L’Europe élabore des « centres de retour » pour les migrants illégaux

par Patrice Bravo
lundi 17 mars 2025

La Commission européenne durcit sa politique migratoire et introduit des « centres de retour », des camps de déportation vers lesquels les migrants seront envoyés. Bruxelles a présenté un nouveau plan de réforme du système migratoire de l'UE qui comprend des mesures plus strictes pour rapatrier (déporter) les migrants illégaux. 

Dans le cadre de cette initiative, les demandeurs d'asile déboutés seront envoyés vers des « centres de retour » situés en dehors de l'UE. La Ligue des droits de l'homme ou Human rights watch craignent que ces déportations portent atteinte aux droits des migrants et tout simplement aux droits humains. 

La Commission européenne propose de créer des « centres de retour » hors des frontières de l'UE. « Dévoilé mardi 11 mars à Strasbourg, le projet de règlement européen sur les retours envisage la création de centres pour accueillir les migrants expulsés hors du territoire de l'UE. Il durcit également les conditions de retour des personnes en situation irrégulière », stipule Toute l'Europe

Pour faire humanitaire la Commission européenne évoque, selon Le Figaro, des « hubs de retour » pour migrants. Il est question de « réformer la directive de 2008 en la matière, accusée d’être obsolète et appliquée de façon trop disparate par les Vingt-Sept », souligne le quotidien français. « Mise sous pression par plusieurs États membres et par un débat public de plus en plus virulent sur le sujet, Bruxelles est aujourd’hui forcée de durcir sa politique migratoire, après s’être vu réclamer une loi en urgence à l’automne dernier, à l’occasion du sommet européen du 17 octobre », continue Le Figaro. Au final, les partis du centre démocratique de l'UE organisent la déportation d'êtres humains dans des camps qui se trouvent en dehors de l'UE. C'est, donc, une déportation légalisée après avoir décidé de faire venir des millions de migrants en 2015 en ouvrant illégalement les frontières de l'UE. 

Toute l'Europe souligne que le projet avait été annoncé par la présidente allemande de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans ses orientations politiques de juillet 2024 et que le texte avait été demandé par le Conseil européen en octobre. 

Selon la Commission européenne, quatre personnes sur cinq ayant reçu l'ordre de quitter l'UE ne respecteraient pas cette décision. Une situation que le commissaire européen aux Affaires intérieures et à la Migration, Magnus Brunner, a jugé lundi « non acceptable ». « Si nous, les partis du centre démocratique, ne nous attaquons pas à ce problème, nous perdrons totalement la confiance des citoyens », a-t-il ajouté, qualifiant le sujet de « question existentielle », note le site web francophone consacré à la diffusion d'informations sur les questions européennes. 

Déportation d'êtres humains dans des camps en dehors de l'UE. L'une des dispositions les plus débattues du règlement concerne la possibilité de créer des « centres de retour » (« hubs de retour ») dans des pays hors de l'UE, au gré des accords conclus par chacun des Etats membres ou par l'Union européenne avec ces pays. Ceux-ci auraient alors la capacité d'accueillir les migrants expulsés du territoire européen. Ces « hubs de retour » sont, en fait, des camps de déportation pour y placer les êtres humains qui cherchaient une vie meilleure en UE et que l'UE avaient fait venir en masse. 

Pour Toute l'Europe ce programme pose des questions fondamentales sur les droits humains. En effet, il est question, ici, de déportation de personnes, rappelant des programmes politiques de la Seconde Guerre mondiale en Europe pour certaines populations indésirables : « Selon le texte également, les centres de retour ne seraient mis en place que dans des pays respectant des conditions précises en matière de droits fondamentaux. La Commission européenne prévoit d'établir une liste commune de ces pays sûrs d'ici le mois de juin, voire plus tôt selon le commissaire aux Migrations. Les familles avec mineurs et les mineurs non accompagnés ne pourraient pas non plus être renvoyés vers les centres de retour [camps de déportation]. Plusieurs organisations de défense des droits humains, comme la Ligue des droits de l'homme ou Human rights watch, craignent néanmoins que la pratique ne porte atteinte aux droits des migrants ». 

Au Figaro TV, Pierre Vermeren, un historien français, professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et spécialiste du Maghreb, s'est insurgé sur l'exploitation des migrants. « La bourgeoisie a trouvé, dans l’immigration, les domestiques qui lui manquent. On voit donc des jeunes étudiants des grandes villes se faire servir des pizzas à domicile par des types du tiers-monde à vélo. C’est le retour de l’économie coloniale ». De même, avec la création des camps de déportation dans des pays en dehors de l'UE, c'est la traduction de l'économie coloniale au niveau européen pour traiter le vivier humain des pays situés en dehors de l'UE. La Commission européenne décide de traiter ces êtres humains comme du bétail. Bref, l’UE signe le retour de la traite des êtres humains. 

Pierre Duval 

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs 

Abonnez-vous à notre chaîne Telegram : https://t.me/observateur_continental

Source : http://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=6737


Lire l'article complet, et les commentaires