Bienvenue dans le monde des cyclopathes

par George L. ZETER
mardi 18 juin 2024

Le bobo-boomer pédale et n’en peut plus de se sentir dans le camp du bien. Il est investi d’une mission morale de protection de la nature, de sauveur du monde et de redresseur de torts. De gré ou de force, il impose sa vision floutée, due à son grand-âge et son aveuglement. En Amérique, ils sont nommés « Karen », ici, casse-pieds pour ne pas dire autre chose… Cette génération (la mienne), qui lorsque jeune, a pu se comporter comme elle le voulait, ne pas être bridée par des lois contraignantes qui sévissent de nos jours, avoir du boulot et pouvoir construire un patrimoine par le fruit du travail. Maintenant, ils/elles sont le cauchemar de notre société : votant à fond Macron, deux fois en plus, sont anti-étrangers, pour l’installation de caméras partout, de flics à chaque coin de rue, détestent les chômeurs, les jeunes, aiment plus leurs clébards que les humains. Pourtant, ils perçoivent souvent des retraites confortables, ont pu accéder à la propriété, car avant l’an 2000, acheter un appart de trois pièces était le prix d’aujourd’hui d’une chambre de bonne. Comme il y a eu sous Sarko pas mal de lois avantageuses d’investir dans l’immobilier locatif, ces heureux retraités peuvent ainsi exploiter, la jeunesse étudiante en leur louant des « petites surfaces », des « studettes » clapiers à 500 euros et + mensuel. On pourrait se dire qu’avec toute cette félicité, les (vieilles) et (vieux) bougres seraient devenus tolérants et joyeux, et bien que nenni, ils sont aigris et méchants comme des teignes. La vieillesse chez eux n’est pas un naufrage, mais, tout simplement un sabotage à coup de hache dans la coque, car, après MOI, le bateau coule, je laisserai le déluge… Bien sûr, tous ne nagent pas dans l’opulence, j’en suis d’ailleurs le bon exemple, parce qu'avec moins de 600 balles de retraite pour « vivre », je dois, et devrai jusqu’à mon dernier souffle, travailler… Mais bon, c’est comme ça, il est vrai, que curieusement, ca me garde en bonne humeur permanente, en forme physique et mentale et j’aime nos jeunes en continuant d’enseigner. Fréquemment, en parlant à cette jeunesse, je me dis : mais qu’est-ce qu’on peut les emmerder ces pauvres gamins, ne peut-on pas les laisser un peu respirer ? Pas étonnant que ça pète de temps à autre, trop de pression, trop d’injustice, trop de compètes…

Ah, les pistes cyclables. Ces autoroutes du vélo, de la trottinette, des gyroroutes et des patins à roulettes font que pour le bipède, la ville est devenue le pire cauchemar pour celui/celle qui aime flâner le nez au vent, contempler. Il faut développer un sixième sens pour sentir qu’un de ces véhicules va débouler, derrière, à gauche, à droite et rester sur le qui-vive, sous peine d’être percuté par un quidam perché sur sa machine et roulant à des 50 km/h. Tout est désorganisé pour que chacun rende la vie de l’autre impossible. Résultats : les centres-villes sont méga embouteillés, à cause d’une perte non négligeable de voies roulantes. Les bagnoles jouent à touche-touche, et ça klaxonne, s’engueule, sort des voitures, se tabasse, tout ça dans une ville saturée de gaz d’échappements stagnants. L’enfer de Dante existe, nous le vivons tous, ceux des centres-villes !

Le boomer sur son vélo : reconnaissable, car équipé de pied en cap par du matos et des vêtements qui coutent bonbon. Les magasins de sports doivent les adorer, ces séniors sportifs ne concevant pas leurs activités comme quelque chose de récréatif, mais comme un acte de consommation assumé : j’existe donc, je consomme et il faut que ça soit m’as-tu vu. Sur le vélo, casqués et lunettés, avec leurs cuissards sur leurs vieilles guibolles, caparaçonnés ils paradent et sont à l’affût du moindre truc qui peut les défriser. Ils s’arrêtent et impératif commence toujours par un « vous n’avez pas le droit de… » Pour eux c’est leur Graal de redresser les torts, d’être des justiciers de la bonne morale, les rois de l’application stricte des règles, et tant pis si ces règles sont totalement idiotes, la loi, c'est la loi et on doit s’y plier sans discutailler. Quand on se dit que ces ganaches ont vécu au temps des hippies, fumeurs de cannabis et conducteurs de combis… Si vous vous défendez, ils sont prêts à en découdre, et si par malheur vous les bousculez un peu, ça se terminera devant une cour avec laquelle vous avez toutes les chances d’être condamné pour utilisation de la force contre une personne en état de faiblesse et sans défense. Ils sont redoutables, ces vieux requins, et très bons pour vous mettre dans la mouise, car ils connaissent leurs droits, quant à leurs devoirs d’anciens… À la trappe. Bon, tout ce qui a été dit précédemment c'était pour un grand nombre d’empêcheurs de vivre tranquille nées entre 45 et 65. Il y a aussi, des moins vieux, entre 30 et 50 ans. Pas d’inquiétude, ils prennent le chemin de leurs ainés : revêches, réglo règlements, vous foncent dessus avec leur vélo si vous passez lorsque le petit bonhomme est au rouge, s’arrêtent pour vous faire la morale. Bien sûr le ton monte, alors, si vous avez la fibre castagne, vous pourrez pratiquer chaque jour dans cette ambiancé de m… Ils sont du camp du bien, car la politique des villes a abandonné à ces écolos de pacotille l’application des règlements les plus abscons qu’un cerveau endommagé puisse créer. Ils sont confortés dans leur supériorité morale en roulant sur des pistes cyclables construites à grands frais et excluant presque tout ce qui n’est pas sur deux roues. Ils ne dégagent pas de CO2, mais ce qu'ils nous polluent la vie. En fait, ces bachi-bouzouks ont recréé ce qui se passait 15 ans plus tôt. Vers 2010, être cycliste en centre-ville, c'était jouer avec sa vie. Les véhicules motorisés n’en avaient cure, et les accidents étaient nombreux. Eh bien, aujourd'hui, c’est la revanche des cyclopathes, et nous, pauvres piétons, sommes traités comme eux en ces temps reculés du non « écologisme ». J’habite Grenoble, ville écolo, avec maire du même club, ville hyper sale, dangereuse le soir, et où chaque semaine des piétons sont blessés par ces trottinettes éclectiques fonçant et parfois avec deux passagers dessus sans casques : 2 mecs de 70 kg, roulant à 50 percutant un piéton, à votre avis comment ça se termine ? De plus, ces cyclistes rageux ne respectent ni feux rouges, ni stops, ni priorités, et par contre sont prêts à s’embrouiller, car par malheur vous avez mis les pieds sur leur territoire sacré : LEUR piste cyclaaaaaable !

Ceux qui nous veulent du mal et dirigent ce pays ont encore marqué des points. Dresser chaque citoyen l’un contre l’autre dans les derniers recoins des plus petits domaines possibles de l’ensemble afin que la qualité de vie de tous, ressemble à un enfer… Et ils ont gagné. Les boomers, ces cycloacariâtres vont bien. Ça roule ma poule ?

Georges ZETER/juin 2024

Une vidéo, histoire de se marrer de tous ces non-sens.


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