Le Pen a t-il torturé « parce qu’il fallait le faire » ?
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jeudi 22 novembre 2007
Ce soir à la télé, c’est Le Pen. Pas celui qui vient d’être réélu à l’unanimité à la tête du Front national. Pas le vieillard aux boutades douteuses, mais le lieutenant Le Pen, engagé volontaire en Algérie, en 1957, dans le premier régiment étranger parachutiste.
Sa « mission » n’aura duré que quelques mois mois, mais cinquante ans après on en parle encore. Car il nie tout, Jean-Marie Le Pen. Il faut dire que l’Etat français ne l’a jamais désavoué : « Pour la justice, il n’y a pas d’affaire Le Pen. À la fin de la guerre d’Algérie qui a fait 10 000 morts côté français et 500 000 côté algérien, des décrets d’amnistie interdisant toute poursuite contre les auteurs des violences ont été promulgués », explique Le Figaro.
Le réalisateur José Bougarel, comme d’autres écrivains, historiens, journalistes avant lui, rouvre ce soir ce dossier sur France 2, à 23 h 15, c’est-à-dire à une heure beaucoup trop tardive pour être honnête. Du côté de Le Pen, les choses sont claires. Il a toujours nié avoir torturé pendant cette période de sa vie, il le répète dans ce film. Les témoins, victimes de tortures, que l’on entend également dans le documentaire de José Bougarel donne plus d’épaisseur à cette histoire qu’il ne suffit pas de balayer d’un revers de main.
Mais l’intérêt de ce film, constate Le Figaro, c’est que son réalisateur ne se « contente » pas d’interviewer des témoins, mais aussi de chercher dans les archives, notamment cet article de Pierre Vidal-Naquet. A cette époque l’historien écrivait dans Vérité Liberté et, rapporte encore Le Figaro, « cite un rapport de police accusant Le Pen de torture ». Et cet autre article publié dans Combat dans lequel Le Pen aurait dit (mais il aurait démenti ce témoignage) : « j’ai torturé parce qu’il fallait le faire ».
Mais finalement la question de savoir si Le Pen a torturé ou non en Algérie est, pour reprendre un mauvais mot du président du FN, « un détail ». Il n’a pas été le seul à le faire. Cela n’excuse pas tout, mais derrière l’accusation justifiée qu’on lui porte il y a d’autres motifs évidemment politiques.
La vraie question n’est-elle pas d’essayer de comprendre comment cette torture a été voulue et validée par les gouvernements de l’époque, puis intégrée par les policiers et les militaires présents en Algérie. Et ce procès-là n’est pas prêt de se tenir.
Crédit photo : photos vintage