De Gaulle perdu (1931-1937) parmi les cinquante scribes du Secrétariat général du Conseil supérieur de la Défense nationale
par Michel J. Cuny
mercredi 2 juillet 2025
Militaire de carrière gravement entravé par ses vingt-huit mois d’emprisonnement en Allemagne durant la seconde moitié de la plus grande guerre de tous les temps antérieurs, De Gaulle n’aura que très peu « commandé »… comme si cette tâche avait été décidément au-dessus de ses capacités.
En Pologne, il ne s’agissait pas d’un « commandement », mais d’un « enseignement », quant à sa présence en Syrie (novembre 1929 - novembre 1931), elle ne semble pas l’avoir aidé à sortir de l’ornière du mépris de ses supérieurs.
C’est donc le maréchal Pétain qui l’aura aidé à se raccrocher aux branches alors qu’il avait déjà 41 ans. Ce serait le Secrétariat général du Conseil supérieur de la Défense nationale…
C’est-à-dire – et tout simplement – le sommet militaire et gouvernemental de la France républicains, rien de moins. Merci, monsieur le Maréchal… et à charge de revanche… sans doute.
Pour l’occasion – et pour comprendre la surprise allemande de découvrir en 1934 que, par sa position, l’auteur de Vers l’armée de métier (ouvrage presque immédiatement traduit en allemand à la demande du dénommé Adolf Hitler) ouvrait de très étranges perspectives -, il faut tout de suite dire qu’une présence permanente dans les services de l’organisme en question permettait d’accéder à toutes sortes de… secrets d’État…
Voyons cela en suivant le colonel Frédéric Guelton (Directeur des recherches au Service historique de l'Armée de Terre) qui nous a déjà signalé les velléités mercenaires de De Gaulle en Pologne au tout début des années vingt…
https://www.charles-de-gaulle.org/wp-content/uploads/2017/09/Charles-de-Gaulle-au-SGDN-1931-1937.pdf
« De l'automne de 1931 à l'été de 1937, le commandant puis lieutenant-colonel Charles de Gaulle occupe les postes de rédacteur puis de chef de section au Secrétariat général du Conseil supérieur de la Défense nationale (SG-CSDN). Il est, pendant ces années et « sous quatorze ministères (...), mêlé, sur le plan des études, à toute l'activité politique, technique et administrative, pour tout ce qui concernait la défense du pays ». » (page 1 du document électronique. Les mots soulignés sont de la plume de De Gaulle.)
Les Allemands ne pouvaient rien ignorer du beau monde pour le compte duquel l’officier en question notait, recopiait, transportait, mettait à l’abri, des trésors d’ordre militaire et autres…
« Il côtoie, directement et indirectement, tous les politiques et tous les militaires de l'après-guerre, Herriot, Chautemps, Laval, Paul-Boncour, Painlevé, Daladier, Pétain, Weygand, Gamelin, Durand-Viel, Hergault, Maurin, que leurs fonctions situent à la charnière politico-militaire de l'appareil de défense français. » (Idem, page 1)
Mieux encore…
« Organisme politique de niveau gouvernemental, le Conseil supérieur de la Défense nationale est à l'origine présidé par le président du Conseil ou, en cas de nécessité, par le président de la République. Il réunit, autour de son président, les ministres de la Guerre, de la Marine, des Colonies et des Affaires étrangères, ainsi que les chefs d'état-major de la Guerre et de la Marine et le général président du Comité consultatif de la Défense des colonies. » (Idem, pages 1-2)
Au milieu de tant de grandeur, quel pouvait être le rôle du Secrétariat général… car, tout de même, De Gaulle n’est que sur les bords du CSDN…. et membre d’une confrérie un peu nombreuse pour qu’il ne s’y fût pas senti perdu à tel ou tel moment…
Alors, ce Secrétariat général ?...
« Placé sous l'autorité directe du président du Conseil, il est dirigé par un officier général qui prend le titre de Secrétaire général de la Défense nationale. Il est composé d'officiers des trois armées en service détaché et de fonctionnaires civils qui assurent les relations avec leurs ministères respectifs. Il centralise les questions et dossiers que le Gouvernement souhaite soumettre au CSDN et à la Commission d'études, prépare et coordonne les travaux de cette dernière et notifie aux ministères concernés les décisions du Gouvernement siégeant en CSDN avant d'en suivre l'exécution. Cet ensemble de missions lui confère un véritable pouvoir dans la mesure où il maîtrise, au moins théoriquement, toutes les questions relevant de la Défense nationale depuis l'instant où elles sont posées jusqu'à celui où elles sont exécutées. » (Idem, pages 2-3)
Combien sont-ils, qui ne peuvent que servir à noyer notre futur grand homme ?
« Le Secrétariat général, fort d'une cinquantaine de personnes, officiers ou fonctionnaires civils, est organisé en autant de sections que la Commission d'études. » (Idem, page 3)
On imagine le coup de rein qu’il a fallu produire pour tenter de s’arracher à cette terrible galère… et aller naviguer dans des eaux bien plus excitantes… pour un esprit dominé par la haine de l’humain…
Michel J. Cuny