Nos mondes (néo)libéraux : des racines anciennes mais aussi occultes, ou la mode de l’Hyperboréisme Essentiel
par Mervis Nocteau
jeudi 27 juillet 2023
Cet article, pour être compris, nécessite quelques repères historiques. Vous pouvez les sauter mais, sinon, les voici :
Voilà 30.000 ans : Cro-Magon, à la croisée de Néandertal et Homo Sapiens.
Voilà 12.000 ans : Agriculteurs anatoliens après le dernier âge glaciaire.
Voilà 10 à 6.500 ans : Ere mégalithique, finalement éteinte.
Voilà 4.500 ans : Déferlantes indo-européennes/caucasiennes en Europe, depuis steppes ukrainiennes et Iran, fixant le morphotype racialiste plus ou moins blanc.
Voilà 2.500 ans : Emergence des cultures ibères, celtes, germaniques, romaines, hellènes et slaves pour les plus fameuses, en Europe. Des échanges culturels massifs ont lieu dans le monde méditerranéen, moins au-delà (atlantique et nordique) et pourtant, l'Europe n'est pas hermétique, quoi que génétiquement stable : les Hellènes s'inspirent des Phéniciens, des Perses, des Egyptiens, et s'implantent en Afrique du Nord, tandis que les Ibères sont helléno-puniques, c'est-à-dire d'Afrique du Nord aussi, d'origine phénicienne. Le monde romain colonise notamment Phénicie, Egypte et Punicie, multipliant les échanges culturels.
Voilà 1.700 ans : Extinction des mondes ibères et celtes, survivants dans le merveilleux ou le légendaire chrétien des fables et des contes, toujours dans le monde romain.
Voilà 1.500 ans : Déferlantes germaniques en Europe romaine chrétienne, féodalisant et christianisant toujours plus l'Empire Romain. C'est le début des fiefs.
Voilà 1.200 à 900 ans : Expéditions vikings (issus de clans germano-baltes tardifs, de Scandinavie) qui, christianisés, s'implantent en Amérique du Nord-Ouest (Vinland) après le Groenland.
Voilà 1.200 à 700 ans : Du fait de l'Hégire, déferlantes maures (Berbères islamisés) en Europe par l'Espagne et dans le Sud de la France, confinées en Espagne par la Reconquista. En tant que tel, un tel mouvement depuis l'Afrique du Nord, avait déjà été réalisé par les Puniques polythéistes.
Voilà 900 à 550 ans : Le catholicisme domine l'Europe féodale occidentale, à l'heure de diverses croisades plus ou moins hasardeuses.
Voilà 500 ans à nos jours : Renaissance des lettres classiques dans la féodalité catholique, Réformes protestantes, et diverses colonisations plus ou moins massives de la Terre.
Voilà 300 ans à nos jours : Occultisme classique - face cachée des Lumières, romantisme anglo-germain - bientôt français, invention des romances nationalistes accouchant des deux Grandes Guerres.
Voilà 200 ans à nos jours : Recherches comparées, révélant les Indo-Européens/Caucasiens aux plans linguistique, génétique et anthropologique comparés, mais aussi une symbologie polaire.
Voilà 130 ans à nos jours : L'occultisme nationaliste allemand vrille, invente les Indo-Germanen Aryens nordicistes, pourtant sur la base réelle, des Aryens Perses, issus sur plusieurs siècles des Indo-Européens comme tant d'autres cultures, auquel compte...
Voilà 80 ans à nos jours : ... le nazisme, dont l'idéologie culturelle est l'aryanisme nordiciste, détourne les Anciens Symboles au profit du pangermanisme suprémaciste européen. Ce micmac n'a rien à voir avec l'Histoire réelle.
Voilà 60 ans à nos jours : Au nazisme, qui était un Deep Dark New Age dans l'âme, succède un vaste Wild Illuminated New Age, clairsemé de poches de Deep Dark New Age. De leur éclectisme se diffuse, depuis les pays euraméricains surtout anglo-saxons, l'Essential Hyperboreanicism, concordant avec les (néo)libéralismes actuels : même quand ça semble se contredire, ça procède des mêmes valeurs.
