Fin de la guerre en Ukraine bientôt, dans quelques semaines. La voix de la raison l’emporte, les pays européens y seront pour leurs frais
par Hamed
lundi 17 mars 2025
L'envoyé spécial du président américain, Steve Witkoff, a déclaré aujourd'hui, 16 mars, que le président américain Donald Trump s'attend à un cessez-le-feu en Ukraine « d'ici quelques semaines ». Avant cela, le 13 mars, le président russe Vladimir Poutine et M. Witkoff avaient eu des entretiens. Le président américain Donald Trump les q qualifiés de « bons et productifs ».
Que peut-on dire ? C’est très positif pour cette guerre qui dure depuis trois ans et est entrée à sa quatrième année. Une guerre en réalité qui n’a pas de sens, sauf pour ceux qui ne voient pas très bien la marche de l’histoire, et s’entêtent à voir grand alors qu’ils sont déraisonnables ; ils ne comprennent pas très bien l’équilibre de puissance sur le plan mondial.
Et cette nouvelle qui tombe aujourd’hui comme le déclare le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Mike Walz, dans une interview. « La non-inclusion de l'Ukraine dans l'Alliance de l'Atlantique Nord, ainsi que l'accord sur les métaux rares et la renonciation de Kiev à certains territoires font partie du plan américain pour résoudre le conflit militaire en Ukraine, en échange, Kyiv bénéficiera de garanties de sécurité, »
Et les territoires en question sont les quatre régions du Donbass : Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia, et la Crimée. Comme l’explique Mike Walz : « À la question d’un journaliste demandant si le Donbass serait remis à la Russie, M. Walz a répondu ainsi : « Nous devons nous demander si cela est dans notre intérêt national. Est-ce réaliste ? Nous en avons parlé avec des Européens et des Ukrainiens. Allons-nous chasser tous les Russes de chaque centimètre carré du territoire ukrainien, y compris de Crimée ? Nous pouvons parler de ce qui est bien et de ce qui est mal. « Et nous devons également parler de la réalité de la situation sur le terrain », a déclaré l’assistant présidentiel. Il a ajouté qu'il était choqué par les critiques à l'encontre de cette position.
Quant au gouvernement ukrainien, s’il a accepté que la ligne de contact actuelle soit gelée et que certains des territoires ukrainiens perdus restent sous le contrôle de la Russie dans le cadre du cessez-le-feu, la cession de territoires supplémentaires constituerait une ligne rouge pour l’Ukraine.
Mais si les États-Unis avancent dans cette voie, la cession des régions de l’est de l’Ukraine revendiquées par la Russie, que peut le gouvernement ukrainien pour contredire la Maison Blanche, quand on sait qu’il dépend de l’aide américaine. On peut même dire que, dans cette guerre, l’Ukraine a certes voulu récupérer les régions annexées par la Russie mais a mené une guerre « par procuration » pour le compte de l’Europe et l’ancienne administration américaine.
Mais voilà, l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche a changé les donnes. D’autant plus que la guerre est dans l’impasse ; l’Ukraine partout est en recul ; elle tient certes sur les lignes de front malgré quelques prises de villages ukrainiens par la Russie ; les attaques ukrainiennes en profondeur sur la Russie sont pratiquement quotidiens et ne sont possibles que grâce à l’aide occidentale, en particulier américaine.
Force de dire qu’il y a une certaine urgence pour régler le conflit. Et le président Trump y veille de mettre fin à cette guerre qui a trop duré et qui risque d’avoir des conséquences graves pour l’Occident. Ne répète-t-il pas qu’elle peut mener à une Troisième Guerre mondiale. Et il a des raisons de le dire ; la Russie n’abandonnera jamais les populations d’origine russe qui sont majoritaires dans les régions de l’est de l’Ukraine comme elle refuse que l’Ukraine rejoigne l’Otan.
Pour la Russie, le danger est que l’Ukraine, intégrant l’Otan, aidée par les Occidentaux ne devienne une puissance nucléaire et constituera un péril à ses frontières. Mettant en joue nucléaire les deux grandes villes russes, la capitale Moscou, et la deuxième ville, Saint-Pétersbourg, et les autres villes russes. L’Ukraine sera alors la Corée du Nord pour la Russie, et bien plus proche, alors que la Corée du Nord est à plus de 10 000 km des États-Unis.
Steve Witkoff, l’envoyé spécial du président américain, lors d’une interview accordée à CNN ce 16 mars, a annoncé qu'un entretien téléphonique entre les présidents de la Russie et des États-Unis, Vladimir Poutine et Donald Trump, était prévu la semaine prochaine. Il a précisé que sa rencontre avec le chef d’État russe au Kremlin dans la soirée du 13 mars avait duré trois à quatre heures et s’était déroulée dans un climat « positif », la qualifiant de « discussion fondée sur la recherche de solutions ».
