« Still lovin’ you, dear USA » – paganisme, anti-américanisme et eurasiatisme

par Mervis Nocteau
samedi 22 février 2025

Dans ce qu'il est convenu de nommer « paganisme » européen, c'est-à-dire dans les milieux polythéistes/animistes européens (à supposer qu'ils ne soient pas New Age, c'est-à-dire déconnectés des réalités héréditaires de l'Europe...) eh bien, deux tendances existaient jusqu'à nos jours :

1. La première, plutôt de gauche (mais pas que...), adopte une posture morale anti-américaine, sur la base d'une mentalité reconstructionniste notamment, parfois anti-wiccanne, et plus généralement érudite en termes de traditions (oui, on peut être de gauche, et respectueux des traditions, dans la mesure où l'on défend des opprimés : ainsi de nombreux mouvements identitaires bretons, « socialistes libertaires » dans leurs genres, et pourtant bretons revendiqués).

2. La seconde, plutôt de droite (mais pas que...), adopte une posture intellectuelle eurasiatique, sur la base d'une mentalité archéofuturiste notamment, souvent anti-américaine aussi, et plus généralement érudite en termes de modernités (oui, on peut être de droite, et au fait des modernités, dans la mesure où l'on s'adonne à de la géopolitique : ainsi de nombreux mouvements identitaires paneuropéens, « alter-européistes » dans leurs genres, et pourtant réalistes modernes revendiqués).

 


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Reprenons.

 

1. La posture anti-américaine est traditionnellement de gauche : elle reproche, en somme, aux USA, d'avoir combattu l'URSS – quand bien même, aujourd'hui, l'URSS est explicitement indéfendable. C'est-à-dire que tout le monde sait, que l'URSS a fait, avec le goulag, et sur de nombreuses décennies, des dizaines de millions de morts supplémentaires – rapport au nazisme, et plus généralement à la Seconde Guerre mondiale... – que cela n'empêche personne, de diminuer la morbidité du socialisme, au nom de ses bonnes intentions. Le ou plutôt les socialismes, ont beau avoir toujours mal tourné en termes de régimes, ce n'est jamais la faute du socialisme, mais toujours celui de conditions « pas idéales » : on reste stupéfait, par cet attentisme idéaliste, si nuisible, dans le plus profond déni de lui-même. Passons.

La posture anti-américaine, alors, moralise. À cause de son déni, théoricienne politique – et bien que praticienne atroce, – elle se sent intelligente, en termes de valeurs comme en termes de connaissances (les unes semblant tenir lieu des secondes, bien souvent, tant les idéaux prennent le pas sur les réalités). Ainsi, le paganisme américain, notamment états-unien, se trouve-t-il condamné et méprisé pour naïf, niais, grossier, veule. Au fond, quoi qu'issue du Royaume-Uni, la gauche résume le paganisme états-unien, à cause de son succès, à la wicca. L'anti-wiccanisme en découle. Or, s'il est vrai que la wicca, est une néo-tradition sorcière, ayant involué la connaissance historique (au hasard, avec une « Roue de l'Année » inventant des fêtes, tout en confondant Celtes et Danes*...), il n'en reste pas moins qu'elle est un continuisme à sa manière.

Toujours est-il que, comme d'habitude, la gauche européenne est scientiste, et s'imagine forcément plus intelligente et mieux renseignée, par définition, moralement, que ce qui ne s'identifie pas à elle. De sorte, donc, que les USA sont invalidés, par automatisme. D'autant plus, quand les Etats-Uniens votent massivement Donald Trump, évidemment...

 

2. La posture eurasiatique est traditionnellement de droite : elle reproche, en somme, aux Européens d'ignorer, que leur continent est une péninsule eurasiatique, et de trop se focaliser outre-atlantique. Au titre d'un certain « continentalisme » nourri de références nietzschéennes, cette posture eurastiatique conspure même le Royaume-Uni (Nietzsche, en effet, moquait les Anglo-Américains, leur moralisme et leur productivisme). Au nom de la lutte contre le nihilisme, c'est pourtant le nihilisme slave, qui est pour elle inspirant ; en somme, on combat le mal par le mal, dans un nihilisme actif, en se surmontant soi-même, et « tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ».

L'anti-américanisme en découle, avec son anti-wiccanisme, au fond sur la base de réflexes marxistes quand même aussi, devenus écologistes de nos jours, car cette droite est décroissante au nom de son réalisme géopolitique (Alain de Benoist en chef). De sorte qu'elle répète les travers de Nietzsche, tout en renonçant à une certaine volonté de puissance moraliste (ce qui est sain contre le ressentiment) et productiviste (ce qui est écologiquement intelligent, mais délicat dans les conditions géostratégiques actuelles).

Elle ne se veut pas tout uniment archéofuturiste : cela a des implications qu'elle a marginalisées, mais en fin de compte, elle se retrouve dans cette dynamique relative, encontre tout prométhéisme. C'est que la gauche voudrait toujours la résumer à sa source et son esthétique préfascistes (au hasard, et encore) alors que les temps changent... d'autant plus, évidemment, que son slavisme l'affilie à Alexandre Douguine, théoricien russe influençant Vladimir Poutine.