De nos jours : Ils sont loin les Cro-Magnons, et évidemment les Caucasiens. Nous autres, Indo-Européens advenus, nous sommes culturellement diffractés, tout autour du monde. Populationnellement, culturellement... et techniquement surtout. La télévision, l'internet, la téléphonie mobile, règnent. Même ceux que nous n'avons jamais colonisés, récupèrent notre civilisation. Pour la Chine, après tout, c'est de bonne guerre : c'étaient ses feux d'artifice, qui nous permirent de créer mousquets, arquebuses et canons qui engendrèrent notre supériorité coloniale.
Ces repères historiques étant posés, voici l'article Nos mondes (néo)libéraux : des racines anciennes mais aussi occultes, ou l'Hyperboréisme Essentiel.
Il y a aujourd'hui dans la culture pop euraméricaine, et dans son microcosme polythéiste, "païen", une véritable déferlante nordiciste, précisément viking. Sans surprise, son succès commercial vient de la série Vikings & suites. Ce n'est pas anodin, sans mauvais jeu de mot francophone avec Odin. En effet, jusqu'à nos jours et depuis des lustres, c'était l'antiquité classique, qui était valorisée. C'est-à-dire l'antiquité méditerranéenne, massivement gréco-romaine, philosophique, dont même Londres et les USA ont hérité, et dont toute l'Europe se réclama à sa manière, durant la féodalité vaticane de l'Eglise romaine.
L'imaginaire que cette culture historique véhicule, fut néanmoins porté par des peuples européens jusqu'au Nord, peuples de nature germanique. Car les Scandinaves sont, en effet, une forme germanique - et quelque peu balto-slave, - dans l'Histoire de l'expansion indo-européenne : les Germains en sont le corps continental, avant de rencontrer la péninsule nordique et ses peuples polaires, Sâmes pour les plus fameux ("les Inuits blancs")... Mais notre source typiquement indo-européenne se situe, en fait, entre les steppes ukrainiennes et l'Iran. Bref, comme disent racialement les USA : les Blancs sont des Caucasiens.
Mais donc, l'imaginaire que cette culture historique véhicule - la culture classique - s'est répandu, désormais, jusqu'en Scandinavie, malgré les déferlantes germaniques qui féodalisèrent l'Empire Romain d'Occident. Qu'elles soient primitives (dans les premiers siècles de l'ère chrétienne) ou tardives (c'est-à-dire vikings) ces déferlantes s'acculturèrent - bon an mal an, bon gré mal gré, cahin-caha - au christianisme romain (le tout, en dévorant ce qu'il restait de celto-romanité sur le continent, en le ravalant au statut de merveilleux ou légendaire chrétien, dans ses contes et fables... en dehors de l'Extrême-Occident insulaire, toutefois celto-chrétien).
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Or, durant la modernité (qui s'enracine dès l'affaiblissement féodal dans la Renaissance, toujours féodale néanmoins) des chercheurs découvrirent progressivement la source caucasienne, au principe des cultures européennes séculaires que nous connaissons. Cela ne fit que s'affirmer, malgré des contre-offensives critiques, jusqu'à nos jours. Tout ceci permit parallèlement, de revaloriser les témoignages nordiques dont nous disposons : celto-chrétiens d'une part, pour l'Extrême-Occident insulaire, mais surtout germanique, pour le Septentrion.
Je dis "surtout germanique", parce que, en effet, durant le XIXème siècle et ses romantismes nationalistes, le monde germanique chercha à se distinguer du monde romain. C'était inévitable, après sa Réforme chrétienne protestante, quelques siècles plus tôt, durant la Renaissance. Pour commencer, l'Allemagne prussienne - sortant juste de sa formation féodale, en Saint-Empire Romain Germanique - se compara plus volontiers à la Grèce qu'à l'Italie.
