Anthropologie non conventionnelle

par ZEN
lundi 13 décembre 2010

Eléments pour une cacalogie universelle du point de vue culturel

Comme disait Térence "Rien de ce qui est humain ne m'est étranger"

C'est par les petites choses que l'on apprend souvent beaucoup sur les hommes.

Le corps, comme objet d'étude, entre nature et culture, ne peut être objet de mépris pour le médecin, le psychologue ou l'anthropologue.
Donc, parler de la merde, dans tous ses états ne peut choquer. C'est un objet d'étude comme un autre.
Il existe déjà des recherches sur les rapports normés culturellement de l'homme avec les déjections de son corps.


Emmerdant, ce sujet ? Terrain glissant ? Caca ? Non !..
Pour commencer, il ne faut pas oublier l'intérêt économique que certaines cultures ont pu y voir :« La science, après avoir longtemps tâtonné, sait aujourd'hui que le plus fécondant et le plus efficace des engrais, c'est l'engrais humain. Les Chinois, disons-le à notre honte, le savaient avant nous. Pas un paysan chinois, c'est Eckeberg qui le dit, ne va à la ville sans rapporter, aux deux extrémités de son bambou, deux seaux pleins de ce que nous nommons immondices. Grâce à l'engrais humain, la terre en Chine est encore aussi jeune qu'au temps d'Abraham. Le froment chinois rend jusqu'à cent vingt fois la semence. Il n'est aucun guano comparable en fertilité au détritus d'une capitale. Une grande ville est le plus puissant des stercoraires. Employer la ville à fumer la plaine, ce serait une réussite certaine. Si notre or est fumier, en revanche, notre fumier est or.Que fait-on de cet or fumier ? On le balaye à l'abîme. » (Victor Hugo)
Caca précieux, donc, dans ce cas..qui pose aussi des problèmes sanitaires .

__Sujet non orthodoxe à première vue, mais intéressant à bien des points de vue. Arte a même osé faire une recherche sur ce sujet supposé peu attractif. Pas inintéressant non plus du point de vue de l'historien.
___Rien ou presque rien n'échappe chez l'homme à l'influence de la culture, à la force de l'éducation, même en ce qui concerne les fonctions jugées les plus triviales, voire les plus basses, les plus répulsives. L'alimentation, les manières de tables, les produits et habitudes alimentaires obéissent à des codes qui nous échappent habituellement, mais qui peuvent être décryptés
La défécation aussi, aboutissement logique et vital de la fonction alimentaire , même si c'est à un moindre degré.
Les lieux imposés, les postures, les fréquences,les sentiments ambivalents éprouvés, à base de répulsion, subissent aussi les codes culturels.
 
Le langage en est lui-même marqué. Le langage scatologique est au premier plan pour exprimer le rejet, le dégoût, le mépris. Même sous la plume du divin Mozart, pas seulement chez Rabelais. Le mot de Cambronne fréquente aussi bien la littérature, que les expressions les plus courantes, de manière crue ou atténuée ("crotte", alors !...)
_Que ce soit dans la vie "normale" ou dans les comportements de type "pervers", au sens freudien du terme, l'attraction/répulsion de la chose et du mot est présent. La coprophilie ou la coprophagie s'exprime parfois de manière étonnante. Les fantasmes liés à cette fonction tournent autour de tendances sadiques, destructrices. Il existe bien des bizarreries sociales et individuelles névrotiques en ce domaine, presque inconcevables, même dans le domaine mystico-religieux.
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Il faut remonter à la prime enfance pour comprendre l'ambivalence des sentiments humains vis à vis d'une fonction qui n'est pas maîtrisée de manière innée, pour des raisons physiologiques, mais qui se construit peu à peu. Vers deux ans, au "stade anal", le bébé est naturellement attiré/fasciné par son "oeuvre" fécale, objet de fierté, encouragé par ses parents qui sollicitent son narcissisme pour l'éducation à la propreté. Mais cette attraction est aussi vite combattue par l'entourage, réprimée et refoulée pour des raisons sociales. Refoulée, mais pas oubliée. L'inconscient n'oublie rien. L'attraction se retourne en son contraire (mécanisme pulsionnel classique) et devient dégoût. Le "caca" va être symbole de tout ce qui doit être rejeté, méprisé, condamné moralement. C'est le début de la mise en place des codes moraux. Quoi de plus méprisant que de traiter quelqu'un de "grosse merde" ?

Son rapport avec l'argent, avec l'avarice a été aussi mis en évidence, dans certaines névroses, mais aussi dans les comportements ordinaires.
Une anthropologie des odeurs est à relier bien sûr à cette fonction. Avec cette particularité : c'est l'odeur des autres qui nous répugne, pas la nôtre...Une trace du stade anal où le narcissisme de l'enfant, qui ne dissociait pas son produit de lui-même, se complaisait à l'admirer, avant que le sur-moi et le refoulement fassent leur oeuvre ?

Le pet peut-être objet d'étude pour le chimiste ou le médecin, pas seulement occasion de blagues plus ou moins mal odorantes...
L'appréciation des odeurs sont relatives à l'éducation et à la culture.
Le "nez " se constitue au coeur des civilisations et de l'histoire.

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