Interrogé sur la date à laquelle pourrait être conclu un accord de cessez-le-feu, Steve Witkoff a déclaré : « Le président [américain] évoque un délai de plusieurs semaines et je partage son avis. J’espère vraiment que nous allons voir de réels progrès en la matière. »
Il est évident que Poutine et Trump, en tant que présidents des deux superpuissances mondiales, ne peuvent qu’avoir la même approche ; et s’ils partagent la volonté de mettre un terme au conflit en Ukraine, c’est qu’ils craignent des dérapages ; plus la guerre dure, plus un conflit nucléaire devient possible. Bien sûr, il n’est possible que si l’Europe et les États-Unis campent sur leur position comme cela a été avec le précédent président américaine Joe Biden et l’Europe.
Donc si l’accord sur l’Ukraine prévoit la cession de territoires dans la région du Donbass par Kiev, c’est qu’il est un passage obligé pour mettre fin au conflit.
Concernant la position russe par rapport à la conclusion d’un accord du cessez-le-feu, le conseiller présidentiel Iouri Ouchakov a clairement affirmé que la Russie était contre la proposition d’un cessez-le-feu temporaire de 30 jours, qui avait été discutée à Djeddah entre les États-Unis et l’Ukraine. Il a souligné que cette initiative ne servirait qu’à accorder un répit aux forces ukrainiennes, leur permettant de regrouper leurs troupes et de poursuivre le conflit dans de meilleures conditions.
En effet, le cessez-le-feu n’aurait aucun sens si, après trente jours, les combats reprenaient. Et la même situation d’impasse. Forcément une guerre qui se prolonge alors que la Russie a patienté pour voir ce qui sortira de la nouvelle administration américaine en novembre 2024 Espèrera-t-elle en Donald Trump qui n’a pas cessé de déclarer qu’il règlerait la guerre en Ukraine en « 24 heures » s’il était élu. Si c’était le cas, la patience de la Russie a été payante ; si ce n’était pas le cas, Joe Biden reconduit ou Kamala Harris élue, la situation aurait été extrêmement néfaste pour la Russie et pour l’Occident ; rien n’exclurait qu’elle pourrait déboucher sur une guerre nucléaire. Et là, ce serait trop tard ; l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord ne sauverait pas l’Europe du fait que les États-Unis aideraient certes les pays européens touchés mais ne mettraient jamais en danger le territoire américain en ordonnant une riposte nucléaire contre la Russie.
Une Troisième Guerre mondiale équivaudrait à dire : « Moscou, Saint-Pétersbourg, Washington, Paris, Londres… toutes touchées par le feu nucléaire avec des dizaines de millions de morts. » Pour quelle raison ? Pour venir au secours de l’Ukraine ou des pays d’Europe, membres de l’Otan ? Une telle éventualité « aller vers un suicide mutuel » est impossible ni pour les États-Unis ni pour les puissances nucléaires européennes, la France et le Royaume-Uni.
On comprend pourquoi Trump doit prendre en compte les préoccupations légitimes de la Russie ; et c’est ce que doit refléter l’accord de paix entre la Russie et l’Ukraine et viser un règlement pacifique à long terme. Et, tout laisse à penser qu’il ne saura tarder qu'une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump soit organisée pour restaurer la confiance entre les deux pays.
Il y a une petite remarque à dire à propos de Trump et de son envoyé spécial Steve Witkoff à Moscou. Comme le rapportent les médias : « Une indication que Donald Trump repousse les tentatives de monter Moscou et Washington l’un contre l’autre est son indignation face aux informations selon lesquelles son envoyé spécial Witkoff aurait dû attendre plus de neuf heures à Moscou pour une réunion avec le président Poutine. « Pourquoi ne peuvent-ils pas être honnêtes une seule fois ? » — Le président Trump s’est indigné, déclarant qu’« en réalité, il n’y avait aucune attente ». Il a qualifié les auteurs de messages sur ce sujet de « dégénérés malades ».
« Il y a eu d’autres réunions avec des représentants russes, qui ont évidemment pris du temps, mais qui ont été très productives. Après cela, tout a été rapide et efficace, et tous les signaux, je l'espère, étaient très bons ! « En conclusion, je tiens à dire qu’il n’y a pas eu d’attente de neuf heures, ni même d’attente du tout », a ajouté Trump. »
Ceci indique le degré de confiance de Donald Trump avec le chef du Kremlin. Il est évident que le président Trump veut que cette guerre cesse. Et certainement de nouvelles réunions se tiendront entre les représentants de la Russie, des États-Unis et de l’Ukraine. On comprend pourquoi le président américain s'attend à ce qu'un accord de cessez-le-feu soit conclu « dans quelques semaines ». Et la voix de la raison est en train de l’emporter dans les tractations en cours entre les deux superpuissances mondiales.