C'est qu'elle est plus proche de la Grèce que la France, et surtout que la pensée philosophique, s'enracine mieux dans le monde hellène, bien que continué par les Romains : de quoi expliquer inventivement, dans le romantisme nationaliste allemand, l'importance de ses philosophes alors.
Mais, plus encore, l'Allemagne bismarckienne, après la wagnéromanie, redécouvre ses mythes et légendes nordiques germains, entre Beowulf et Siegfried, en passant par les Nibelungen. Et aussi, moins nationalement à l'époque, les Eddas et les Sagas scandinaves...
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A ce stade, tandis que des chercheurs de bonne foi, établissent des comparaisons caucasiennes entre l'Inde et la Germanie (Georges Dumézil), qu'ils dégottent un symbolisme polaire dans la tradition (René Guénon) et qu'ils estiment psychiquement que Wotan/Odin se réveille en Allemagne (Carl G. Jung), au sein de la Révolution Conservatrice allemande (suite à la défaite de 14-18, dont des penseurs, aussi valeureux que le juif Leo Strauss, fit partie)... il se trouve tout un imaginaire nordiciste occulte. Le plus fameux, en Allemagne, étant celui de la Société Thulé.
Thulé signifie probablement, en langues celtiques comme germaniques, le peuple valeureux, fort, vaillant. Mais ce qui intéresse les nordicistes, c'est bizarrement le voyage d'un antique Hellène de Massalia (Marseille) : Pytheas le Massaliote - Thulé est un rêve sudiciste repris par Jean Mabire, des décennies plus tard, après le nazisme. Jean Mabire en fit encore une apothéose, dans son ouvrage nodal : Thulé, le Soleil retrouvé des Hyperboréens. Cet ouvrage est nodal, parce qu'il découple le nazisme de la Société Thulé, à tort comme à raison, pour des raisons partisanes néodroitières. Société Thulé qui, en passant, a été fondée par un franc-maçon initié au soufisme islamique... Enfin on voit où je veux en venir :
On nage en plein occultisme, c'est-à-dire en plein syncrétisme moderne, strictement moderne, de différentes sciences occultes, distinctes encore durant la féodalité, avec les recherches nouvellement scientifiques. C'est, en effet, l'occultisme, qui réalisa un vaste micmac dégueulant - entre autres - le New Age.
Attention : tout n'y est pas insensé ni nazi, bien entendu. Le nazisme, au fond, fut un Deep Dark New Age, sous cet angle. Mais un Deep Dark New Age, avec lequel pourtant, les Eglises catholique et protestantes composèrent - bon an mal an, bon gré mal gré, cahin-caha, - et réciproquement d'ailleurs (il faut vivre avec son temps). C'est de là, qu'advint l'idée "caucasienne" allemande. En fait, encore de nos jours, le monde germanophone dit Indo-Germanen plutôt qu'Indo-Européens, Indo-Europäer... de quoi frissonner.
Les Aryens sont bels et bien des Caucasiens : des Steppiques du territoire actuellement ukrainien et des Iraniens, racine des Indo-Européens. Du moins : dans leur devenir localement perse. Alors évidemment, l'aryanisme thuléen/hyperboréen, c'est autre chose, quelque chose de Deep Dark New Age, et plus sobrement un genre de dark fantasy...
Qu'est-ce que la dark fantasy ? Eh bien, la dark fantasy est une fantasy comme, par exemple, le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien, mais dont l'ambiance ne se déroule pas dans une féodalité heureuse bien que menacée. Par exemple, l'univers de The Witcher (les livres, pas la série qui fait n'importe quoi avec les ouvrages) peut être qualifié de dark fantasy : les elfes y sont infériorisés racialement par les humains, les nains aussi quoi que mieux intégrés, et tout s'y déroule avec la vénalité en principe directeur, des manigances des magiciens (qui manipulent l'Histoire comme le Bene Gesserit de Dune) aux transactions des gueux, en passant par la vanité des princes. Eh bien, le nazisme réalisa impérialement, un tel délire.
