Les 30 Juin et 7 Juillet, la France peut-elle encore éviter un double piège ?

par Daniel MARTIN
mardi 18 juin 2024

En vue des élections législatives prévues le 30 juin et le 7 juillet, des syndicats, des associations, les partis de gauche et extrême gauche composant le « nouveau front populaire » ont manifesté Samedi dans toute la France pour s’ opposer au RN. Mais vu le risque que présente l’arrivée au gouvernement du RN, ce type de manifestation peut-il être dissuasif et n’y a-t-il pas d’autres risques ?

Est-il possible de refouler la lame de fond électorale qui s’apprête à propulser le RN au pouvoir et les manifestations anti RN ne risquent-elles pas de le renforcer ?

Il y a encore quelques années, peu de personnes n’auraient imaginé que le RN (ex FN) parvienne à un tel niveau de vote exprimé lors d’une élection nationale. Mais ne nous y trompons pas, malgré le masque de la respectabilité républicaine et de la démocratie qu’affiche le visage avenant et rassurant de son président et celui de ses parlementaires, dont leur présidente de groupe à l’assemblée nationale, ce parti est une formation politique d’extrême droite, dont le projet politique se fonde sur le nationalisme et ses effets désastreux, le populisme avec ses risques évidents de racisme, xénophobie et de démagogie, car comment peut-on, par exemple, abroger la réforme chômage quand on ne cesse de dénoncer l’assistanat et les aides sociales faciles ? Mais surtout, par ses accords avec la droite la plus extrême de « Reconquête », il y a un fort risque de remise en cause de certains droits, tel l’IVG ou le mariage pour tous.

Sans nier les problématiques que peut poser l’immigration présente et à venir, qui ne peut être traitées qu’au niveau Européen et avec les pays à population migrante, notamment par rapport à la question démographique éducative et économique selon des critères environnemental, y compris dans les zones de conflit. Et même s’il faut corriger certaines lacunes actuelles afin d’être plus rigoureux dans l’exécution des décisions de justice pour les obligations de quitter le territoire, ce ne sont pas les propositions à la Viktor Orban du RN et ses alliés qui résoudront la situation, elles risquent au contraire de l’aggraver dangereusement. Elles n’empêcheront pas qu’il y ait toujours des volontaires migrants pour aller perdre leur vie en Méditerranée et de nombreux autres réussir en entrer sur le territoire Européen, dont celui de la France.

Concernant la lutte sans merci qui est et à mener contre la délinquance, la violence avec les trafics de drogue qui sévissent dans de nombreux quartier de banlieues devenus de véritables zones de non droit et qu’il faut éradiquer, là encore, ce ne sont pas les mesure proposées par le RN qui suffiront à y mettre un terme. La substitution du droit de sang au droit du sol pour espérer renvoyer tous les délinquants d’origine étrangère ne sera pas aussi facile que peut le prétendre ce parti, car nous dépendons aussi du Droit Européen. Sortir de l’UE prendrait des années, après avoir exigé un référendum et vu la situation internationale c’est un scénario auquel le président du RN ne semble plus souscrire. D’ailleurs il faudrait l’accord du président de la république, ce qu’il n’aurait pas.

Soyons sérieux, ce ne sont pas les manifestations orchestrées par des syndicats, des associations, dont on ne doute pas de la sincérité et du « Nouveau Front Populaire » où Jean-Luc Mélenchon et ses acolytes tirent les ficelles qui peuvent être un obstacle électoral au RN. Le seul obstacle est celui des idées mettant en évidence les contradictions de ce parti entre son dire et son faire, mais aussi l’irrecevabilité de certaines de ses propositions principales.

Requiem pour la NUPES et pour la gauche et l’extrême gauche, création du « Nouveau Front Populaire » avec à sa tête LFI, mais ne masque t-il pas un autre péril ?

La stratégie des populistes islamo-gauchiste de LFI antisémites affichés n’a finalement pas dégoûté à gauche leurs alliés d’hier à la NUPES qu’ils avaient déserté. Désormais, pour sauver leur place à l’assemblée nationale et s’efforcer d’en gagner quelques autres, en toute hâte, NPA de Besancenot, PC de Roussel, Verts de Tondelier, PS de Faure et Glucksmann peu regardants rejoignent LFI de Mélenchon au sein du nébuleux et hétéroclite « Nouveau Front populaire » sur un programme pour le moins Irréaliste.

Ne nous y trompons pas, le « Nouveau Front populaire « , dominé et drivé par LFI sous l’autorité de Jean-luc Mélenchon qui sous le voile tout aussi respectable des valeurs de la gauche, présente les mêmes dangers que le RN. Voire pire, car, outre son projet politique « Euro-sceptique  », l’attitude parfois choquante, scandaleuse et inacceptable de ses député(e)s à l’Assemblé Nationale, cette formation politique n’hésite pas à se teinter publiquement d’un antisémitisme déguisée en antisionistes, tel que ceux qui sévissent sur certains campus.

