Google & sphère privée = Microsoft & sécurité ?
par Didier Durand
lundi 23 janvier 2006
Google est depuis la semaine dernière à la une de l’actualité car l’administration américaine lui a demandé des données sur les requêtes sur son service pendant une semaine, afin de détecter si des enfants se trouvaient exposés à des sites pornographiques mal verrouillés.
Selon L’Expansion, cette opération est destinée à valider la pertinence du "Children’s Online Privacy Protection Act" (Microsoft le détaille en français) toujours très controversé aux USA.
Google n’est pas le seul à avoir reçu cette requête :
- Yahoo y a accédé. Mais, Zorgloob précise qu’ aucune information personnelle n’a été livrée.
- Microsoft Search vient de préciser ce qu’il a fait : il a livré un échantillon aléatoire de ses requêtes, en éliminant au maximum toutes les possibilités de corrélation personnelle sur ces données.
Alors, pourquoi ce refus catégorique ? Eh bien, je trouve la réponse de E. Felten, professeur d’informatique à l’Université de Princeton, parfaitement convaincante (même s’il l’a apportée au sujet de Google Vidéo) :
"Privacy is for Google what security is for Microsoft. At some point Microsoft realized that a chain of security disasters was one of the few things that could knock the company off its perch. And so Bill Gates famously declared security to be job one, thousands of developers were retrained, and Microsoft tried to change its culture to take security more seriously.
It’s high time for Google to figure out that it is one or two privacy disasters away from becoming just another Internet company. The time is now for Google to become a privacy leader".
En effet, il y a deux ou trois ans, Microsoft était devenu la risée de tout l’Internet avec les catastrophes sécuritaires qui s’accumulaient chaque semaine sur Windows. Depuis, Microsoft a fait amende honorable et consacre des sommes et des moyens considérables à la sécurisation de son système d’exploitation phare.
Google possède aujourd’hui plus de 40 services recensés. Certains ont déjà échafaudé des "films catastrophes" sur le croisement et la divulgation des données très personnelles
issues de ces services. L’ampleur (potentielle) de ces catastrophes
augmente à chaque fois que Google prend pied dans un nouveau média : télévision, radio, etc.
Google ne souhaite certainement pas vivre la même catastrophe "médiatique" que celle qui avait quasiment "tué" Doubleclick en 2000 !
Aussi respecte-t-il dès aujourd’hui la vision de E. Felten au sujet de quelques catastrophes dans respect de la sphère privée : il crée un très fort battage médiatique (le battage, il connaît...) autour de son refus, afin de bien montrer qu’il s’érige en champion incontestable de ce domaine, afin de (re)dorer encore son blason auprès de ses utilisateurs et des analystes financiers (qui voient déjà des conséquences à cette affaire).
Malin, comme tactique, non ?