Des nationalistes français luttèrent contre le nazisme, et évidemment des socialistes, mais ce sont bien des socialistes qui entourèrent Pétain en France, à cause du pacte germano-soviétique, et parce que le nazisme était aussi un socialisme. Idéologiquement, on fait donc erreur, en accollant au nationalisme et au socialisme, l'attribut de nazis.
Au contraire, c'est parce que le romantisme nationaliste allemand, un siècle plus tôt, était littéralement parti en vrille occultiste (quoi que le nationalisme reste une romance nationale, peut-être utile pour se reconnaître culturellement d'ailleurs, la plus prégnante romance nationale historiquement étant "Souviens-toi, Israël !")... bref, c'est parce que le nationalisme allemand était parti en vrille occultiste, qu'on a fini par se retrouver avec un aryanisme suprémaciste nordiciste, selon l'Histoire des idées.
Au milieu du XXème siècle, une telle culture néo-baroque, non-classique, prenait politiquement sa revanche, contre l'héritage culturel classique. Même sans camps de la mort, une "barbarité" s'en serait dégagée, culturellement, pour la filiation méditerranéenne, imaginairement, en Europe... "Barbarité" qu'il a fallu dompter où, politiquement, ce fut la Seconde Guerre mondiale, à cause des camps de la mort (sans des fuites à ce sujet, l'Europe serait peut-être aujourd'hui unifiée, sur la base du nazisme...).
Mais, culturellement ensuite, c'est devenu cette culture néo-baroque, avant tout pop, certes aussi portée, dans les décennies finissant le XXème siècle, par des cercles néonazis. Hélas pour les manichéens, le nazisme avait raison sur les Aryens issus des Indo-Européens ou Caucasiens, quoi qu'il les tordit de manière nordiciste. Cela suffit néanmoins, pour que toute une frange de la recherche actuelle, combatte l'idée indo-européenne/caucasienne, tortueusement en forme "d'académisme" (nous y reviendrons).
Car l'idée indo-européenne est corroborée par la linguistique, la génétique et l'anthropologie comparées. C'est-à-dire que depuis Cro-Magnon, synthèse de Neandertal et Homo Sapiens voilà 30.000 ans, et après les agriculteurs anatoliens, une fois le dernier âge glaciaire terminé voilà 12.000 ans, ce sont bien des Caucasiens qui imposèrent leur style dans la péninsule européenne voilà 4500 ans.
On ne peut plus raisonnablement contredire cela de nos jours, quoi qu'on puisse le nuancer, en parlant des échanges culturels. (L'exemple le plus marquant étant que les Basques, parlent résiduellement une langue sémitique, apparentée au berbère et au phénicien au prisme de l'ibère, qui en hérite, et dont le basque est une variété.)
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Évidemment qu'en 4500 ans d'Histoire, des diffusions et mutations culturelles eurent lieu. Les Celtes, ce qu'on nomme proprement les Celtes (et non Proto-Celtes) datent de la culture de La Tène, vers -500 seulement, et s'éteignent dans la gallo-romanité franque et chrétienne, au plus tard au IIIème siècle (en dehors du merveilleux ou légendaire chrétien, et du monde celto-chrétien extrême-occidental insulaire). Les Germains de même, quoiqu'ils perdureraient jusqu'à engendrer la féodalité, d'alliage romano-gemain chrétien catholique, sur le continent occidental jusqu'en Espagne (les Balto-Slaves, c'est autre chose, non seulement chrétien orthodoxe, mais aussi plus tardif encore dans les Anciennes Croyances, de quelques siècles, malgré les missions).
