Le mythe du métier à vie face aux mutations du travail

par Noémie Verger
mercredi 4 juin 2025

Longtemps considéré comme un idéal de stabilité, le métier unique tout au long de la vie professionnelle semble aujourd’hui appartenir au passé. L’évolution rapide des technologies, la transformation des organisations et l’instabilité économique redéfinissent le rapport au travail. Dans ce contexte en perpétuel mouvement, les parcours linéaires laissent place à des trajectoires multiples, faites de reconversions, de formations continues et d’adaptabilité constante. 

 

Le métier à vie, une idée dépassée

Penser qu’on fera le même métier toute sa vie n’a plus vraiment de sens aujourd’hui. Le monde du travail évolue trop vite pour que cette vision reste réaliste. Longtemps considérée comme un idéal de stabilité, cette idée ne correspond plus aux parcours professionnels actuels. Aujourd’hui, on change plus facilement d’entreprise, de fonction, voire de métier. Et ce mouvement ne fait que s’accélérer. Les carrières linéaires, stables, dans un seul domaine, appartiennent de plus en plus au passé. D’après un article publié par Les clés du social en avril 2023, « en France, en 2019, 37 % des salariés ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite ». Et plus on est jeune, plus l’idée de garder un seul métier semble irréaliste.

 

Des exceptions qui confirment la règle

Certains métiers spécialisés, comme ceux de médecin, avocat, juge ou pilote d’avion, peuvent donner l’impression d’une stabilité professionnelle. Le document de l’ONISEP (Le même métier toute sa vie, 2020) précise que ces professions reposent sur des compétences pointues, appliquées tout au long de la carrière. Mais même là, le travail n’est pas figé : on change d’environnement, on évolue en grade, les pratiques se modernisent. Ces cas restent minoritaires. Dans la majorité des secteurs, les travailleurs doivent s’adapter à des changements rapides et fréquents.

 

Un monde du travail en pleine mutation

Depuis les années 1960, le travail connaît des mutations profondes, accentuées par la crise sanitaire de 2020. Selon Lumni (2021), « la crise sanitaire a accéléré la mutation du monde du travail ». Le télétravail, la robotisation ou encore les reconversions sont devenus des éléments de plus en plus importants dans le domaine professionnel. Dans Le Monde (2022), l’avocate Emmanuelle Barbara parle même d’« un nouvel agencement de notre société du travail ». Ces transformations s’accompagnent d’un mal-être croissant. Selon une enquête citée dans Sciences Humaines (2023), près d’un Français sur deux a envisagé de changer de métier. Parmi les causes les plus citées : la perte de sens (27 %), les conditions de travail (23 %), le salaire (22 %), la pression (20 %), ou encore les problèmes de santé (16 %).

 

Des parcours professionnels multiples, une nouvelle norme

Aujourd’hui, changer de métier est devenu courant, voire nécessaire. La sociologue Marie-Anne Dujarier affirme dans Idées reçues sur le travail (2023) que « chacun aurait dorénavant plusieurs vies professionnelles ». Et ces changements peuvent être porteurs d’épanouissement, surtout lorsqu’ils sont choisis. Dans Transition Pro (2024), on insiste sur l’importance d’anticiper la reconversion : « Ne pas attendre le point de non-retour, anticiper et commencer à se renseigner sur les différentes options permet de se projeter et de retrouver de la motivation. »

Les jeunes ne croient plus à l’idée d’un métier unique. Dans La Nouvelle République (2025), des psychologues scolaires expliquent que l’orientation doit être vue comme un processus : « On a mis dans beaucoup de têtes qu’il fallait à tout prix avoir une idée de métier à 14 ans », regrette la psychologue Christine Rigondaud. Bruno Thomas ajoute : « Aujourd’hui on ne fait pas le même métier toute sa vie. C’est pour ça qu’on conseille de se faire plaisir dans les choix. » Ce changement de regard est essentiel pour préparer les générations futures à une carrière souple, évolutive et adaptée à leurs envies personnelles.


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