent celle-ci, refusant la mondialisation, au-delà de ses affres, puisqu’ils ne la dominent pas, et celle-ci le leur rend bien en les délaissant peu à peu au profit de contrées plus favorables, hormis quelques exceptions et portions abandonnées au tourisme nécessaire pour remplir la poche des tyrans et de leur affidés.
Dans ces conditions, leur solution consiste à islamiser et palestiniser leur société, c’est-à-dire à maintenir leur peuple sous cloche spirituelle et politique, à en faire des gueux aux cerveaux emplis de slogans envoûtants, afin de les forcer à devenir économes de cette consommation de confort et de désirs "occidentaux", (urbains et singuliers en réalité), à la haïr, jusqu’à s’habiller, tous, comme au VIIe siècle, relayés en ce sens par tout le courant antilibéral alter occidental rêvant de cette simili société écolo-austère aux côtés de laquelle Sparte aurait été une villégiature pour décadents endurcis.
Et tout ce magma cherche sa convection, puis sa concentration, enfin son explosion puisque rien, en interne, ne veut l’arrêter ; il est curieux et en même temps il n’est peut-être guère étonnant que cela soit au plus près du berceau des confluences entre Orient et Occident, là où sont nés conjointement l’écriture cunéiforme et le monothéisme, que se prépare une conflagration qui dessinera sans doute les formes nouvelles de la galaxie géopolitique à venir, dans laquelle nous avons deux solutions ; soit contenir l’irréparable en obligeant à la réforme ceux qui ne comprennent que la force, soit en dilapidant notre propre héritage, en le dissolvant à force de tolérance, à sens unique, au profit d’une aventure, celle qui se niche encore dans l’innommable, mais se laisse deviner peu à peu et se constitue sous nos yeux au Liban, à Gaza, en Irak, en Iran.
Jouer aux six bourgeois de Calais ne fera qu’empirer les choses, sans oublier le bon mot de Churchill quant au choix entre la guerre et le déshonneur... En ne voulant pas comprendre pourquoi Israël ne peut pas se contenter d’accumuler des formulaires de réclamation sur le bureau encombré du Conseil de sécurité quand il voit le Hezbollah se réarmer et aider le Hamas au nez et à la barbe de la Finul, le gouvernement chiraquien se trouve en première ligne pour lui aussi faire le choix entre Churchill et Chamberlin, entre de Gaulle et... Laval.