Par ailleurs, concernant les propositions sociales émises par le « Nouveau Front Populaire », comme d’ailleurs celles du RN, une certitude, sur le plan du modèle économique actuel, elles ne sont vraiment pas réalistes. Non seulement par la spirale inflation - échelle mobile des salaires qui sera générée, avec toujours une longueur d’avance pour l’inflation, ce n’est pas en dispersant des milliards et des milliards d’euros qu’il faudra rembourser dans cette spirale qui n’a d’autre but que consommer toujours plus et n’importe quoi au nom d’une croissance continue soi-disant au service de l’économie que proposent les partis du « Nouveau Front Populaire, de même que le RN, alors que dans un monde aux ressources limitées en pleine explosion démographique, ce n’est pas possible.Certes, vu nos modèle économique fondée sur la croissance exponentielle de toute chose, de la croissance sans croissance est une tragédie sociale, source d’exclusion, de frustrations, d’inégalités et de tensions. Pour cela, il est nécessaire et urgent de sortir de ce modèle, ce qui va prendre un certain temps. Mais encore faudrait-il engager immédiatement une réflexion et des actions urgentes dans ce sens qui relèvent de l’urgente transition écologiste. Ce que les Verts et ses partenaires du « front populaire » ignorent, tout comme leurs adversaires RN.

 Dans le cadre de ce groupement hétéroclite « Front populaire », LFI sous la griffe de son guide spirituel et politique Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs pris l’ascendant sur les autres formations politiques à gauche, ce qui ne devrait être guère encourageant et rassurant pour l’électorat traditionnel de la gauche modérée. D’ailleurs, il faut que les Français aient bien à l’esprit que voter pour l’un ou l’autre des candidat(e)s de ce « front populaire » c’est voter pour Mélenchon Premier Ministre, lequel n’est autre qu’une copie Française de l’autocrate Russe Wladimir Poutine.

Alors que nous avons besoin de toujours plus d’Europe dans un monde « planétisé » où seules les puissances régionales ont les moyens d’agir efficacement, il convient dès lors de choisir des député(e)s qui, tout en préservant notre identités nationale, vont défendre à l’Assemblée Nationale, avec force et pugnacité toujours plus d’Europe pour relever les défis du 21e siècle. Ceux de l’écologie avec ses aspects démographie - espace vital, ses besoins et ses impacts, ainsi que pour prendre toutes les mesures préventives qu’exige l’urgence écologique pour la protection de l’environnement, mais aussi pour le climat, de même que pour agir sur l’économie et imposer la paix par un soutien indéfectible à l’Ukraine, y compris, sous réserve de son utilisation sur des cibles exclusivement militaires et stratégique, par la fourniture de missiles longue porté. Nous avons aussi besoin de toujours plus d’Europe pour appréhender les problématiques de la nouvelle évolution de la révolution numérique que l’on nomme « intelligence artificielle », tant par ses avantages offerts, que ses inconvénients. Mais aussi, vu les temps qui courent nous avons aussi besoin d’une réelle protection par une défense militaire Européenne performante.

Des mesures pour plus d’équité sociale, autres que celles proposées par le RN ou le « nouveau front populaire » peuvent et doivent être prise par le prochain gouvernement, quel qu’il soit

Ne pas s’y méprendre, il faut trouver des outils pour rendre la trajectoire des finances publiques plus crédible pour parvenir à la promesse d'un déficit inférieur à 3% d'ici 2027. mais aussi dans le même temps, des mesures pour plus d’équité sociale peuvent et doivent être prises. A l’instar de plusieurs de nos voisins Européens, il faut commencer par un durcissement graduel de la taxation des supers profits. Avant sa dissolution le gouvernement planchait d’ailleurs sur un durcissement de cette fiscalité pour le budget 2025. Cette taxation s’appuie sur une définition technique des «  bénéfices excédentaires  » de l’OCDE, dont l’étude publiée jeudi 16 mai 2024 fait apparaître que les entreprises ont réalisé environ 2 000 milliards d’euros de superprofits dans le monde en 2022, dont 310 milliards d’euros dans l’UE. Une taxation progressive de ces profits rapporterait 107 milliards d’euros de fonds publics, qui pourraient être investis dans des initiatives écologiques et numériques et contribuer à la lutte contre les inégalités.

Il faut taxer taxer toutes les entreprises qui font des super profits à travers l’inflation et pas seulement les énergéticiens. C’est d’ailleurs ce que le premier ministre Gabriel Attal évoquait. Pourquoi ne pas taxer aussi les bénéfices des banques comme en Italie de Giorgia Meloni. Elle avait effectivement relancé le débat sur la taxation des superprofits en annonçant en Août 2023 un prélèvement sur les bénéfices des banques en Italie. Elle estimait que grâce à la hausse des taux d'intérêt, celles-ci s'enrichissent en effet sur le dos des épargnants. Qu’en pense le président du RN,

Les contributions exceptionnelles imaginées par le gouvernement à l’automne 2022 pour imposer les « superprofits » des énergéticiens, des groupes pétroliers et des raffineurs, ont rapporté beaucoup, beaucoup moins que prévu en 2023. Ainsi, la contribution appliquée aux énergéticiens, nommée « CRIM », n’a rapporté que 600 millions d’euros, contre plus de 12 milliards attendus par Bercy, soit environ vingt fois moins. Et c’est trois fois moins pour la taxe sur les superprofits des groupes pétroliers, environ 69 millions d’euros, contre 200 millions attendus par Bercy –, selon une note de l’Institut des politiques publiques (IPP), publiée jeudi 30 mai 2024.