Quand donc, les USA dominèrent le monde, après la Seconde Guerre mondiale, il fut assez logique, que les WASP (White Anglo-Saxon Protestants) continuèrent d'avoir des réflexes suprémacistes, sachant déjà que la noblesse anglaise, sans Churchill, se serait volontiers alliée aux Allemands. Avec les groupements suprémacistes, pas toujours néonazis mais quand même parfois, ainsi que la culture pop jusqu'à nos jours, et sa fameuse série Vikings & suites - commercialement juteuses, - la culture néo-baroque de le "barbarité", désormais sans camps de la mort et largement New Age, d'un Wild Illuminated New Age dans les milieux de la sorcellerie, notamment wicca... on se retrouve, de nos jours, avec un Hyperboréisme Essentiel. Hyperboréisme essentiel, que je vais évoquer en anglais : Essential Hyperboreanicism... tant cela concerne le monde euraméricain anglophone, et que la notion d'Essential est pertinente pour traiter du coeur/core, façon néophytes.
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L'Essential Hyperboreanicism n'interroge pas son historicité, parce qu'il est sans vraie Histoire. Issu du monde US, s'il fallait lui trouver un ancêtre, ce serait le transcendantalisme littéraire, à savoir cette prétention à faire de l'outre-atlantique pur sucre (on se demande sur l'héritage de quoi...). Mais l'Essential Hyperboreanicism est un halo culturel néo-baroque, amateur de dark fantasy, quoi que prônant largement ledit Wild Illuminated New Age pour sauver les apparences.
L'Essential Hyperboreanicism, du fait que le monde britannique soit à la croisée des mondes celte et germain, mélange allègrement les Histoires culturelles. En fait, il s'en fout littéralement, répétons-le. Du coup, s'il avait une Histoire ancienne, elle ne remonterait pas avant la haute féodalité, c'est-à-dire avant ce moment où les germaniques Angles et Saxons, colonisèrent l'Extrême-Occident insulaire celtique, suivis des vikings quelques siècles après. Bref, l'Essential Hyperboreanicism est féodaliste dans l'âme. D'ailleurs, il ne va jamais hésiter à faire des Templiers, "en vérité", les conservateurs d'une telle mentalité culturelle, et tout le christianisme identitaire est du même tonneau néopaïen - on le voit dans les manifestations, avec les banderoles et tatouages de celtisme saint-patricien et de germanisme vegvisirien.
Or, s'il est vrai que les chevaliers teutoniques, comme leur nom l'indique, sont teutoniques, et furent mis au service de la chrétienté dans les croisades, depuis leur Nord encore "barbare" au regard classique - baroque à nos yeux, - eh bien, on a déjà affaire à un imaginaire occultiste moderne, digne de la Société Thulé. L'Essential Hyperboreanicism ne voit aucune contradiction, à pratiquer un tel syncrétisme, alors que, répétons-le, les Germains colonisèrent les Celtes et/ou ce qu'il en restait dans les britto-, gallo- et ibéro-romanités, partout en Europe occidentale.
Sidéralement, on trouve même des Espagnols, du fait des Wisigoths et des vikings, pour se revendiquer de l'Essential Hyperboreanicism, alors que malgré leur génétique indo-européenne (néanmoins fort nourrie d'afro-asiatique) leurs cultures antiques furent tardivement celtisées. Et donc ces cultures furent surtout belles et bien helléno-puniques, c'est-à-dire méditerranéennes, du Nord européen comme du Sud africain, pour ainsi dire deux millénaires avant l'Hégire, à l'age du bronze.
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Pour ma part, je ne courrais pas sottement à faire de la partisanerie anti-extrême-droite, d'abord parce que les régimes autoritaires milieu XXème siècle étaient aussi socialistes, et surtout parce que l'Essential Hyperboreanicism est commercialement juteux, de nos jours. Mais il y a mieux encore (ou pire, selon les affinités idéologiques) : c'est que l'Essential Hyperboreanicism est une culture et un esprit d'entreprise. Du moins, au prisme contemporain et ses récupérations.