 

Dans tous les cas, c'est l'atlantisme qui perd... d'autant plus que cet atlantisme, y compris par la gauche, est assimilé au bellicisme anti-russe de Biden-Macron, dans des tons que ne renierait pas Atlantico, classiquement de droite économiste (on a donc bien affaire, à un vaste centre, et même extrême-centrisme, là).

 

3. C'est à ce stade, que cet article veut s'inscrire en faux : 1. contre le gauchisme et 2. contre le droitisme. En effet, et pour en rester au domaine païen qui nous intéresse, il faut remarquer que les USA, voire les Amériques en général, constituent un laboratoire religieux depuis leurs origines – et pas que religieux. Avec le Royaume-Uni évidemment, leurs libertés de conscience et de réunion religieuse idoine, même si elles légitiment des sectarismes – jusqu'à preuve matérielle, car ils ne sont pas sans recours juridiques contre les manipulations individuelles et groupales... – ces libertés, disais-je, fracturèrent précisément et bien mieux que la laïcité française (toujours suspecte de « laïcisme », c'est-à-dire de surrationalisme) le champ spirituel occidental.

Ce n'est pas ailleurs qu'aux USA, qu'émergea la contre-culture, ou plutôt les contre-cultures, tandis que c'est au Royaume-Uni qu'émergèrent le rock, le punk et l'électro si libérateurs d'esprit ces dernières décennies : il ne faut pas se le cacher. Aussitôt la gauche continentale, se complaît à récupérer ces mouvements pour « révolutionnaires », mais leur degré d'individualisme n'en fait pas moins des possibilités fondées par une certaine droite. La vérité est toujours par-delà la politique, ni de gauche ni de droite, à la fois de gauche et de droite, selon la lorgnette qu'on adopte. Par exemple, les beatniks étaient fiers d'être des travailleurs à la petite semaine, responsables de l'argent qu'ils gagnaient, dans l'Amérique des années 1940, et furent – bien qu'inaugurant les hippies – en faveur de la guerre du Vietnam (du moins leur figure de proue, un Acadien dont la famille était originaire de Bretagne française, nommé Jack Kerouac). Les gauchistes sont dans le déni, d'autant plus que les beatniks sont bels et bien la génération introduisant le bouddhisme, et sa variante zen, en Occident, tout en pratiquant l'homosexualité sans vergogne, pour l'époque (comme si la droite, ne comptait pas en ses rangs nombre d'homosexuels, et que la gauche ne fut jamais homophobe avec ses époques révolues...).

Bref, quelque part, c'est au Premier Amendement de la Constitution des USA, concernant la liberté d'expression totale, que nous devons nos résurgences. De même, concernant la liberté de cultes, au Royaume-Uni, qui reconnaît aujourd'hui le druidisme religion d'Etat (Elisabeth II avait été initiée). Ce n'est pas sur le continent, surtout occidental, qu'on aurait vu ça ; mais, en Orient, côté slave, ce sont certes des choses qui renaissent, et de manière bien plus communautaires, du fait que l'Europe orientale a été moins brutalisée par le révolutionnarisme occidental ! Qui est, au fond, un agent de l'individualisme, il ne faut pas se le cacher.

C'est-à-dire que, en Europe occidentale, nous devons aux Anglo-Américains, à cette dimension particulière de l'atlantisme, culturellement, de nous permettre, certainement en France – à commencer par la Bretagne, rattachée au Pays de Galles britannique – de « paganiser », pour le meilleur et pour le pire. Or, on ne crache pas, sur ce qui nous permet de paganiser, parce qu'on ne crache pas sur ses Ancêtres, dans le paganisme conséquent.

Et c'était sans dire, malgré les tares de l'hyperboréisme essentiel, que les Anglo-Américains Caucasians sont de vastes Celtes et Danes*. Avec l'hyperboréisme essentiel et la wicca, ils nous imposent assez de confusion – quand même, au Royaume-Uni et en Irlande, les Celtes précédèrent les Danes* et les combattirent encore durant la féodalité viking, quoi qu'il y ait eu, comme à toutes les lisières – y compris continentales – des échanges culturels. On n'échange et ne combat, qu'avec et contre ceux qui nous voisinent... mais enfin, c'est dire que les Anglo-Américains sont de vastes Indo-Européens, pour le meilleur et pour le pire, dont nous héritont. Or, bis repetita, on ne crache pas sur ses Ancêtres, dans le paganisme conséquent.

C'est mon avis.

 

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* Danes : les Germano-Scandinaves, désignés non pas au prisme romain de la généralisation du nom d'un clan (les Germains) ni au prisme géographique de la généralisation du nom d'une île (la Scandie) mais au prisme de leur nation centrale, entre continent « germain » et péninsule « scandinave » : les Anciens Danois, ou Danes, qui en sont le cœur historique.

 


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