Voyage interreligieux en Algérie
par Emmanuel Pic
mercredi 28 février 2007
Azzedine Gaci, Président du Conseil régional du culte musulman de Rhône-Alpes, et Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, se sont rendus ensemble en Algérie du 17 au 21 février. Ce voyage a été marqué par la visite de la délégation au Monastère de Tibhirine, où sept moines ont été assassinés dans des circonstances non encore élucidées.
L’initiative en revient à Azzedine Gaci : il y a un an, le bouillant président du CRCM rhônalpin s’était proposé de célébrer de cette manière les liens entre sa région et l’Algérie. Le voyage est devenu l’occasion de réaffirmer le souhait des responsables religieux lyonnais d’oeuvrer ensemble à la paix, par une meilleure connaissance réciproque. Le gouvernement algérien, non sans arrière-pensée, a pris à coeur cette visite, voulant en faire un geste fort de dialogue et d’accueil.
Le temps fort du voyage aura été, sans conteste, le passage au Monastère de Tibhirine. Là, il y a dix ans, sept moines chrétiens ont été enlevés, puis assassinés, sans que la lumière puisse être faite sur cette affaire ; nombreux sont ceux qui y ont vu une manipulation des services secrets algériens, voire du gouvernement lui-même.
Au-delà de cette démarche symbolique, le ministère algérien des Affaires religieuses, qui s’était imposé comme puissance invitante, a voulu faire du voyage une occasion d’affirmer la volonté de dialogue du gouvernement. C’est ainsi que la délégation a été amenée à participer à une table ronde interreligieuse à Constantine, et a rencontré à Alger les responsables des communautés chrétienne et musulmane.
La plupart des participants au voyage étaient des familiers du dialogue islamo-chrétien. Mais tous ont été marqués, sans doute, par la découverte de la vie concrète des communautés catholiques en Algérie : le très petit nombre de chrétiens, la simplicité dans laquelle vivent les prêtres et les religieux, l’absence imposée de prosélythisme, rendue encore plus obligatoire par le conflit dont l’Algérie commence à peine à sortir, en ont interrogé plus d’un. Cette situation contraste avec une autre réalité, qui n’a semble-t-il pas été abordée malgré son importance : l’expansion du christianisme évangélique, qui rencontre un succès certain auprès des jeunes des régions les plus délaissées du pays, comme la Kabylie. D’aucuns espèrent que cet événement pourra être l’occasion pour les catholiques de sortir de l’ombre dans laquelle ils étaient plongés.