En effet, les Germains ont entrepris diverses expéditions couronnées de succès, en Europe occidentale durant la haute féodalité, jusqu'aux fameux vikings qui, même christianisés, "découvrirent l'Amérique" (du Nord-Ouest, côté Groenland, qu'ils baptisèrent aussi) en la nommant Vinland, quatre siècles avant Christophe Colomb (Colomb qui, lui non plus, ne réalisa pas découvrir un nouveau continent, mais crut avoir atteint l'Inde...). Les Varègues issus des vikings, parmi les Slaves où ils rejoignaient Constantinople, fondèrent même la Russie.
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Les vikings sont, à ce titre, les entrepreneurs par excellence, qui d'ailleurs semblent, au regard des Essential Hyperboreanicists, des individualistes libéraux, entre expéditions aventureuses et conseils communautaires. Déjà avant eux, et à leur racine, un Jean Mabire, en France, vantait l'individualisme européen, dans son Thulé, le Soleil retrouvé des Hyperboréens... Logiquement, cette culture et cet esprit d'entreprise individuels, concordent avec la mentalité euraméricaine, surtout anglophone bien sûr. Mais en France, en plus de Jean Mabire, nous trouvons des curiosités anciennes, qui font que nous ne sommes pas en reste.
En effet, durant la féodalité, la noblesse française eut tendance à s'identifier aux germaniques Franks, dominant les pays gallo-romains. On était déjà dans des formes de racisme de classes, qu'on retrouve toujours curieusement, dans la mentalité de nos élites, au XXIème siècle... enfin c'est-à-dire, que le peuple français est travaillé doublement, par une idéologie dominant-dominé sur cette base, depuis la démocratisation IIIème/IVème République, ainsi que le vichysme évidemment. Les Franks sont, à ce titre imaginaire, les grands entrepreneurs, faisant travailler les masses laborieuses.
Dans les Îles, manifestement les Angles et les Saxons ont dominé la Grande Bretagne, dont le dernier soulèvement celto-chrétien, fut incarné par l'Ecossais Willliam Wallace, encore magistralement mis en scène par Mel Gibson, dans Braveheart : c'était rejouer, au cinéma, un conflit culturel toujours d'actualité, entre l'Ecosse, mais aussi le Pays de Galles, avec l'Angleterre - qui tire bien son nom des Angles quant à elle... Mieux encore (ou pire, selon les partisaneries toujours) la Bretagne française fut une longue poche de résistance durant toute la féodalité.
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Bref, l'Essential Hyperboreanicism est un non-sense, comme disent les Anglophones : une absurdité, qui a néanmoins pour elle et dans l'âme, notre actuel monde libéral d'Europe occidentale, avec toutes ses nuances : ultralibérale aux USA, bien libérale en Angleterre, ordolibérale en France (étatisme social) et ordolibéral en Allemagne (capitalisme social)... l'Espagne, le Portugal et l'Italie déployant des formes subfrançaises, et la Suisse subgermaniques... avec évidemment l'actuelle uniformisation néolibérale (lobbying massif des firmes dans les Etats ou l'eurocratie, notamment de la part des USA).
Enfin, pour en revenir aux milieux polythéistes contemporains surtout "néopaïens" (plutôt que cherchant à être reconstructionnistes) les Anglophones ont un sale terme, pour reprocher aux reconstructionnistes leurs travaux de reconstructions polythéistes. Qu'ils viennent du néodruidisme ou de l'Essential Hyperboreanicism, ces Anglophones traitent les reconstructionnistes de "gatekeepers", gardiens de portail, c'est-à-dire aussi bien de brutes, de chiens : c'est tout à fait charmant, reconnaissons-le sarcastiquement, de la part de tous ces agents du vaste Wild Illuminated New Age...