En France, Ils ne sont pas nombreux. Mais même chez les LR, on trouve quelques sénateurs qui n’écartent pas d’un revers de main l’idée d’une taxe sur les superprofits de toutes les entreprises qui font des super profits à travers l’inflation,  alors que l’Etat recherche plusieurs milliards d’économies.

L’impôt sur la fortune immobilière doit être supprimé et comme le demandaient certain(e)s très riches au forum économique mondial de Davos de 2023, dont plusieurs grosses fortunes Française, il faut créer à leur égard une contribution solidarité richesse (CSR).

Si à priori L’impôt sur la fortune immobilière semble toucher les plus riches, en réalité il peut aussi concerner des personnes plus modestes, dont les biens ont été acquis par héritages successifs ou des agriculteurs à la retraite qui ont conservé les bâtiments, voire des terres de leur exploitation. Ne pas oublier que les revenus éventuels dus à des locations de biens immobiliers font l’objet d’impôts sur le revenu, de même que lors d’une transmission du patrimoine il y a des frais de succession très élevés.

Surtout en période de forte inflation qui pénalise les populations modestes, mais aussi celles qui le sont moins, à l’évidence la suppression de l’impôt sur la fortune ne fut guère apprécié et n’a eu que très peu, voire aucun effet sur la création d’activités. Les chefs d’entreprises expatriés qui ont réinvesti dans le pays par « effet de ruissellement » ne l’on pas fait à cause de la suppression de l’ISF, mais des bénéfices réalisés par retours sur investissements de leurs activités en France. Pour celles et ceux de ces chefs d’entreprises non expatriés qui en ont bénéficié, ils ont généralement préféré les placements en actions, désormais défiscalisés.

L’argument gouvernemental justifiait son opposition à une taxation, ne fut-elle que temporaire, pour les très riches, malgré la demande de certain(e) d’entre eux, car il existe déjà la contribution exceptionnelle sur les hauts revenu qui s'ajoute à l'impôt sur le revenu. Mais, suivant le niveau du pallier à partir duquel cette contribution solidarité richesse (CSR) serait appliquée, ce ne serait pas incompatible avec la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, dont la plupart des contribuables qui y sont assujettis ne seraient pas concernés.

Il ne s’agit pas de rétablir l’ISF dans forme initiale, mais sous certaines conditions, une contribution solidarité richesse (CSR) qui ne concernerait pas forcément les très hauts revenus. Ce n’est pas parce que l’on perçoit un très haut salaire et possède une maison individuelle de plusieurs centaines de milliers d’euros en étant soumis à la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus que l’on fait partie des très très riches, car pour être considéré comme tels, il faudrait disposer de ressources, de biens, en particulier somptuaires et des moyens financiers qui pourraient être égaux ou supérieurs à 7 (sept) millions d’eurosau lieu des 1,3 million d’euros comme c’était le cas pour l’ISF ou celui de l’IFI actuel. Il ne s'agit pas d'exclure également des réductions du montant à payer pour les très grosses sommes. Suivant les barèmes appliquées après négociation on peut estimer que le montant d’une telle contribution richesse en lieu et place de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) en rapporterait le double au budget de l’État.

Pour conclure

Alors que sondeurs et éditorialistes rivalisent de talent pour analyser quotidiennement les nouveaux rapports de forces politiques, en s’intéressant tout particulièrement au « Nouveau Front Populaire » et au RN, lequel son président n’hésite pas à déclarer que cette élection va se jouer entre lui et Mélenchon, ignorant les partis présidentiels et d’autres. Certes si LR est en situation extrêmement difficile, les partis présidentiels existent encore et représentent encore un espoir républicain avec les valeur de liberté démocratie, laïcité et droit de l’homme et du citoyen que l’est en droit d’attendre. Commeils convient de ne pas oublier que malgré tout ce que l’on peut reprocher à Macron et son comportement souvent agaçant, il accepte le dialogue et la concertation. Même s’il reste encore beaucoup à faire, contrairement à François Hollande avec des ministres Verts, c’est quand même lui avec Nicolas Hulot qui ont mis un terme définitif à des projets d’autoroute tel l’A45 Lyon - St. Etienne, ou le projet inutile d’aéroport de Notre Dame des Landes, dont il faut se souvenir des puissantes manifestations contre ces projets.

 


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