Afrique : poubelle pour les déchets toxiques occidentaux ?

par TSAKADI Komi
jeudi 7 septembre 2006

La Côte d’ivoire, un pays d’Afrique de l’Ouest, connaît actuellement une catastrophe écologique et sanitaire qui affecte plus de 1500 personnes et a fait trois morts.

Un navire russe, le Probo Koala, battant pavillon panaméen, exploité par une compagnie grecque, Prime Marine Management- INC, et affrété par une société hollandaise, Trafigura Beheer, a déversé 528 tonnes de déchets toxiques dans ce pays.

Selon Greenpeace, ce navire, parti d’Espagne, aurait longtemps navigué le long des côtes africaines avant d’accoster pour une vidange, le 19 août, au port d’Abidjan (capitale économique de la Côte d’ivoire de 4 millions d’habitants). Le liquide à vidanger - des boues issues du raffinage pétrolier, riches en matières organiques et en éléments soufrés très toxiques (hydrogène sulfuré, H2S et mercaptans) - aurait alors mystérieusement été notifié sous la qualification d’eaux usées, ce qui permet de s’affranchir des exigences de traitement.

La toxicité de ces déchets ainsi déversés sur neuf sites dans plusieurs quartiers d’Abidjan n’a été découverte qu’après le départ du bateau, qui a quitté le pays sans être inquiété, en direction de l’Estonie.

Si la compagnie grecque propriétaire du navire a bien reconnu avoir « vidangé » des déchets toxiques à Abidjan, et affirme que cette opération était « légale », et si les déchets ont été confiés à une société ivoirienne (société Tomi), il est évident qu’il y a violation flagrante de la Convention de Londres régissant l’immersion des déchets, et de la Convention de Bâle, qui interdit le transfert des déchets dangereux entre pays de l’OCDE et pays non membres de l’OCDE.

A la suite de ce scandale de déchets toxiques, le gouvernement du premier ministre Konan Banny a démissionné, et promet que "tous les responsables impliqués dans cette triste affaire seront sanctionnés. Il s’agit du Port autonome d’Abidjan, de la direction générale des douanes, du district d’Abidjan, des personnes reconnues coupables au ministère des Transports."

La France, répondant à l’appel à l’aide internationale lancé par les autorités ivoiriennes, a annoncé l’envoi « immédiat » d’ « une mission d’évaluation des risques de pollution ».

"Cette mission devra contribuer aux efforts des autorités ivoiriennes pour circonscrire les risques et limiter les effets de cette pollution sur les populations des quartiers touchés", précisait un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

L’Afrique victime de tous les maux : sida, famine, conflits armés, paludisme... deviendra -t-elle la poubelle pour les déchets toxiques occidentaux ?

Komi TSAKADI


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