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Ce qu'ils font, c'est inventer ou présupposer un portail, qui n'existait pas avant qu'ils ne l'inventent et présupposent, prétendant que les historiens en général et les reconstructionnistes en particulier, couperaient les gens de la vérité spirituelle. Ces "néopaïens" suscitent donc une convoitise insane, une tantalisation, là où il n'y avait rien à convoiter de manière insane, ni à tantaliser, puisque l'Histoire et le reconstructionnisme sont ouverts à tous. Regardez bien : ce sont ces "néopaïens", qui sont en fait sectaires, mais qui taxent salement de sectarisme, les historiens et reconstructionnistes sincères. Le tout-public, hélas, se laisse largement prendre aux rets de ce sectarisme, qui de toutes façons produits les contenus les plus simplistes et aisément accessibles - par exemple, le prétendu "néo-chamanisme druidique et volvur (devin scandinave)"... Non là, vraiment, comme dirait Léodagan dans Kaamelott, on nous fait bouffer de la belle mouscaille.
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Et la partisanerie anti-immigrationniste voire re-migrationniste, par nos contrées euraméricaines, qui mâche qui mâche qui mâche... Or ce n'est pas que la politique migratoire doive rester un tabou, d'ailleurs les Américains du Nord et les Suisses, pratiquent depuis longtemps, une immigration choisie (comme disait Nicolas Sarkozy).
Mais c'est quand même curieux de se servir de colonialistes germaniques, sur les Ibéro-Romains puis Celto-Romains, sur la base d'un occultisme ayant tourné à la dark fantasy au prisme du Deep Dark New Age post-nazi, pour justifier de telles politiques !...
Inversement, au sein du vaste Wild Illuminated New Age, qui est tendanciellement pro-immigrationniste et internationaliste, eh bien c'est toujours le colonialisme germanique et le sectarisme contemporain, qui sont valorisés pour la citoyenneté du monde !...
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Mondes tarés de chez tarés, on ne va pas se le cacher plus longtemps. En tout cas, c'est notre nordicisme. Qui n'a pas toujours été nazi, certes, mais occultiste, certainement, et qui, même sur une base nazie, a parfois tourné à la citoyenneté du monde !
Chapeau bas, les artistes : vous avez fait ce que vous avez pu. Vous méritez bien des sarcasmes, pour votre inventivité contemporaine. Or, voyez-vous, cette inventivité est typiquement de US creativity, vous savez, ces courants étasuniens qui vantent un épanouissement farfelu de la jeunesse, ayant accouché des creative managements les plus délurés, jusque dans le monde économique et entrepreneurial, ses team buildings et ses social skills. Bref, c'est moderne, et des phénomènes apparemment clairsemés par nos contrées, de l'occultisme à l'économisme, se tressent et s'éclairent en Histoire des idées, au prisme de l'Essential Hyperboreanicism.
Pas étonnant, que tous les états d'âme académiques, de traditions méditerranéenne gréco-romaine à travers les âges, donc aussi judéo-chrétienne, cherchent à étouffer le baroque et néo-baroque de cette "barbarité", "barbarité" en fait culturellement légitime, quand elle est historique. C'est que l'académisme post-colonial des études culturelles, sur la base de la French Theory inventée aux USA, devait conduire à l'intersectionnalisme des luttes, qui conduit si souvent à la haine de- ou du moins l'horreur pour- l'Occident.
Le plus singulier alors, c'est que l'intersectionnalisme des luttes, doit bel et bien sa liberté à l'Occident. Cette liberté n'existe pas ailleurs, encore moins aux origines fantasmées des peuples post-coloniaux, dont il prétend prendre délicatement le pouls, démarche qui ressort en fait, du Wild Illuminated New Age aussi !... On n'en sortira pas ainsi (si seulement il fallait en sortir).
L'Occident est "barbare", baroque, ou n'est pas. Où les USA sont bien plus débiteurs de l'Europe, que l'inverse : il faut en finir, avec l'Essential Hyperboreanicism qu'ils portent. Du moins, qui que vous soyez, si vous voulez retrouver le sens traditionnel.
La loi historienne & reconstructionniste est dure, mais c'est la loi (la loi, et non le portail... si vous m'avez suivi). L'Essential Hyperboreanicism n'était qu'une mode.