Dans ces tractations, il ne faut pas oublier l’Europe. En effet, dans le même temps, les alliés européens de Kiev se sont réunis lors d'un sommet informel à Londres, le dimanche 16, pour convenir de la manière d'accroître la pression sur Moscou pour un cessez-le-feu immédiat et ont annoncé la création d'une « coalition des volontaires » pour envoyer des troupes en Ukraine.
Alors que Washington a évalué positivement la position de Moscou sur le cessez-le-feu, Kiev et ses alliés européens l'ont accusé de chercher à saper la mise en œuvre de l'initiative convenue lors des pourparlers américano-ukrainiens de Djeddah.
Après avoir à peine fait la paix avec le président Trump, Volodymyr Zelensky a une fois de plus commencé à lui dire quoi faire, exigeant que les États-Unis augmentent la pression sur Moscou. « Il est de la responsabilité de nos partenaires de veiller à ce que la Russie soit prête à mettre fin à la guerre. Poutine ne le fera pas tout seul. Les forces américaines sont suffisantes pour exercer la pression nécessaire sur Moscou. « Tout ce qu’il faut, c’est de la détermination », a écrit Zelensky sur sa chaîne Telegram.
De même, le groupe de soutien européen à l’Ukraine, dirigé par le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron, démontre sa détermination à poursuivre sur la même voie, en armant l’Ukraine et en augmentant la pression des sanctions sur Moscou.
« Le monde a besoin de voir des actes, et non d'observer des paroles creuses et des conditions dénuées de sens étudiées », a commenté Keir Starmer à propos de la réticence de Moscou à un cessez-le-feu immédiat.
« Si la Russie vient enfin à la table des négociations, nous devons être prêts à surveiller le cessez-le-feu pour garantir une paix forte et durable. « Si elle ne le fait pas, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour augmenter la pression économique sur la Russie et mettre fin à cette guerre », a déclaré le Premier ministre britannique, qui a lancé dimanche un sommet virtuel de 25 dirigeants occidentaux sur l'Ukraine.
Un autre résultat du sommet de Londres a été l’accord conclu par ses participants pour former une « coalition des volontaires » afin de déployer leurs troupes en Ukraine pour assurer la paix après la résolution du conflit. La liste des pays qui feront partie de la « coalition des volontaires » n’a pas encore été dévoilée, mais les chefs militaires de ces pays se réuniront à Londres le 20 mars pour discuter de la « phase opérationnelle » de l’initiative – les étapes spécifiques et les engagements de tous ceux qui souhaitent participer au projet.
Keir Starmer lui-même admet cependant que la mise en œuvre de cette initiative nécessitera des garanties de sécurité pour le contingent militaire de la « coalition des volontaires » des États-Unis. « J’ai clairement indiqué que cela devait être fait en coopération avec les États-Unis. « Nous parlons avec la partie américaine tous les jours », a-t-il déclaré, ajoutant que la coalition des États occidentaux « renforcera la défense de l'Ukraine » et, si nécessaire, devrait être prête à la défendre « sur terre, sur mer et dans le ciel ».
Quant au président français Emmanuel Macron, il a également fait un certain nombre de nouvelles déclarations belliqueuses qui vont à l'encontre des efforts de l'administration américaine pour établir un dialogue avec la Russie. « Si l'Ukraine demande la présence de forces alliées sur son territoire, ce n'est pas à la Russie de décider de l'accepter ou non », a averti M. Macron, dans un entretien au journal Le Parisien.
Il a également envisagé la possibilité que Paris fournisse à l'Ukraine des chasseurs Mirage 2000 supplémentaires, après avoir conclu un accord avec les pays où ils restent en service,
Que peut-on dire de la réaction, des pays européens, notamment du Royaume-Uni et de la France ?
Une réaction tout à fait normale, ils ne veulent pas être sur la touche. Ils veulent donc participer au match qui se joue entre les États-Unis et la Russie sur l’Ukraine. Mais le peuvent-ils ? Ont-ils les moyens ? Faire du bruit avec des mots rapportés par les médias ne suffit pas. Une chose cependant, ce qui adviendra de la guerre en Ukraine leur apprendra beaucoup, sur le plan de la sécurité mondiale ; ils prendront conscience qu’ils ne comptent pas ; cela se joue entre les deux Grands, la Russie et les États-Unis ; les pays européens en feront les frais, c’est inévitable. Mais ce sera une leçon pour l’avenir. Leur servira-t-elle ? Ce n’est pas si sûr.
Medjdoub Hamed
Chercheur