Philippe de Villiers imprime ses livres en Hongrie
par Jean-Michel Aphatie
mercredi 24 mai 2006
Quand il est sorti, voilà un mois, le livre de Philippe de Villiers a fait sensation. Les mosquées de Roissy (Albin Michel) dénonçait l’infiltration du grand aéroport international par des militants islamistes radicaux. A l’appui, l’auteur publiait des fac-similés de rapports dont l’origine comme le sérieux ont été par la suite contestés.
Voici trois semaines environ, Philippe de Villiers a souhaité pouvoir venir reparler, un matin, du livre et de son contenu. Après une occasion manquée, à cause de l’affaire Clearstream, le rendez-vous s’est concrétisé aujourd’hui, à 7h50, sur RTL.
Il faut distinguer dans le propos de Philippe de Villiers ce qui fait polémique - la présence d’éléments islamistes radicaux parmi le personnel de Roissy - de ce qui correspond à une préoccupation ou à un fantasme, chacun choisira son terme, dans les profondeurs de la société française. La peur de l’islam, de sa progression, sont une donnée repérée depuis longtemps. Le thème, davantage que le sujet, est rarement abordé, pour la seule raison que traiter des religions dans le débat public est infiniment difficile. Du coup, le sentiment s’est installé d’un tabou que Philippe de Villiers se flatte de briser, avec un certain succès selon lui, repérable plutôt grâce à la vente des livres que par sa progression dans les sondages.
Sur le fond, le débat reste entier. Que certains éléments utilisent la religion, l’islam donc, pour mener une action explicitement dirigée contre les institutions de la République ou la culture occidentale au sens large, est une évidence. Quant à en évaluer l’ampleur, c’est beaucoup plus délicat. Philippe de Villiers le fait avec l’exagération de qui veut obtenir les suffrages de ses concitoyens. Il n’est pas sûr qu’un sociologue ou un enquêteur méthodique décrirait le phénomène avec la même charge angoissante.
A propos du livre lui-même, cette curiosité : il a été imprimé en Hongrie. Pourquoi ? Pour préserver le secret, affirme son éditeur. Cocasse, tout de même, pour un auteur qui ne cesse de dénoncer les méfaits d’une Europe marchande. Saisi de cette contradiction, ce matin, au micro de RTL, Philippe de Villiers s’en est sorti en affirmant en substance qu’il aimait beaucoup les Hongrois. Bien vu, et bravo les Hongrois...