Et si nous imitions les Chinois ?
par politzer
mardi 3 juin 2025
L'article de Bastien Bonnefous, publié dans Le Monde le 18 mai 2025, met en lumière les contradictions de l'attractivité économique de la France à l'occasion du sommet Choose France 2025, tenu à Versailles. Conclusions : pas terrible !
Si pour s en sortir nous imitions la politique chinoise ?
Adopter un système économique similaire à celui de la Chine impliquerait une transformation profonde de l'économie française, avec un rôle central de l'État, une planification stratégique et un contrôle accru sur les secteurs clés. Voici les mesures que la France pourrait envisager, en s'inspirant du modèle chinois, tout en tenant compte des spécificités nationales et des contraintes européennes :
1. Renforcement de la planification étatique
Planification centralisée : Mettre en place des plans quinquennaux, comme en Chine, pour définir des priorités économiques (ex. : transition énergétique, IA, industrie verte). Cela impliquerait la création d'une agence centrale, semblable à la Commission nationale du développement et de la réforme (NDRC) chinoise, pour coordonner les investissements publics et privés.
Subventions massives : Allouer des fonds publics à des secteurs stratégiques (ex. : semi-conducteurs, batteries électriques), comme le fait la Chine avec des entreprises comme CATL ou BYD, pour concurrencer les géants mondiaux.
Contrôle des ressources critiques : Nationaliser ou encadrer strictement l'accès aux matières premières (lithium, terres rares) pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement.
2. Rôle dominant des entreprises publiques
Renforcement des champions nationaux : Transformer des entreprises comme EDF, Airbus ou Renault en outils stratégiques de l'État, avec une participation majoritaire du gouvernement, à l'image des entreprises d'État chinoises (SOEs) comme Sinopec ou China Mobile.
Investissements à l'étranger : Encourager ces entreprises à acquérir des actifs stratégiques à l'international (ports, mines, technologies), comme le fait la Chine via l'initiative Belt and Road.
Soutien aux PME stratégiques : Créer des partenariats public-privé pour intégrer les PME dans les chaînes de valeur des grandes entreprises publiques, réduisant leur dépendance aux multinationales étrangères.
3. Contrôle des investissements étrangers
Filtrage strict : Renforcer le contrôle des investissements étrangers, comme le fait le Comité d'examen des investissements étrangers en Chine, pour protéger les secteurs sensibles (ex. : santé, défense, technologies). Cela pourrait inclure des restrictions sur la vente d'actifs stratégiques, comme le Doliprane mentionné dans l'article.
Réciprocité : Exiger des entreprises étrangères (ex. : américaines, chinoises) un accès équivalent aux marchés étrangers pour investir en France, à l'instar des pratiques chinoises.
4. Politique industrielle protectionniste
Barrières douanières ciblées : Imposer des droits de douane sur les importations concurrentes, comme la Chine le fait pour protéger ses industries naissantes (ex. : véhicules électriques). Cela pourrait contrer la surproduction chinoise mentionnée dans l'article.
Soutien à l'innovation locale : Financer massivement la R&D via des instituts publics et des partenariats avec le privé, à l’image des laboratoires d’État chinois, pour réduire la dépendance aux technologies étrangères.
Relocalisation forcée : Inciter ou obliger les multinationales à produire localement en échange d'avantages fiscaux, comme le fait la Chine pour Apple ou Tesla.
5. Contrôle monétaire et financier
Stabilité du taux de change : Maintenir un contrôle strict sur l'euro (bien que cela soit compliqué dans le cadre de l'UE) pour favoriser les exportations, comme la Chine avec le yuan.
Marchés financiers encadrés : Limiter la spéculation étrangère sur les marchés français et orienter les investissements vers des priorités nationales, à l’image des restrictions chinoises sur les flux de capitaux.
6. Main-d'œuvre et productivité
Formation centralisée : Mettre en place des programmes nationaux de formation pour aligner les compétences sur les besoins industriels (ex. : IA, énergie verte), comme le fait la Chine pour soutenir sa montée en gamme technologique.
Flexibilité sociale : Réformer le droit du travail pour réduire les coûts salariaux dans certains secteurs, tout en garantissant un filet social via l’État, à l’image du modèle chinois où les syndicats sont subordonnés au Parti.
7. Communication et soft power
Propagande économique : Promouvoir une narrative de "renaissance industrielle" française via des campagnes médiatiques, similaires à celles du Parti communiste chinois vantant la "puissance nationale".
Diplomatie économique : Lancer des initiatives internationales, comme des partenariats en Afrique ou en Asie, pour sécuriser des marchés et des ressources, à l’image de la Belt and Road.
Contraintes et limites
Contexte européen : L’appartenance à l’UE limite la capacité de la France à adopter des mesures protectionnistes ou à contrôler sa monnaie, contrairement à la Chine, qui jouit d’une souveraineté économique totale.
Résistance sociale : Les réformes inspirées du modèle chinois (ex. : flexibilisation du travail, contrôle étatique accru) pourraient provoquer des mouvements sociaux, comme ceux observés en France face aux réformes macronistes.
Dépendance technologique : La France ne dispose pas encore de l’autonomie technologique de la Chine dans des secteurs comme l’IA ou les semi-conducteurs, ce qui nécessiterait des investissements colossaux.
Critiques internationales : Un virage protectionniste pourrait entraîner des représailles commerciales, notamment de la part des États-Unis ou de l’UE elle-même.
Conclusion
Adopter un système économique à la chinoise impliquerait un interventionnisme d’État massif, une priorisation des champions nationaux, et un protectionnisme ciblé pour contrer les vents contraires mentionnés dans l’article (concurrence chinoise, déclin industriel). Cependant, le cadre européen, les attentes démocratiques et les réalités sociales françaises imposeraient des adaptations majeures. Une telle transition nécessiterait un consensus politique fort et des investissements massifs, tout en risquant des tensions internes et externes.